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23/10/2007 | |||
France-Angola Le temps de louverture diplomatique | |||
(MFI) LAngola, deuxime producteur de ptrole de lAfrique subsaharienne aprs le Nigeria et deuxime puissance militaire aprs lAfrique du Sud, est devenu un partenaire incontournable aussi bien pour les Etats-Unis que les puissances mergentes comme la Chine ou le Brsil. La France souhaite mettre fin la crise qui a clat entre les deux pays la suite dune affaire de ventes darmes russes Luanda lpoque de la guerre civile connue sous le nom "dAngolagate". | |||
Le prsident franais Nicolas Sarkozy a annonc lui-mme, en septembre 2007, en marge de lAssemble gnrale des Nations unies, quil se rendrait en visite officielle en Angola au dbut de lanne prochaine, linvitation de son homologue Jos Eduardo Dos Santos quil a rencontr New York. Je crois pouvoir dire quune page est dfinitivement tourne, celle des mauvaises relations entre lAngola et la France , a-t-il dclar lors dune confrence de presse. Le prsident Dos Santos ma invit me rendre en Angola au dbut de lanne 2008. Jirai avec Bernard Kouchner, et au pralable, je demanderai Jean-Marie Bockel, le secrtaire dEtat la Coopration, de faire une visite prparatoire , a-t-il prcis. Cette rencontre fait suite des contacts rpts entre les deux capitales depuis llection de Nicolas Sarkozy, qui se veut le chantre de la "rupture" avec le pass. Le prsident angolais a t lun des premiers lavoir flicit pour sa victoire lectorale. Une rcente mission Luanda du Medef, le patronat franais, stait toutefois solde par un chec, les patrons franais nayant pas pu avoir les contacts au sommet quils souhaitaient. Ctait un peu prmatur , souligne-t-on Paris de source informe, tout en prcisant que les contacts se sont intensifis pour apurer les arrirs de lEtat angolais auprs de lAgence franaise de dveloppement et de la Coface, qui empchent tout nouvel investissement garanti par lEtat franais. De plus, de proches conseillers du chef dEtat angolais sont venus rcemment Paris pour des entretiens bilatraux. Dtournement de fonds et trafic darmes Autre signe de dtente, larrive Paris de lhomme daffaires franco-brsilien Pierre Falcone, dtenteur dun passeport diplomatique angolais, qui avait quitt la France en 2003 aprs une anne de dtention provisoire. Il tait vis depuis 2004 par deux mandats darrt internationaux qui ont t levs dbut octobre par la justice franaise, ce qui lui a permis de comparatre libre sous contrle judiciaire et aprs le versement dune caution, au mme titre que Pierre-Philippe Pasqua, le fils de lancien ministre de lIntrieur Charles Pasqua, rfugi en Tunisie depuis 2000 et rentr en France fin septembre. Falcone est mis en cause dans un procs de dtournement de fonds au prjudice de la Socit franaise dexportation de matriels, systmes et services relevant du ministre de lIntrieur (Sofremi), organisme charg de vendre des quipements de police ltranger, notamment en Afrique. Mais galement dans une affaire de trafic darmes en direction de lAngola qui porte sur plusieurs contrats de vente darmes au rgime angolais entre 1993 et 2000 au moment de la guerre civile contre lUnita de Jonas Savimbi , affaire dans laquelle sont impliques de nombreuses personnalits franaises qui auraient reu des pots de vin. Ce procs devrait se drouler lanne prochaine, selon des sources judiciaires. Les Angolais ont fini par comprendre quen France le judiciaire est indpendant de lexcutif et que le gouvernement ne peut intervenir dans un procs , soulignent des diplomates franais. Nous avons beaucoup de points communs Ils affirment aussi que lintrt franais pour lAngola ne porte pas uniquement sur le ptrole mais aussi sur la position gostratgique de ce pays entre lAfrique australe et lAfrique centrale. Nous avons beaucoup de points communs concernant lintgrit territoriale de la RDC ou du Congo Brazzaville, mais aussi la Francophonie, puisque beaucoup dAngolais parlent le franais , prcise lun deux. Sur le plan conomique, le ptrole est pour le moment au cur des changes entre les deux pays, le groupe Total tant le deuxime partenaire de lAngola aprs les Amricains de Chevron/Texaco. En outre, Ubifrance et la Mission conomique franaise de Luanda doivent organiser fin novembre un sminaire consacr lAngola sur le thme Comment tirer profit du boom conomique ? . Car lor noir et ses cours levs mais aussi les diamants rapportent gros lAngola, engag dans la reconstruction aprs une guerre sanglante de plus de vingt-six ans, mme si, selon plusieurs organisations non gouvernementales, cette manne financire nest pas quitablement rpartie et alors que le rgime fait lobjet daccusations de corruption. Ce qui nempche pas les Etats-Unis et la Chine, principaux importateurs de ptrole angolais, de renforcer leurs relations conomiques avec ce pays qui a renonc au marxisme de lpoque de la guerre froide pour un libralisme mtin daffairisme. Les Chinois ont ainsi sign un deuxime accord de coopration financire valu, comme le premier, 2 milliards de dollars. Bientt une lection prsidentielle ? LAngola a aussi t admis depuis fin dcembre 2003 dans le groupe privilgi des pays de lAfrique sub-saharienne qui bnficient des prfrences commerciales accordes leurs exportations vers les Etats-Unis sous le rgime de la Loi sur la croissance et les opportunits conomiques en Afrique (AGOA). Washington ne sest dailleurs pas mu quand lAngola a report cette anne les discussions avec le FMI. Le prsident dos Santos rclame depuis 2002 une confrence des donateurs pour permettre la reconstruction de son pays. Mais une telle runion reste tributaire dun accord entre lAngola et le Fonds montaire international, qui demande la transparence dans les comptes de lEtat, en particulier ceux du secteur ptrolier, tout en admettant que des efforts ont t accomplis. De son ct le Brsil, qui entretient des relations troites avec lAngola, lusophonie oblige, souhaite renforcer sa coopration. Pour le moment Luanda toffe son image de marque : le pays a rejoint lOPEP, lorganisation des pays exportateurs de ptrole, et a t lorigine de la cration dune Association des pays africains producteurs de diamants. Sur le plan politique, le pays prpare des lections prsidentielles, plusieurs fois reportes, pour 2008 ; le pouvoir a russi affaiblir lopposition y compris lUnita, qui dos Santos a offert la "paix des braves" aprs la mort de Savimbi. Le prsident angolais avait indiqu il y quelques annes quil ne se reprsenterait pas. Mais on ignore pour le moment ses intentions. | |||
Marie Joannidis | |||
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