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23/03/2007
Mauritanie/Prsidentielle 2007 (2)
Fin de partie pour les militaires


(MFI) Lorganisation dun deuxime tour constitue une premire dans cette ex-colonie franaise de 3,1 millions dhabitants o lalternance politique sest toujours faite par la violence. Depuis lindpendance en 1960, les prsidents sont arrivs au pouvoir par des coups dEtat et se sont fait rlire ds le premier tour lors de scrutins entachs de fraudes. Prsent comme le plus libre de lhistoire du pays, le scrutin de mars 2007 clt le processus de remise du pouvoir aux civils aprs un coup dEtat militaire en 2005.

La tenue dun deuxime tour est une premire dans lhistoire de la Mauritanie. Il sagit aussi de la dernire tape dun processus de restitution du pouvoir aux civils aprs le putsch militaire daot 2005 qui avait renvers le rgime essouffl du prsident Maaouiya Ould SidAhmed Taya, qui rgnait en matre depuis le 12 dcembre 1984, aprs avoir renvers le prsident Ould Hadalla. Maaouiya avait dvelopp, en plus de vingt ans la tte de lEtat, une thorie chre tous les dictateurs : La dmocratie petits pas .

Le couronnement dun processus politique

Nous avons rempli notre engagement et maintenant il est temps de partir , dclarait le 11 mars 2007 le colonel Ely Ould Mohamed Vall. A la tte du Conseil militaire pour la Justice et la Dmocratie, il sest empar du pouvoir en 2005m sans effusion de sang, et assure aujourdhui que les forces armes respecteront le nouveau prsident civil. Cest le couronnement du processus politique , note Vall dans une interview lagence Reuters. Lofficier g dune cinquantaine dannes affirme avoir rempli sa promesse de rendre le pouvoir aux civils, 19 mois aprs avoir mis fin au rgime autoritaire de limpopulaire prsident Taya. Il relve quaux termes de la Constitution, amende par rfrendum en juin dernier, le chef de lEtat est le commandant en chef des forces armes.
Les partenaires financiers de lancienne colonie franaise, qui a rcemment accd au statut de producteur de ptrole et sest allie aux Etats-Unis dans la lutte antiterroriste au Sahara, suivent avec attention le processus de normalisation en cours. Une responsable amricaine charge des Affaires africaines, Linda Thomas-Greenfield, a estim le scrutin crdible, libre et transparent . Le vote sest globalement droul sans incident hormis la mort dun agent de scurit Kaedi, ville du sud proche du fleuve Sngal. Des inconnus ont ouvert le feu sur un centre de dpouillement, et un vhicule de lUnion europenne a t endommag.
Ds le premier tour, tous les candidats se sont engags conforter lunit nationale dans un pays o la coexistence entre llite maure et la population noire suscite souvent des tensions, voire des violences meurtrires, comme lors de vnements de 1989. Un descendant desclave, Messaoud Ould Boulkheir, est au nombre de ces prtendants la prsidence qui ont promis en outre de dbarrasser le pays des vestiges encore vivaces de lasservissement des Noirs, lgalement aboli en 1981. Le prsident sortant ny voit pas de menace pour lunit nationale. Le problme du pays, dit-il, cest la gestion et la stabilisation politique. Il explique que son gouvernement a instaur des mcanismes, notamment un fonds dpargne des revenus ptroliers, pour faire en sorte que ces revenus, exploits depuis lan dernier, soient utiliss de manire sage et transparente. Toutefois, de nombreux lecteurs ont dit souhaiter que le nouveau prsident, dont le mandat sera de cinq ans, assure une meilleure rpartition des richesses naturelles et mette fin aux ingalits raciales.

Une plainte suit son cours en Belgique

Le bilan des vnements de 1989 reste encore faire. Massacres et excutions de civils et de militaires morts sans savoir pourquoi. Au camp dInal, rappellent des protagonistes, parmi tous les militaires incarcrs, cartels, pendus, enterrs vivants, aucun ntait Arabe ou Berbre . Avec le soutien de lAvom, des rfugis mauritaniens ont port plainte en Belgique contre lancien prsident Taya et contre celui qui fut son directeur de la Sret nationale pendant ces priodes tragiques, le prsident sortant, Ely Ould Mohamed Vall. Ce dernier pourrait bnficier de la clmence des juges. Il a su se racheter aux yeux de lopinion en menant le processus de restitution du pouvoir aux civils selon le calendrier fix par la communaut internationale. Dautres complices de ce drame huis clos courent encore, comme Ely Ould Abdallahi, alias Gabriel Cimper, responsable prsum des dportations dans la valle et jusqu Kiffa, sa ville natale, et surtout de la grande rafle des bergers peuls du Guidimakha en 1990. Dans la valle du fleuve Sngal, les jeunes, plus agressifs , ne tolrent plus et lexpriment par les mots, notamment les paroles des rappeurs la poursuite de la domination dune communaut sur une autre.

Antoinette Delafin

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