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24/07/2007
Onu : des casques bleus nouveau sur la sellette

(MFI) Principaux garants du maintien de la paix travers le monde, notamment en Afrique, les casques bleus de lOnu sont nouveau au centre dun scandale concernant des abus sexuels, cette fois-ci en Cte dIvoire. Aprs diffrentes affaires, en particulier en Rpublique dmocratique du Congo en 2004-2005, les Nations unies ont fini par aborder publiquement ces problmes et adopt une politique de "tolrance zro", insistant sur la ncessit de travailler avec les pays contributeurs de troupes pour garantir que le personnel aux couleurs de lOnu rponde aux plus hautes normes de conduite et de responsabilit .

Une enqute interne de lOpration des Nations unies en Cte dIvoire (Onuci) a t lance, fin juillet 2007, aprs de graves allgations dexploitation sexuelle grande chelle de la part dun contingent de casques bleus marocains Bouak, dans le centre du pays. Une enqute complte du Bureau des services de contrle interne est en cours, mais compte tenu de la gravit des allgations, lOnu a dcid de suspendre ce contingent et de le cantonner dans sa base , a indiqu lorganisation internationale qui comptait travers le monde, en juin 2007, plus de 83 000 personnes en uniforme provenant de 117 pays membres.
Paralllement, lOnu enqute sur des allgations de malversations au sein de la Mission de lOrganisation des Nations unies en RDC (Monuc), qui impliqueraient des casques bleus indiens dans un trafic dor. Des Pakistanais ont dj t impliqus dans ce genre dagissements qui restent plus opaques que les abus sexuels souvent rvls par la presse, des ONG oprant sur place ou mme des organisations onusiennes comme lUnicef, qui se penche notamment sur le sort des femmes et des enfants, les plus vulnrables aux abus de toutes sortes. Des enqutes sur des abus sexuels ont aussi t menes dans plusieurs pays dont le Liberia et le Soudan (conflit du sud-Soudan).

Un potentiel dabus important dans les socits ravages

Pour le Franais Jean-Marie Guhenno, charg des oprations de maintien de la paix de lOnu, lincapacit prvenir les abus ou punir ceux qui sen prennent ceux quils sont censs protger dshonore les casques bleus dans leur ensemble . Mais il admet la difficult de la tche. La rpression des auteurs de ces crimes est complique par le fait que les casques bleus ne sont pas larme de lOnu, mais des contingents des armes nationales dtachs pour une mission : ils restent dans une large mesure soumis aux procdures disciplinaires de leur propre arme. Le problme ne pourra donc tre pleinement rgl quavec laide des Etats membres. De plus, les besoins en matire de maintien de la paix sont normes et il est de plus en plus difficile de recruter des casques bleus, pour diverses raisons politiques ou cause de problmes spcifiques du terrain ; on a donc une prsence croissante de reprsentants de pays africains ou asiatiques, qui nont pas toujours la formation ncessaire pour rsister aux tentations financires ou sexuelles. En outre, pour les responsables de lOnu, il existe un potentiel dabus parce que les casques bleus sont dploys dans des socits ravages par des conflits qui durent parfois depuis des gnrations.
Les accusations dabus sexuels commis par des casques bleus de la Monuc avaient clat au grand jour en novembre 2004 et se sont soldes, notamment, par larrestation dun membre franais du personnel civil et des poursuites lances par le Maroc lencontre de six de ses casques bleus. Elles avaient dclench au sein de lOnu un vaste mouvement qui a conduit le Secrtaire gnral de lpoque, le Ghanen Kofi Annan, dfinir une politique de "tolrance zro" aux abus et lexploitation sexuelle, ligne poursuivie par son successeur sud-coren Ban ki-Moon.
Cette politique implique linterdiction de la "fraternisation", autrement dit de la poursuite de relations sexuelles entre les casques bleus et tout membre de la population. Elle a permis la mise sur pied dun cadre institutionnel de lutte allant dune formation des casques bleus lenvoi de spcialistes de ces questions au sein des diffrentes missions de maintien de la paix.

Des procdures disciplinaires et pnales

Il existe ainsi maintenant une procdure denqute qui peut mener des procdures disciplinaires dont le renvoi dans le pays dorigine et pnales en coopration avec les Etats ainsi que des mesures disolement des casques bleus de la population civile et des couvre-feu, comme celles adoptes Bouak. Nous avons fait des progrs importants mais il nous reste encore un long chemin parcourir. Certains contingents et certaines catgories de personnel sur le terrain ne comprennent pas et nacceptent pas la politique de tolrance zro, en particulier lorsque cela touche la prostitution, souligne Jean-Marie Guhenno. Nous demandons tous les tats membres, en particulier les pays contributeurs de troupes, denvoyer un message clair condamnant la prostitution au sein des missions de maintien de la paix. Selon lui, entre 75 et 90 % du personnel de maintien de la paix a reu la formation obligatoire sur lexploitation sexuelle et les abus.

Marie Joannidis

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