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23/03/2007
Mauritanie/Prsidentielle 2007 (1)
Deux candidats pour un fauteuil


(MFI) Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah sont au coude coude pour le second tour de llection prsidentielle, le 25 mars prochain. Ds le soir du 11 mars 2007, dintenses tractations ont commenc pour donner une majorit au 6 prsident de la Mauritanie. Pas de drapage en vue : le colonel Ely Ould Mohamed Val a promis de jouer le jeu mme au cas o son poulain serait battu dans les urnes.

Qui sera lheureux lu le 25 mars ? Sidi Mohammed Ould Cheikh Abdallahi, sous la couleur des indpendants , ou Ahmed Ould Daddah, du Rassemblement des forces dmocratiques (RFD) ? Le face--face oppose deux Maures dont les tribus sont galement maraboutiques. Arithmtiquement, les deux taient presque galit au soir du premier tour. Le candidat Sidi a obtenu 24,79 % des suffrages au premier tour, et son concurrent Ahmed Ould Daddah 20,68 %. Mais alliances politiques et jeux familiaux ou religieux brouillent souvent la carte lectorale en Mauritanie. Et un seul des deux candidats succdera au colonel Ely Ould Mohamed Vall, le chef de la junte militaire qui ne sest pas prsent pour garantir la neutralit du processus de transition dmocratique en cours. Sitt les rsultats provisoires connus, le soir du 11 mars, les domiciles des faiseurs de rois ont t pris dassaut. Le scrutin est serr. Il ne faut ngliger aucune voix.
La participation au premier tour a atteint plus de 70 % des quelque 1,1 million dlecteurs qui ont accompli leur devoir citoyen. Les taux taient de 40 % dans le Brakna (centre-sud), rgion natale de Cheikh Abdallahi, le candidat de lancienne majorit prsidentielle, plusieurs fois ministre sous Taya puis tomb en disgrce en 1987 o il a pass six mois aux arrts. Ces pourcentages taient de 65 % dans la rgion du Trarza (sud-ouest), fief lectoral dAhmed Ould Daddah, 64 ans, vtran de lopposition, et demi-frre du premier prsident de la Mauritanie indpendante, Mokhtar Ould Daddah. Deux fois rival malheureux dOuld Taya lors de scrutins (1992, 2003) dont il a contest la rgularit, il a pass quatre ans en rsidence surveille.

Les faiseurs de rois courtiss

Les deux candidats lancent des appels au rassemblement en vue du second tour. Ils appellent au soutien leur candidature. En premire position, Sidi, dont on dit quil serait le poulain des militaires sortants. Il a obtenu le soutien de cinq autres candidats dits indpendants* (au total 3,12 % des suffrages exprims). Puis le ralliement, huit jours de lchance, de Zein Ould Zeidane, benjamin du scrutin (41 ans), ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, arriv en 3 position (15,27 %). Ce qui porte son lectorat potentiel 43,18 %. Son rival, Ahmed Daddah, sest assur lappui des islamistes qui ont vot au 1er tour pour lex-putschiste Saleh Ould Hanenna et son Parti Hatem (7,65 %). Cette alliance place le candidat Daddah 28,33 %. A ce stade, le suspens est son comble. Quelles positions vont adopter les autres poids lourds de la comptition ? Thoriquement, Ahmed doit bnficier des reports de voix des partis membres de la Coalition des forces du changement dmocratique (CFCD, opposition lex-prsident Taya), quun accord engage soutenir celui qui au second tour affronte un candidat non membre.
Mais Ahmed Daddah en est pour ses frais. A la surprise gnrale, son complice de toujours dans lopposition, cet homme de fer avec qui il entretient des relations parfois orageuses, opte pour lautre camp. Messaoud Ould Boulkheir (Alliance populaire progressiste, APP, 9,80 %), seul candidat issu de la communaut haratine (esclaves affranchis), dcide cinq jours du scrutin de donner ses voix au candidat Sidi, et change ainsi dfinitivement la donne. Mme si Mohamed Ould Mouloud (UFP, 4,08 %), un autre membre du CFCD, appelle voter Ahmed, la balance penche cette fois du ct de lex-majorit prsidentielle, au moment mme o un dbat doit opposer pour la premire fois les deux candidats la tlvision mauritanienne le mardi 20 mars au soir.
Du coup, lalliance trs recherche jusquici avec le Ngro-Mauritanien Ibrahima Moctar Sarr parat moins cruciale que la veille. Le porte drapeau des Ngro-Africains nappartient pas la CFCD et se targue davoir ralis un meilleur score que lancien prsident Mohamed Khouna Ould Hadalla (1,73 %). Avec 7,94 %, il se pensait incontournable. Sa consigne, disait-il, ira celui qui sengagera appliquer son programme de rsorption du passif humanitaire allusion aux tragiques vnements de 1989**. En vue dune rconciliation nationale, lEtat doit demander publiquement pardon et les victimes pardonner conformment lIslam Cette proccupation est-elle encore porte par Ahmed Daddah, qui certains Ngro-Africains reprochent toujours davoir particip une politique darabisation visant exclure les Noirs sous lgide du pre de la Nation, Mokhtar Ould Daddah ? Messaoud Ould Boulkheir, lui, dfendra-t-il demain ces exigences au sein du prochain gouvernement, sil en fait partie ?

Lopportunisme pse sur les intentions de vote

Cheikh Abdallahi, dont le slogan de campagne est rassurer , se dit lincarnation dune Mauritanie plurielle et unie, ouverte au changement. Sa coalition, un groupe de 18 partis, est forme de cadres dus du rgime Taya. Certains laffirment plus laise que son rival dans ses relations avec la communaut africaine. Surtout Bogh, dans le sud du pays, o les lecteurs ont massivement vot pour le candidat noir et qui pourraient voter Abdallahi, membre de la confrrie niassne dont le foyer se trouve dans cette cit. Toutefois, rien nest moins certain que le report des voix dans un pays o lopportunisme pse sur les intentions de vote. Sans oublier le poids de lautorit, vite accuse de partialit.

Antoinette Delafin


* Mohamedou Ould Ghoulam Ould Sidaty, Isselmou Ould Mustapha, Mohamed Ahmed Ould Babahmed Ould Salihi, Moulaye El Hacen Ould Jiyed et Dahane Ould Ahmed Mahmoud.
** Dossier des dports, indemnisations et rparations question des terres, de leau , et surtout cohabitation.



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