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18/09/2007
Questions internationales (1)
Onu : lespoir dun monde sans guerre


(MFI) LAssemble gnrale annuelle de lOnu commence ses travaux le
18 septembre 2007. Au menu des discussions : la situation au Darfour, la poursuite du conflit isralo-arabe, les ambitions nuclaires de lIran Le Parlement de lOnu se penchera aussi sur le rchauffement climatique, le dfi du terrorisme et la question de limmigration africaine vers lEurope. Dans un monde o le nombre de guerres tend diminuer, la recherche de la paix et de la scurit reste la priorit des Nations unies.


Comment lOnu mne-t-elle bien son rle de dfense de la paix dans le monde ?

Guerre en Irak, affrontements au Darfour, combats en Afghanistan La plante est loin dtre pacifie. On peut donc sinterroger sur lefficacit du travail de lOnu. Certes la critique est facile contre une organisation qui nest que ce quen font ses membres. Elle est nanmoins rcurrente.
Les Nations unies interviennent loin en amont de tout conflit en tant lorigine dun vaste corpus de droit international. Depuis sa cration en 1945, plus de 500 traits et conventions ont t conclus sous son gide ; des textes qui ont force de loi pour les pays qui les ratifient. On peut citer ple-mle le Trait de non-prolifration nuclaire, la Convention internationale contre la torture ou la convention dOttawa contre les mines antipersonnelles. Mais lOnu lgifre aussi dans des domaines aussi divers que le droit maritime, la libre circulation arienne ou le rchauffement climatique (protocole de Kyoto). Certes ces textes sont loin dtre toujours respects, mais ils ont le mrite dexister et ils organisent de nombreux aspects souvent mconnus des relations internationales.
En cas de tension dans une rgion, le Secrtaire gnral (ou ses reprsentants dans un premier temps) mne des missions de bons offices pour convaincre les adversaires de sasseoir la table des ngociations ou empcher quun diffrent frontalier par exemple ne dgnre en guerre ouverte. La diplomatie secrte prventive , prfrent dire les responsables onusiens est une part essentielle du travail de lOnu. Le prcdent secrtaire gnral, Kofi Annan, se plaignait cependant de ce que les Etats lui mettaient trop la bride pour agir sa guise en la matire.
Seconde tape, une rsolution de lAssemble gnrale condamnant lattitude dun gouvernement ou le menaant de sanctions peut inciter des belligrants potentiels ou un Etat souponn de dvelopper des armes de destruction massive chercher une issue ngocie. Cela mme si les rsolutions de lAssemble gnrale nont pas un caractre juridique contraignant.
Ltape suivante est lenvoi dune mission dobservation, dcide par le seul Conseil de scurit. En 2006, une soixantaine de ces missions ont t ralises sur les cinq continents. A ce chapitre, on peut citer les inspections de sites nuclaires suspects dtre dtourns des fins militaires. En dernier recours, le Conseil de scurit peut dcider le dploiement dune opration de maintien de la paix. Il sagit bien le plus souvent du maintien de la paix, et non de son rtablissement qui peut difficilement avoir lieu sans la volont des belligrants.

Qui mne ces oprations de maintien de la paix ?

LOnu ne dispose pas darme elle. Elle dpend de la bonne volont des Etats qui mettent sa disposition des troupes qui servent sous leur propre uniforme, avec leur propre quipement et selon leurs propres rgles dengagement. Avec tous les problmes de coordination que cela pose. Les Casques bleus sont actuellement issus de 108 pays. Comme pour le budget de lOnu, les principaux financiers de ces missions sont les Etats-Unis, le Japon et lUnion europenne. Des pays qui payent, mais rechignent envoyer leurs soldats sur le terrain. Seuls 0,5 % des Casques bleus sont amricains et 5,8 % europens. Les principaux contributeurs en troupes sont donc les pays en dveloppement, au premier rang desquels le Bangladesh, le Pakistan, lInde, la Jordanie, le Npal, lEthiopie et le Ghana. La Pologne est le seul pays europen figurer parmi les 20 premiers contributeurs en hommes.
Jamais lOnu na dploy autant de Casques bleus quaujourdhui : 90 000 travers 18 thtres dopration (dont 8 en Afrique), ce qui fait de lOnu la deuxime force militaire en action ltranger aprs les Etats-Unis. A leurs dtracteurs, les dirigeants onusiens rappellent que, depuis 1945, la Maison de verre ainsi quon surnomme lOnu a ngoci le rglement de 172 conflits rgionaux et permis la tenue dlections dans 45 pays. Contrairement une opinion rpandue, jamais la plante na connu aussi peu daffrontements quaujourdhui. Certes, certaines missions ont t des fiascos. Les Casques bleus sont ainsi prsents au Cachemire depuis 1948 sans rel progrs ; plus rcemment, ils nont pas pu empcher le gnocide au Rwanda ou le massacre de Srebrenica en Bosnie. Mais des russites sont aussi au rendez-vous : la fin de la guerre civile au Timor-Leste, le retour la paix dans lex-Yougoslavie et au Cambodge, la pacification du Guatemala et du Salvador LOnu a men 23 oprations de maintien de la paix en Afrique ; ces dernires annes, au Liberia, au Mozambique, en Ouganda, en Cte dIvoire, au Burundi, en RDC, au Soudan

Comment ces missions de maintien de la paix ont-elles volu depuis 1945 ?

LOnu doit respecter trois grands principes inscrits dans sa Charte : lgalit entre les Etats, la non-ingrence dans les affaires intrieures, le droit des peuples disposer deux-mmes. Cela signifie que, si elle peut faire pression, jouer les mdiateurs, user de son autorit, lOnu ne peut rien sans la volont de ses membres. Au mme titre quelle nest pas responsable des guerres, elle ne saurait mettre la paix son seul crdit. Aujourdhui, lOnu travaille de plus en plus en coordination avec les organisations rgionales (UA, Otan, UE) et les associations humanitaires comme la Croix-Rouge. La multiplication des guerres civiles rend plus complexes ses interventions. De mme, lvolution des menaces le terrorisme et les conflits communautaires loblige admettre les guerres asymtriques et adopter des traits contraignants contre le terrorisme. Surtout, le 20 dcembre 2005 a t cre la Commission de consolidation de la paix dont lobjectif est dempcher quun pays replonge dans la guerre. Cette commission aide les Etats lutter contre la corruption, mettre en uvre les outils dune bonne gouvernance, organiser des lections, btir une police et une administration, reconstruire des infrastructures et un Etat de droit, dvelopper son conomie. Bref disposer doutils aussi importants pour une paix durable que la surveillance dun cessez-le-feu.

Prcisment, que font les Nations unies en faveur de laide au dveloppement ?

La conviction selon laquelle la paix et la scurit ne sont possibles que si la misre conomique et sociale est limine constitue la base de laction de lOnu. Cest pourquoi lorganisation consacre 70 % de son budget dintervention ce domaine. Certes, l aussi, il y a loin de la coupe aux lvres. La pauvret et le sous-dveloppement restent la norme plus que lexception dans de nombreux pays. Nanmoins en 2000, lOnu a adopt les Objectifs du millnaire pour le dveloppement, un programme qui vise notamment diviser par deux le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvret, garantir laccs lcole primaire tous les enfants, diminuer considrablement la mortalit infantile, lutter contre le sida et le paludisme Vux pieux ? Non. Au niveau mondial, lextrme pauvret, lanalphabtisme et les pidmies reculent. Les dpenses annuelles de lOnu et de ses agences spcialises (hors FMI et Banque mondiale) pour le dveloppement dpassent les 20 milliards de dollars. Ainsi lUnicef est prsent dans 157 pays et consacre 2 milliards de dollars ses projets. Le HCR assiste environ 18 millions de rfugis dans 120 pays. Pour sa part, le Programme alimentaire mondial a distribu six millions de tonnes de vivres en 2006. On pourrait encore citer les actions de lOMS et du Pnud. Lanne dernire, Onusida a consacr 3 milliards de dollars des programmes de soins et de prvention. Quant la Banque mondiale, elle accorde aux pays dfavoriss plus de 20 milliards de dollars de prts par an ; elle a ainsi financ plus de 9500 projets depuis 1945 certes, sans oublier de se faire rembourser avec intrt LAfrique constitue pour lOnu une priorit, puisquelle reoit le tiers des dpenses daide au dveloppement des agences onusiennes.
La politique daide au dveloppement des Nations unies nchappe videmment pas aux critiques. Non seulement parce que les rsultats ne sont pas toujours la hauteur des esprances, mais aussi parce que nombre de projets souffrent dun manque de coordination, de cots administratifs levs, dun manque defficacit. Les Ong sont nombreuses dnoncer les salaires mirobolants de certains experts en dveloppement, tout comme elles regrettent que les programmes soient dcids par les pays donateurs et non par ceux rcipiendaires de laide. Les premiers ont tendance privilgier des thmes porteurs et mdiatiquement visibles (comme les droits des femmes ou la lutte contre le travail des enfants) plus que les projets les plus utiles au dveloppement dune rgion. De mme, il arrive parfois que vingt agences de lOnu interviennent dans un mme pays sur des programmes de moins dun million de dollars chacun, au risque dun saupoudrage de laide, synonyme de gaspillage. Un constat dress non pas par des adversaires de lOnu, mais par un rapport de linstitution elle-mme, command par Kofi Annan.
Reste que lOnu est le seul forum mondial dont la lgitimit est universellement reconnue. Jamais les Nations unies nont t autant sollicites pour rsoudre des conflits, contrler la prolifration des armes de destruction massive, porter bout de bras des Etats en faillite, radiquer la misre, intervenir en cas de catastrophe naturelle, lutter contre le sida La preuve, malgr les critiques, dune utilit certaine et dune relative efficacit.

Jean Piel

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