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18/09/2007
Questions internationales (2)
La grande machine onusienne


(MFI) Cest lors de la session annuelle de lAssemble gnrale que les 192 pays membres des Nations unies dbattent des grands sujets qui font lactualit de la plante : cette anne, ce sera le rchauffement climatique, la menace nuclaire iranienne ou la crise du Darfour. Mais lAssemble gnrale nest quun des multiples organes des Nations unies, dotes dun budget de 3,8 milliards de dollars, et pour lesquelles travaillent 140 000 personnes dans le monde. Revue de dtail.

Quels sont les principaux organes des Nations unies ?

Organisation internationale fonde le 26 juin 1945 par la confrence de San Francisco, les Nations unies dont le sige est New York ont pour vocation dassurer la paix et la scurit dans le monde, et de favoriser des relations harmonieuses entre les Etats. Pour y parvenir, six organes principaux interviennent.
LAssemble gnrale qui est un peu le Parlement de lOnu : chacun des 192 pays membres y dispose dune voix, quels que soient sa population, sa richesse, son systme politique LAssemble gnrale aborde tous les sujets internationaux, du conflit isralo-arabe au coup dEtat au Pakistan en passant par les missions de gaz effet de serre ou les consquences conomiques du tsunami. Ses rsolutions nont pas force de loi. Elle lit galement les membres des cinq autres organes onusiens.
Le Conseil de scurit est lorgane le plus puissant des Nations unies. Compos de 15 membres dont 5 permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) et 10 lus pour deux ans, le Conseil de scurit peut autoriser lusage de la force contre un pays, imposer des sanctions, dcider lenvoi de Casques bleus Adoptes la majorit de neuf voix (mais pouvant tre bloques par le veto dun membre permanent), ses rsolutions sont juridiquement contraignantes. Le Conseil de scurit est donc le premier responsable du maintien de la paix dans le monde.
Le Secrtariat gnral est lorgane excutif de lOnu ; il gre lorganisation et met en uvre les dcisions adoptes par ses membres. A sa tte, un secrtaire gnral lu pour cinq ans (actuellement le Sud-Coren Ban Ki-moon) qui agit dans le cadre du mandat que lui confient les Etats. Mais cest aussi un diplomate qui dispose dune autorit et dune capacit dinitiative dans tous les domaines relevant de la comptence de lOnu. Ses pouvoirs sont cependant plus limits que le prestige de la fonction ne le laisserait supposer.
Le Conseil conomique et social, compos de 54 membres lus pour trois ans, est le principal artisan de la politique daide au dveloppement de lOnu. Une politique qui absorbe 70 % du budget dintervention onusien. Le CES a sous sa tutelle de nombreuses institutions, telles que la FAO, le Fonds montaire international ou lOrganisation internationale du travail.
Le Conseil de tutelle existe toujours, mais est tomb en dsutude. Son rle tait de surveiller les territoires placs sous la tutelle dun Etat lors des colonisations. Depuis 1994, tous les territoires sous tutelle sont soit indpendants, soit intgrs un Etat souverain.
Enfin, la Cour internationale de justice base La Haye alors que les autres organes sont New-York rgle les diffrents juridiques entre les pays qui ont reconnu sa comptence. Cest aussi un organe consultatif en matire juridique. Seuls les gouvernements peuvent la saisir, pas les particuliers. Elus pour neuf ans, ses 15 juges sont censs reflter lOnu. On compte ainsi trois magistrats africains, deux sud-amricains, cinq ouest-europens ou nord-amricains, deux est-europens et trois asiatiques. La CIJ na t saisie que dun nombre restreint daffaires, aux enjeux souvent mineurs.

Quen est-il des autres institutions rattaches lOnu ?

Aux six organes principaux sajoutent une trentaine dinstitutions, soit directement gres par lOnu, soit places sous sa tutelle plus ou moins lche. Certaines sont connues, comme lUnicef (protection de lenfance), lUnesco (pour la culture et lducation), le Haut Commissariat aux Rfugis ou le PAM, le Programme alimentaire mondial. Dautres ninterviennent quen matire conomique, linstar du Fonds montaire international ou de lOrganisation mondiale du commerce. Dautres encore travaillent dans des domaines trs techniques. On peut citer l lOrganisation mtorologique mondiale, lUnion postale universelle ou lOrganisation de laviation civile internationale.
Par le travail rglementaire quils accomplissent, leur surveillance de certains domaines ou leurs actions de terrain, ces organismes participent la coopration internationale et aux relations entre les Etats, comme le prvoit la Charte des Nations unies. Lensemble compos par les six organes principaux et cette trentaine dinstitutions forme ce quon appelle le systme des Nations unies.

Et dans le domaine judiciaire ?

Des nouveaux organes judiciaires ont t crs ces dernires annes, avec une ide sous-jacente : en finir avec limpunit des gnocidaires et des criminels de guerre. Les violations massives des droits de lhomme lors du conflit en ex-Yougoslavie ont en effet incit le Conseil de scurit crer le Tribunal pnal international pour la Yougoslavie (TPIY). Bas La Haye, ses magistrats ont jusqu prsent auditionn 108 suspects et condamn 55 personnes. En 1994, le Conseil de scurit a cr un deuxime tribunal ad-hoc pour le gnocide commis au Rwanda. Install Arusha (Tanzanie), le TPIR est cependant accus de mauvaise gestion et dun terrible retard dans ses travaux.
Depuis, trois autres cours pnales ont t cres, lune pour juger les auteurs datteintes aux droits de lhomme pendant la guerre civile au Liberia, lautre contre les responsables Khmers Rouges au Cambodge et la troisime enfin contre les assassins de lancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Tous les magistrats de ces tribunaux sont lus par lAssemble gnrale de lOnu. Ils ne peuvent pas prononcer de condamnations mort.
Mais la grande innovation est la Cour pnale internationale, inaugure le 1er juillet 2002 La Haye. Salue comme une avance dcisive de la justice internationale, la CPI est la premire cour permanente charge de juger les auteurs des crimes les plus graves contre la communaut internationale : crimes de guerre, crimes contre lhumanit, gnocide. A la diffrence dun TPI, sa comptence nest limite ni dans lespace ni dans le temps. Les victimes sont associes chaque tape de la procdure. La CPI nest cependant pas un organe tout puissant. Le Conseil de scurit peut suspendre ses activits ; elle dpend des Etats pour mener ses enqutes et procder aux arrestations ; enfin, sa comptence na t reconnue que par 90 pays. Les Etats-Unis, par exemple, y sont opposs.

De quels moyens dispose lOnu ?

Vot tous les deux ans, le budget ordinaire des Nations unies destin financer son administration et ses principales interventions (hors Casques bleus) slevait en 2007 3,8 milliards de dollars. Ce budget est indpendant de ceux des agences spcialises telles que lUnesco ou le HCR. Il est aliment par les contributions obligatoires des Etats membres, dfinies au prorata de leur PNB et de leur population. Actuellement, les Etats-Unis assurent 22 % de ce budget, le Japon 19,4 %, lAllemagne 8,6 %, le Royaume-Uni 6,1 % et la France 6 %. Les cinq premiers contributeurs financent ainsi 62,1 % du budget de lOnu, alors que les 187 autres pays nen assurent que 37,9 %.
Ces contributions, quoique obligatoires, ne sont pas toujours honores. En fvrier 2007, seuls 31 pays taient jour de leur cotisation. Rsultat : le dficit des Nations unies atteint 2,5 milliards de dollars. Ces contributions obligatoires peuvent tre compltes par des dons de particuliers. Le magnat amricain Ted Turner a ainsi vers un milliard de dollars lorganisation en 1997.
Les agences spcialises de lOnu dpendent des contributions volontaires des Etats et de la gnrosit des particuliers (en particulier lUnicef et le HCR). Elles sont le plus souvent dficitaires. Enfin les oprations de maintien de la paix disposent de leur propre budget : il tait en 2006 de 5,2 milliards de dollars. Un budget trs faible dailleurs au regard de ltendue des missions ; les services de scurit de New York, par exemple, sont eux seuls mieux dots.
Concernant les moyens humains, le Secrtariat gnral de lOnu emploie 8 000 personnes, ses cinq autres organes 22 500 et les diffrentes institutions onusiennes 30 000. Si on comptabilise les Casques bleus, ce sont plus de 140 000 personnes qui travaillent sous la bannire bleue et blanche des Nations unies.

LOnu en bref

Cration : 26 juin 1945
Sige : New York (bureau europen Genve)
Secrtaire gnral : Ban Ki-moon (Core du Sud)
Pays membres : 192. Le Montngro est le dernier avoir adhr (en 2006). Nen sont pas membres : le Vatican, les les Cook, les les Niou et Taiwan, du fait de lopposition de Pkin.
Langues officielles : arabe, anglais, chinois, espagnol, franais et russe. Mais seuls langlais et le franais sont des langues de travail.
Budget : 3,8 milliards pour le budget ordinaire ; 5,2 milliards pour les oprations de maintien de la paix.
Principaux contributeurs : Etats-Unis (22%), Japon (19,4%), Allemagne (8,6%), Royaume Uni (6,1%), France (6%).
Employs : 8000 au secrtariat gnral, 22 500 dans les cinq principaux organes et 30 000 dans les diffrentes institutions onusiennes (HCR, Unicef, OMS)
Salaire moyen : 403 958 dollars annuels pour le secrtaire gnral ; 151 201 dollars pour un directeur de dpartement ; 127 319 dollars pour un chef de service ; 83 718 dollars pour un cadre dbutant.
Objectifs : ils sont au nombre de quatre, dfinis par la Charte des Nations unies : maintenir la paix et la scurit dans le monde ; dvelopper les relations amicales entre les nations ; raliser la coopration internationale sur tous les sujets o elle peut tre utile ; tre un centre de dialogue et de dcision o sharmonisent les efforts des nations vers des objectifs communs.
Domaines daction : dsarmement et maintien de la paix ; dfense des droits de lhomme et du droit international ; action humanitaire et secours durgence ; aide au dveloppement.

Action pour la paix

64 200 Casques bleus issus de 108 pays ; 90 000 personnes avec les civils et les policiers. Cinq fois plus demploys sur le terrain depuis 2001.
18 missions, dont 8 en Afrique, 3 en Asie, 3 au Proche-Orient, 3 en Europe et 1 en Amrique latine.
172 conflits rgionaux rgls depuis 1945.
On compte aujourdhui cinq fois moins de victimes de guerre quau cours des annes 90.


Sources : site web de lOnu ; Le Monde


Jean Piel

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