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09/03/2007
Questions internationales (2)
Les Etats-Unis vont-ils attaquer lIran ?


(MFI) Prsence de porte-avions amricains dans le Golfe persique, infiltration de commandos en Iran, arrestation de centaines dIraniens venus soutenir la gurilla en Irak La rumeur dune intervention amricaine contre lIran ne cesse denfler. Le Pentagone aurait mme dfini une stratgie prcise. Une telle attaque davance condamne par les allis de Washington pourrait mettre feu tout le Moyen-Orient.

LOnu pourrait renforcer ses sanctions conomiques contre Thran dans les prochaines semaines. A moins que la Russie qui participe la construction de la centrale nuclaire de Bouchehr ou la Chine qui a besoin des rserves nergtiques de lIran ne sy opposent. Ces tractations incessantes lOnu et les doutes quant lefficacit de sanctions conomiques lassent visiblement les Etats-Unis. La premire puissance mondiale ne veut pas voir la bombe atomique aux mains de lIran qui disposerait alors dun terrible pouvoir de nuisance dans la rgion. Washington craint aussi un effet dominos : en dcembre dernier, les pays membres du Conseil de coopration du Golfe (Arabie saoudite, Kowet, Qatar, Emirats arabes unis, Bahren, Oman) ont annonc quils envisageaient un programme nuclaire commun. La Jordanie et lEgypte avaient fait des dclarations similaires quelques mois avant.

Pouvoir attaquer lIran en vingt-quatre heures

Cest pourquoi des rumeurs persistantes font tat de prparatifs militaires des Etats-Unis contre lIran. Deux porte-avions de lUS Navy, le Dwight-Einsenhower et le John-Stennis, croisent dans le Golfe persique. On sait que des commandos des forces spciales oprent en Iran pour des missions de renseignement. De mme, 500 Iraniens ont t faits prisonniers par les troupes amricaines en Irak, parmi lesquels surtout des combattants, mais aussi des diplomates et des membres des forces spciales iraniennes venus encadrer la milice chiite de Moqtada al-Sadr. Objectif de Washington : signaler Thran quelle nacceptera aucune dstabilisation de la rgion. Souvent bien inform, le journaliste Seymour Hersh vient de rvler dans lhebdomadaire New Yorker quune quipe du Pentagone tudiait des plans dattaques contre lIran pouvant tre excuts sur ordre du prsident dans les vingt-quatre heures . Spcialiste des questions nuclaires la Fondation pour la recherche stratgique, Bruno Tertrais relativise la menace : Que le Pentagone prvoit des plans daction est normal ; cest le mtier des militaires. Cest le contraire qui serait inquitant. Les Etats-Unis sont encore dans la logique de moyens de pression. Les sanctions onusiennes nont pas prouv leur inefficacit. Je nimagine pas doffensives amricaines avant au moins 2008. Au demeurant, la secrtaire dEtat, Condoleeza Rice, et le secrtaire la Dfense, Robert Gates, ont dclar plusieurs reprises quaucune opration militaire contre lIran ntait en prparation. Mais le trs conservateur vice-prsident, Dick Cheney, a, de son ct, affirm que toutes les options taient ouvertes contre lIran .

Des frappes ariennes massives

Dans lhypothse dune opration militaire, quelle pourrait tre la stratgie amricaine ? Dabord sassurer la matrise du ciel en dtruisant laviation iranienne et en bombardant ses dfenses antiariennes. Puis anantir les sites nuclaires par des bombardements intensifs et lutilisation de missiles anti-bunkers de nouvelle gnration. Lopration nest pas impossible quand on sait que 120 bombardiers sont capables datteindre 5000 cibles en une seule mission. Certains experts amricains recommandent den profiter pour frapper les principales installations militaires voire les centres du pouvoir afin dbranler le rgime des mollahs. Mais dautres spcialistes des questions militaires restent dubitatifs. Le programme nuclaire iranien est dispers sur une centaine de sites, la plupart enterrs dans des galeries btonnes des dizaines de mtres de profondeur. Dautres sont situs en pleine ville, avec la population comme bouclier humain. Des attaques ariennes, mme cibles et rptes, ne dtruiraient probablement pas le potentiel atomique iranien, mme si elles lendommageraient srieusement , estime ainsi une tude du Center for Strategic and International Studies, Washington. Pour ce think-tank amricain : Evidemment les Etats-Unis gagneraient une guerre contre lIran. Mais cela serait difficile et exigerait des milliers de frappes ariennes pendant des mois. Les Iraniens sont beaucoup plus solidaires de leur gouvernement que ne ltaient les Irakiens. Toute offensive terrestre des soldats amricains est dailleurs exclue car beaucoup trop dangereuse. La rsistance serait terrible .

Un risque dembrasement rgional

Mme si bombardiers et missiles de croisire amricains peuvent srieusement roder lappareil militaire iranien, il est illusoire dimaginer celui-ci intgralement dtruit. Les reprsailles risquent donc dtre meurtrires contre les allis des Etats-Unis dans la rgion, Isral et monarchies du Golfe en tte. Le risque dattentats terroristes aux Etats-Unis saggraverait considrablement. Enfin, les autorits iraniennes disposent de relais au Proche-Orient, non seulement dans la rbellion irakienne mais aussi au Liban avec le Hezbollah et en Palestine avec le Hamas. Tous pourraient dclencher de nouvelles vagues de violences. Le risque est donc celui dun embrasement de tout le Moyen-Orient. Cest ce qui laisse penser aux dirigeants iraniens que Washington ne se lancera pas dans une telle aventure. Les Etats-Unis nont pas les moyens politiques, financiers, humains, de dclencher un nouveau conflit dans la rgion , dclarait rcemment le ministre des Affaires trangres, Manoucher Mottaki. Mais en croire lenvoy spcial du Monde en Iran : Latmosphre est tendue Thran. Les habitants redoutent une offensive amricaine, au point de scruter le ciel avec inquitude ds quun avion survole la capitale basse altitude .
Certains spcialistes de gostratgie redoutent que, malgr le fiasco irakien, George Bush qui na plus aucune pression lectorale et aimerait finir son mandat sur la mise au pas de lIran se lance dans une nouvelle guerre. Face sa dtermination mater les Etats-voyous , les appels la raison de Nancy Pelosi la nouvelle prsidente dmocrate de la Chambre des Reprsentants ne semblent pas peser lourd.

Jean Piel

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