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15/05/2007 | |||
Corne de lAfrique/Somalie Une solution politique est-elle possible ? | |||
(MFI) La communaut internationale a multipli depuis deux mois les tentatives diplomatiques pour mettre fin aux violences qui ensanglantent depuis plus de seize ans la Somalie, plaie ouverte dune Corne de lAfrique toujours fragilise par les conflits dclars ou latents, sans pour autant dbloquer les moyens ncessaires lenvoi dune vritable force de maintien de la paix capable de restaurer la paix et un vritable Etat. | |||
Ctait la premire visite dun haut reprsentant des Nations unies dans le pays depuis le dbut des annes quatre-vingt-dix : John Holmes, secrtaire gnral adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours durgence de lOnu, sest rendu la mi-mai 2007 Mogadiscio pour valuer la situation humanitaire et engager les parties respecter le droit international humanitaire. Cest aux autorits que revient la responsabilit de protger les civils, et tout au moins de ne pas faire obstruction , a dclar John Holmes, qui a soulign que linscurit et les entraves lassistance humanitaire avaient priv les populations des secours ncessaires. Signe du climat dinscurit ambiant, il a d courter son sjour en Somalie : une bombe a explos quelques minutes aprs son arrive dans la capitale et deux autres un peu plus tard, toutes sur son itinraire, alors que le personnel de la mission de lUnion africaine en Somalie a dsamorc un quatrime engin explosif sur le trac quil empruntait. Le reprsentant spcial du secrtaire gnral de lOnu pour la Somalie, Franois Lonseny Fall, de passage lui aussi dans la capitale du pays, a affirm que les institutions en place doivent nouer des relations bien relles avec toutes les parties somaliennes afin de parvenir une rconciliation nationale authentique. Il a notamment eu des contacts avec les dirigeants modrs de lex-Union des tribunaux islamiques, les encourageant renoncer la violence, se conformer aux dispositions de la Charte fdrale de transition et viser sans conditions pralables la rconciliation avec le gouvernement fdral de transition. Seize ans de conflit en dpit de 14 initiatives de paix et 2 interventions internationales Conquise lanne dernire par les Tribunaux islamiques, Mogadiscio a t reprise en janvier 2007 par une alliance conclue entre les forces thiopiennes soutenues par les Etats-Unis et le gouvernement fdral de transition, install Baidoa depuis 2004, dans lespoir de stabiliser un pays en guerre civile depuis 1991. La Somalie souffre des affrontements entre clans et chefs de guerre, souvent attiss par le puissant voisin thiopien, qui estime avoir un droit de regard sur toute la rgion et surtout sur son rival historique somalien , et par lErythre qui joue les mouches du coche dans le cadre de sa querelle frontalire avec Addis-Abeba. Dj pomme de discorde entre Amricains et Sovitiques au moment de la guerre froide, la Corne de lAfrique constitue aujourdhui, de par sa situation stratgique lentre de la Mer rouge et de locan Indien et proximit des pays ptroliers du Golfe, un enjeu important dans la guerre mene par Washington contre le terrorisme international depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les Amricains ont ainsi tabli dans la Corne de lAfrique et certains pays dAfrique de lEst un dispositif de lutte anti-terroriste, avec des forces stationnes Djibouti (o se trouve galement la plus importante base militaire franaise en Afrique) et lEthiopie pour pilier important. Ils nont pas hsit soutenir les chefs de guerre somaliens qui ont fini par perdre la partie, face aux Tribunaux islamiques qui avaient ramen un certain calme dans la capitale et les rgions o ils taient implants. La situation de guerre civile, sans gouvernement central, perdure depuis prs de seize ans en dpit de lorganisation de 14 initiatives de paix distinctes et de lchec de deux interventions internationales, au dbut des annes quatre-vingt-dix, qui staient soldes par le retrait des Amricains traumatiss par la mort de 18 de leurs soldats. Alpha O. Konar : Seuls les Somaliens peuvent sauver les Somaliens Dans son dernier rapport sur la Somalie, le secrtaire gnral de lOnu Ban Ki-moon a estim que la recherche dune solution militaire aux problmes de scurit serait vraisemblablement contre-productive et susciterait des rancurs long terme parmi certains clans et communauts, compromettant les perspectives de rconciliation . Pour sa part, le Conseil de scurit de lOnu a voqu la possibilit de prendre des mesures lencontre de ceux qui empchent ou bloquent un processus politique pacifique, menacent les institutions fdrales de transition en usant de la force ou travaillent remettre en cause la stabilit en Somalie ou dans la rgion . Il a autoris lUnion africaine (UA) tablir une mission en Somalie (Amisom) destine assurer la libert de mouvement, les dplacements et la protection des participants au Congrs de rconciliation nationale prvu dans le pays. Une force de quelque 1 500 soldats ougandais est ainsi actuellement dploye aux points stratgiques de Mogadiscio dans le cadre de la force de paix de lUnion africaine qui doit au total compter 8 000 hommes. Le prsident de la Commission de lUnion africaine, Alpha Oumar Konar, a estim que le retrait lheure actuelle des troupes thiopienne de Somalie conduirait une catastrophe , alors que les soldats de la force de paix africaine ne sont pas encore compltement dploys. Si lEthiopie se retire aujourdhui de Somalie, cest la catastrophe, a-t-il dit dans un entretien lAFP Addis Abeba, sige de lUA. Mais en mme temps, si lEthiopie reste, avec la tentation de renforcer sa prsence, cela peut bloquer la voie toute tentative de dialogue politique. Si les Ougandais restent seuls, la tentation sera grande pour lEthiopie de rester. Cest pour cette raison que nous ne cessons de lancer un appel aux Etats africains et aux partenaires, de nous aider dployer dautres troupes , a-t-il dit, affirmant que seuls les Somaliens peuvent sauver les Somaliens. Dj sollicits par le Darfour dans louest du Soudan, voisin de la Corne, o ils narrivent toujours pas mettre le paquet face aux rticences de la Chine et de la Russie, les membres occidentaux du Conseil de scurit ne paraissent pas prts sengager fond dans le bourbier somalien. Malgr certaines rticences concernant lintervention militaire muscle de lEthiopie en Somalie et le soutien de Washington la manire forte, les Europens ont gard un profil bas, parlant de diplomatie et de soutien humanitaire aux ONG qui peuvent encore travailler sur le terrain mais dont les activits, comme dailleurs celles des journalistes, sont sur le terrain de plus en plus difficiles et risques. | |||
Marie Joannidis | |||
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