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26/01/2007
Il faut dmythifier le Forum de Davos

(MFI) Trois questions Thierry Malleret, ancien directeur et actuel chef du service Risques globaux au World Economic Forum.

MFI : A quoi sert le Forum de Davos ?

Thierry Malleret : Il y a autant de rponses que de participants. Chacun y trouve ce quil veut. Avant tout, le Forum de Davos est une fantastique bote ides. Cest une sorte de carrefour o dcideurs et acteurs de la socit, de tous les horizons gographiques et de tous les secteurs dactivit, viennent changer des ides et couter les analyses dautres intervenants. Nous pensons, au Forum conomique mondial, que linteraction des diffrents participants, dans un cadre moins formel quailleurs, peut faire natre des ides qui, terme, contribueront amliorer ltat de la plante. Les personnes prsentes veulent comprendre la complexit du monde et se confronter dautres ides, dautres faons de penser et denvisager le monde.

MFI : Que rpondez-vous lorsquon accuse le Forum de Davos dtre une instance ultra-librale ?

T. M. : Cette image est en effet associe au WEF, mais elle est fausse. Davos ne se rsume pas Bill Gates ni aux Pdg mdiatiques de quelques multinationales. Sur le millier environ de capitaines dindustries prsents, beaucoup certes professent des ides librales, mais pas tous. Surtout leur ct, on trouve un millier dautres invits issus du monde associatif, politique, religieux, universitaire, artistique qui dfendent les opinions les plus diverses. Peut-on qualifier de chantres de lultra-libralisme des intervenants dont les discours sont toujours trs remarqus comme le chanteur irlandais Bono, le prsident brsilien Lula ou lancien secrtaire gnral des Nations unies Kofi Annan ? De mme, si le Forum ntait quune instance librale, il naurait pas pris linitiative dun dialogue entre le monde musulman et les pays occidentaux ni lanc des programmes de lutte contre la tuberculose. On ne ferait que parler quilibre budgtaire et fin des subventions.
Inviter des leaders religieux ou des responsables dOng ne correspond pas une stratgie pour gommer notre rputation librale ou nous donner un vernis social. Cela correspond notre objectif premier de crer du dbat voire de la polmique pour faire avancer les ides et ainsi peut-tre amliorer le sort de la plante. Les dirigeants dentreprises et les leaders dopinion prsents dont lemploi du temps est extrmement charg ne viennent pas Davos pour couter des gens qui ont les mmes ides queux, mais au contraire pour changer des points de vue diffrents, et souvent novateurs.


MFI : Lintrt du Forum de Davos ne tient-il pas plus aujourdhui ce qui sy passe en coulisse, plutt que dans son programme officiel ?

T. M. : Encore une fois, chacun vient chercher Davos ce quil veut. Ce Forum nest le porte-parole de personne et nous ne contrlons pas les activits des uns et des autres. Certains assistent 40 confrences sur les 300 proposes ; dautres deux seulement et dploient lessentiel de leur nergie en rencontres prives. La certitude est que tout le monde travaille beaucoup. Ds 6 heures du matin et jusqu tard dans la nuit, le rythme est soutenu. Laspect pratique videmment est que 2 000 leaders politiques, conomiques, religieux, habituellement trs difficiles rencontrer, se trouvent au mme moment au mme endroit. Cest une opportunit fantastique. En effet, des contrats se signent dans des salons feutrs ; des rencontres politiques primordiales sont organises discrtement. Mais des initiatives dont on va parler pendant des annes sont aussi annonces en toute transparence la tribune.
Il faut dmythifier Davos. Ce nest pas un temple de lultra-libralisme ni une socit occulte avec un agenda secret pour conqurir le monde et le livrer aux seuls capitaines dindustries. Ce nest quun lieu dchange entre acteurs dinfluence pour rflchir aux grandes volutions de notre plante.


Propos recueillis par Jean Piel

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