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18/12/2007 | |||
Questions internationales (2) Des relations toujours difficiles avec le Vatican | |||
(MFI) La question de la nomination des vques par Pkin ou par le Vatican est la principale pierre dachoppement ltablissement de relations diplomatiques entre le Saint-Sige et la Chine populaire. De part et dautres, on affirme vouloir poursuivre le dialogue. | |||
Benot XVI a fait de lamlioration des relations avec la Chine lune des priorits de son pontificat. Au-del, lAsie et ses trois milliards dhabitants ont t dfinis comme la nouvelle terre dvanglisation du XXI sicle. Taiwan sacrifi Lamlioration des relations entre Rome et Pkin butte sur deux obstacles : les relations diplomatiques que le Saint-Sige entretient avec Taiwan, et la nomination dvques par lAssociation patriotique des catholiques chinois. Sur le premier point, une solution pourrait tre rapidement trouve. Le Vatican seul Etat europen ne pas reconnatre la Chine populaire se dit prt rompre ses relations diplomatiques avec Tapeh et installer la nonciature Pkin. Une realpolitik qui supposerait de sacrifier les 300 000 catholiques taiwanais, mais comme le reconnaissait lui-mme Mgr Joseph Cheng, archevque de Tapeh, dans le quotidien La Croix : La libert religieuse est une ralit dans notre pays ; nous avons donc moins besoin du soutien de la Papaut. Nous ne devons pas tre gostes et comprendre lenjeu que reprsentent les 15 millions de catholiques en Rpublique populaire. Droit (divin) dingrence Le sujet de la nomination des vques est beaucoup plus dlicat. Pour les autorits chinoises, le Vatican, avant dtre le sige dune religion, est un Etat indpendant. Il na donc pas interfrer dans le choix de personnalits qui auront une influence dterminante sur des millions de fidles et sur un vaste mouvement social. Cela est interprt comme une ingrence dans les affaires intrieures chinoises. Larticle 36 de la Constitution interdit dailleurs toute organisation ou pays tranger dinterfrer dans le domaine religieux. Le Vatican videmment envisage la question de faon diffrente. Pour lui, lautorit religieuse des vques ne peut venir que du Pape, seul reprsentant de Dieu sur terre. En outre, pour conserver son indpendance et sa vracit, une religion doit chapper toute contingence politique, donc ne pas voir ses hirarques nomms par un gouvernement ou une association ses ordres. Cette influence du Vatican sur les catholiques explique pourquoi ces derniers sont plus surveills en Chine que les protestants, lis aucun Etat tranger. Vers lapaisement Les relations entre le rgime communiste et le Saint-Sige connaissent des hauts et des bas. En 2005, quatre vques dont celui de Shanghai ont t ordonns par lAssociation patriotique des catholiques, mais avec lassentiment pralable de Rome. Tout allait bien alors. Mais lanne suivante, en avril 2006, lordination de deux prlats malgr lopposition du Vatican assombrit les relations bilatrales. Le pape Benot XVI menace dexcommunier les intresss. La raction du Vatican est exceptionnellement forte, mais le dialogue reste ouvert. Ces derniers mois, le climat semble se rchauffer. Deux nouveaux vques de lEglise officielle ont t introniss avec lapprobation de Rome, et une dlgation papale de haut rang a t reue Pkin fin novembre. A cette occasion, le ministre chinois des Affaires trangres a dclar : La Chine est dsireuse de construire un dialogue constructif avec le Vatican afin dexplorer les faons damliorer nos relations. Mais il a aussitt ajout, tel un avertissement : Pkin espre que le Vatican tiendra compte de lhistoire et de la ralit de lEglise catholique chinoise. Dans The South China Morning Post, le grand quotidien de Hong Kong, luniversitaire Batrice Leung Kiftun ne cachait pas rcemment son scepticisme : Lattitude du gouvernement chinois est de plus en plus schizophrnique. Il entend poursuivre les discussions avec les envoys du Pape, mais sans avoir lintention de voir aboutir ces ngociations. Rtablir des relations diplomatiques avec le Vatican forcerait Pkin relcher son contrle idologique sur la socit. Aujourdhui, il nen est pas question. De son ct, Benot XVI dit esprer se rendre en voyage officiel en Chine avant la fin de son pontificat. | |||
Jean Piel | |||
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