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09/05/2007
Vers leuropanisation de lappui au maintien de la paix en Afrique

(MFI) LUnion europenne, en concertation avec lUnion africaine, a dcid dharmoniser ses appuis au maintien de la paix en Afrique, en intgrant les diffrents dispositifs de ses membres y compris celui de la France, Recamp (Renforcement des capacits africaines pour le maintien de la paix). Pierre-Andr Wiltzer, ambassadeur charg pour la France de la scurit et la prvention des conflits, explique lesprit et la lettre de cette "europanisation". Ancien ministre dlgu la Coopration et la Francophonie, il a t rcemment nomm prsident de lAgence franaise de dveloppement (AFD).

MFI : Pourquoi avoir dcid cette "europanisation"?

Pierre-Andr Wiltzer : Nous constatons un tournant dans lapproche des questions de scurit en Afrique. Il y a la conviction que non seulement la stabilit et la scurit en Afrique sont des lments indispensables au dveloppement, mais que la dimension des questions dpasse les capacits dun seul contributeur et mme de contributeurs qui travaillent chacun de son ct. Cela impose une action collective des pays dvelopps aux cts de lAfrique. Il ne sagit pas, dans lesprit des dirigeants franais actuels, de rduire limplication de la France en Afrique. Mais il sagit den changer profondment les modalits, de travailler de manire collective afin de renforcer des moyens qui restent trop faibles Tout cela en accord avec les Africains qui lont demand lUE.
Recamp va donc devenir un instrument de lUnion europenne qui a prpar un plan europen de renforcement des capacits du maintien de la paix et de la prvention des crises. Il y aura un comit de pilotage qui va associer lUnion europenne, lUnion africaine et dautres pays impliqus, car il faut mutualiser les efforts et les articuler avec les besoins exprims par nos partenaires africains.

MFI : Quels sont les partenaires extrieurs lUnion europenne?

P.-A. W. : Trois pays sont plus impliqus que dautres : le Canada qui travaille dj avec Recamp et qui a particip notamment au financement de lcole militaire de Bamako , les Etats-Unis et le Japon. Les Amricains ont leurs priorits, qui sont la lutte contre le terrorisme et la formation cible de cadres africains, dans des pays choisis et non pas sur un plan global continental. Le Japon, qui a t longtemps rticent simpliquer dans ce domaine en Afrique, a tout fait admis lide que tout ce qui peut faciliter la stabilit et la scurit mrite dtre soutenu sans pour autant envisager lenvoi de troupes. Les Chinois, pour leur part, nont pas voulu soccuper officiellement de questions de scurit.

MFI : Quels seront les modes de financement du dispositif europen?

P.-A. W. : Il y a tout dabord la facilit de paix, finance par la Commission au dveloppement sur les fonds du FED, lorigine une enveloppe de 300 millions deuros, qui a reu des rallonges puisque, titre dexemple, lappui europen la force africaine au Darfour cote 250 millions par an. Mais laccident survenu la constitution europenne (rejete par la France et les Pays-Bas) empche tout budget autonome allou lEtat-major europen. Tant quon naura pas surmont ce blocage, il faudra bricoler et dpendre du FED.

MFI : Quels sont les pays o lappui europen est ncessaire?

P.-A. W. : Il y a dabord le Darfour dans louest du Soudan, o les Nations unies sont paralyses assez largement par les Chinois avec le soutien discret des Russes, et o les troupes africaines nont pas de mandat assez fort et ne disposent pas des moyens ncessaires.
En Somalie, pour laquelle beaucoup pensent que la solution passe par des dmarches politiques et diplomatiques, les Europens ne peuvent agir pour le moment que dans le domaine humanitaire, en appui aux ONG qui travaillent sur place.
Concernant la Cte dIvoire, il ny aura pas de retrait brutal des forces de lOnuci ni de la force franaise Licorne, mais une dcroissance si tout va bien, au fur et mesure que les diffrentes phases de laccord politique seront appliques. Licorne compte quelque 3 200 hommes en plus des forces franaises pr-positionnes en Afrique : 1 100 Dakar, 2 300 Djibouti, 900 Libreville au Gabon et 1 200 1 300 hommes dans le cadre du dispositif Epervier au Tchad, avec lequel nexiste toutefois pas daccord de dfense en tant que tel. Sans compter les forces prsentes La Runion et les bateaux de la flotte de locan Indien. La prsence des forces franaises en Afrique a t ajuste trois rgions africaines Afrique de lOuest, de lEst et australe pour pouvoir venir en aide aux brigades que compte mettre en place lUnion africaine.

MFI : Quelles sont selon vous les principales difficults venir ?

P.-A. W. : Il faut amliorer laide pour une meilleure gestion des sorties de crise. Les dispositifs actuels ne sont pas efficaces. Il faudrait une meilleure coordination des bailleurs de fonds bilatraux mais aussi des institutions financires comme la Banque mondiale et le FMI ainsi que des organisations de lOnu, un instrument de pilotage et peut-tre mme lenvoi dexperts pour viter le gaspillage ou les retards comme en Rpublique dmocratique du Congo (RDC), o des lignes de crdits pour le dsarmement nont pas t utilises ou ont tard ltre.

Propos recueillis par Marie Joannidis

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