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09/03/2007 | |||
Focus sur la Mauritanie | |||
(MFI) Llection prsidentielle qui a lieu ce dimanche 11 mars 2007 en Mauritanie est la dernire tape du calendrier de transition propos par la junte arrive au pouvoir en aot 2005. Un coup dEtat qui a mis fin deux dcennies de pouvoir du prsident Maaouya Ould Taya. Une priode marque par la trs grave crise avec le Sngal, la fin des annes 1980, et un processus de dmocratisation trs contrl, sous un rgime volontiers communautariste, qui a d faire face la pousse de lislamisme. | |||
Pays de transition entre Maghreb et Afrique noire, la population constituant une mosaque fragile cimente par lislam, la Mauritanie se prsente comme un vaste ensemble dsertique dun million de km2, bord louest par locan Atlantique, au nord par le Sahara occidental et lAlgrie, au sud-est par le Mali et au sud-ouest par le Sngal. Avec trois millions dhabitants (2,8 hab./km), sa population crot au rythme de 3 % par an et se concentre aux deux tiers Nouakchott, la capitale, ainsi quau sud et dans les oasis. Elle se rpartit entre Maures, Arabo-berbres, Harratines anciens esclaves noirs arabiss et Ngro-africains (Peuls, Toucouleurs, Wolofs ou Soninks). Colonie franaise en 1920 Au XI sicle, lempire du Ghana stend du delta du Sngal la boucle du Niger et de lAdrar au Bambouk. Il inclut Aoudaghost et Oualata, centres caravaniers des Berbres Sanhadja qui prosprent depuis le III sicle avec le commerce transsaharien. Convertis lIslam, ceux-ci appuient la progression almoravide pour faire tomber lempire. La pntration des Arabes Hassan, du XIII au XVI sicles, aboutit la formation dmirats. Le comptoir de Saint-Louis, cr par les Franais en 1659, dtourne le commerce transsaharien et celui de la gomme arabique et Faidherbe impose la souverainet franaise en 1858, depuis Saint-Louis. En 1904, Xavier Coppolani est tu alors quil essaie dinstaller un protectorat. Rattache lAfrique occidentale franaise (AOF), la Mauritanie devient colonie franaise en 1920. Nouakchott est cre peu avant lindpendance, proclame le 28 novembre 1960. Le prsident Moktar Ould Daddah lance une politique darabisation qui pousse en 1966 lves, tudiants et fonctionnaires noirs slever devant ce quils considrent comme une politique discriminatoire. Le Maroc, qui a des prtentions sur le sol mauritanien, ne reconnat le nouvel Etat quen 1970, et trois ans aprs la Mauritanie intgre la Ligue arabe. Elle sort de la zone franc et nationalise la socit franaise qui exploite le minerai de fer Zouerate. Quand lEspagne quitte le Sahara espagnol en 1976, Maroc et Mauritanie le revendiquent. La rsistance autonomiste mene par le Front Polisario fragilise le rgime mauritanien, qui ne peut contrler les actions de la rbellion et se voit soumis aux pressions du Maroc. Le 10 juillet 1978, aprs dix-huit ans de rgime civil, larme chasse le pre de la Nation. En 1979, la Mauritanie renonce officiellement au Sahara occidental. Le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya renverse, le 12 dcembre 1984, son prdcesseur Mohamed Khouna Ould Haidallah et instaure un rgime fort. Il doit cependant faire face aux violents conflits raciaux qui, aprs une longue priode de tensions, clatent en 1989 la faveur du conflit avec le Sngal : suscit par un incident entre agriculteurs et leveurs dans la rgion du fleuve Sngal, il dgnre avec les reprsailles exerces dans les villes du Sngal contre la communaut maure, trs prsente dans le petit commerce. La Mauritanie rplique par des exactions de grande ampleur contre la communaut ngro-africaine. La guerre Sngal-Mauritanie se greffe sur un vieux diffrend frontalier et surtout traduit les convoitises autour de la mise en valeur de la rgion frontalire du fleuve, qui a bnfici, aprs les scheresses des annes 1970, de vastes amnagements hydro-agricoles (construction de grands barrages). Des dizaines de milliers de Ngro-africains sont spolis de leur nationalit et de leurs biens. Lopposition a longtemps oscill entre boycott et participation aux lections Emporte dans le mouvement gnral de revendication pour le multipartisme, la Mauritanie libralise partir de 1991 sa vie politique, mais contient par une politique de rpression mesure lopposition naissante, qui oscille entre boycott et participation aux lections. Ould Taya, lu en 1992, est rlu en 1997 et 2003. Aux prises avec de nombreuses luttes dinfluences entre groupes baathistes et nassriens , le pays se range aux cts de lIrak pendant la guerre du Golfe, ce qui accentue son isolement international aprs la crise avec le Sngal. Il sefforce ensuite de renouer avec le camp occidental et rompt en 1999 avec lidologie baathiste avant de reconnatre Isral, et se retrouve dans le camp du soutien aux Etats-Unis lors de la guerre dIrak. Ce positionnement est la source de nouvelles tensions, en particulier avec les mouvements islamistes, viss par des vagues darrestations. En juin 2005, un incident meurtrier la frontire avec le Mali oppose larme mauritanienne la gurilla algrienne du Groupe salafiste pour la prdication et le combat (GSPC). Le 3 aot 2005, le prsident Ould Taya est renvers sans effusion de sang. Le coup dEtat, condamn par la communaut internationale, a le soutien de la classe politique. Un Comit militaire, prsid par lancien chef de la scurit, le colonel Ely Ould Mohammed Vall, annonce aprs la dissolution du Parlement sa volont de favoriser le retour un rgime civil et met en place un gouvernement de transition. On constate un apaisement : plusieurs dizaines de prisonniers, dont lancien prsident Ould Haidallah, sont librs et des opposants au rgime dchu rentrent dexil. Un rfrendum sur la Constitution, le 25 juin 2006, a t suivi des lections municipales et lgislatives, les 19 novembre et 3 dcembre. Ce processus de transition dmocratique , soutenu par la France et lUnion europenne, doit se conclure avec la prsidentielle du 11 mars 2007 - et du 25 mars si deuxime tour il y a. Des invasions acridiennes rcurrentes Pays pauvre, dont la population vit avec un PIB annuel denviron 600 dollars par habitant, confront lalas climatique (scheresses) et des invasions acridiennes rcurrentes, la Mauritanie a fait face depuis 2003 un tassement de la croissance, d aux mauvaises performances dans les principaux secteurs pche, agriculture, levage et mines , qui sest conjugu avec une forte inflation (16 % en 2004) en raison de la hausse des prix du ptrole et des produits alimentaires. Le pays, qui a obtenu dassez bons rsultats dans lapplication de ses plans dajustement structurels, mise toutefois sur lexploitation, partir de la fin 2005, de ses ressources ptrolires. | |||
Antoinette Delafin | |||
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