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19/02/2008
Questions internationales (2)
Le Liban dans lil du cyclone moyen-oriental


(MFI) Si aucun prsident de la Rpublique nest encore lu au Liban, cest aussi parce que le pays se trouve au cur de tous les conflits du Moyen-Orient. Les diffrentes factions libanaises sont souvent affilies des pays de la rgion qui rglent leurs comptes par leur intermdiaire sur le sol libanais. Au dtriment de la souverainet et des intrts du pays du Cdre.

Le plan propos le 5 janvier 2008 par la Ligue arabe pour sortir le Liban de la crise politique et institutionnelle tait le fruit dun compromis du moins les Libanais lont-ils cru entre lArabie Saoudite et la Syrie, deux pays qui sopposent sur tous les sujets lorigine des tensions au Proche-Orient. Officiellement, lArabie Saoudite est neutre au Liban ; en ralit, elle soutient la majorit pro-occidentale. Le leader de cette dernire, Saad Hariri, est aussi souvent Ryad qu Beyrouth. De son ct, la Syrie, ancienne puissance occupante au Liban, soutient, arme et finance le Hezbollah, principal mouvement dopposition. Les protagonistes de la crise libanaise pensaient que Damas lcherait du lest sur le dossier de la prsidence pour garantir le succs du sommet de la Ligue arabe, qui se tiendra pour la premire fois en Syrie, au mois de mars. Visiblement, le contrle de la prsidence libanaise importe plus aux dirigeants syriens que la russite dune rencontre panarabe.
Les calculs prts au plan de la Ligue arabe prouvent quel point le pays du Cdre est devenu labcs de fixation de tous les conflits et de toutes les ambitions au Proche-Orient. Conflit isralo-palestinien, guerre en Irak, programme nuclaire iranien Toutes ces problmatiques trouvent un cho Beyrouth.

Lenjeu palestinien

Ainsi, lorsquen juillet 2006 le Hezbollah kidnappe deux soldats israliens au Sud-Liban et en tue huit autres, son objectif est officiellement de soutenir les Palestiniens qui, au mme moment Gaza, subissent les assauts de Tsahal. A sa faon, la milice dHassan Nasrallah ouvre un second front contre larme isralienne. Mais elle na pas pu prendre cette initiative sans le feu vert de ses parrains syriens et iraniens. Ce qui fait dire aux analystes que, via le Hezbollah, lIran a montr quil pouvait peser sur le conflit isralo-palestinien. Un moyen pour Thran de conseiller aux Etats-Unis de ne pas trop chercher contrarier son programme nuclaire. Les 33 jours de combats entre le Hezbollah et Isral, en juillet 2006, taient aussi une guerre entre les Etats-Unis et lIran par partenaires interposs. Le tout sur le territoire du Liban dont personne na respect la souverainet. En rplique lenlvement de ses deux soldats au Liban-Sud, Isral a bombard la banlieue de Beyrouth. Le rglement de la question palestinienne est une condition imprative mais pas suffisante la stabilit du Liban. Cest la prsence de combattants palestiniens sur notre sol qui a provoqu la guerre civile de 1975 1990, mme si elle nen est pas le facteur unique. De mme, lt 2007, les combats les plus violents engags par larme libanaise depuis longtemps lont t contre le camp de rfugis palestiniens de Nahr El-Bared , rappelle Nadine Khouri, spcialiste de gostratgie rgionale.
Mais ce nest pas fini. Lassassinat, le 12 fvrier 2008 Damas, dImad Moughnieh, le chef des oprations armes du Hezbollah, risque dentraner une reprise des combats entre la milice chiite et lEtat hbreu, dont le Liban une nouvelle fois fera les frais.

Lomniprsence de la Syrie

La guerre civile (1975-1990) a permis la Syrie de se dployer au Liban, avec la bndiction de la communaut internationale qui y voit alors avec raison un facteur de stabilit. Pour Damas, cest un srieux atout dans sa rivalit contre Isral. Mais partir des annes 2000, lorsque la Syrie abuse de sa position dominante au Liban, lorsque le rgime nvolue pas comme le souhaitaient les Occidentaux, la France et les Etats-Unis vont favoriser ladoption par lOnu de la rsolution 1559, qui exige le dpart des troupes syriennes ; dpart effectif en avril 2005. Cela au nom de la souverainet libanaise. Depuis, Damas cherche reprendre pied par tous les moyens dans un pays quil considre comme son pr carr inalinable. Linfluence de cette ambition sur llection prsidentielle Beyrouth est directe puisque les diverses factions libanaises, au gr de leurs intrts bien compris, se divisent entre pro et anti-syriens.

Les ambitions de lIran

Troisime dossier qui illustre quel point le Liban pourtant petit pays de seulement 10 400 km est la caisse de rsonance de tous les conflits rgionaux : la guerre en Irak qui, en permettant le retour des chiites au pouvoir Bagdad, a exacerb la tension entre sunnites et chiites dans lancien protectorat franais. En outre, la chute de Saddam Hussein a rveill les ambitions de lIran qui rve dsormais de construire un arc chiite qui comprendrait, outre la rpublique islamique, lIrak et une partie du Liban. Une ambition au service de laquelle sest plac le Hezbollah, au dtriment de la stabilit politique du Liban. Nada Doumit, consultante auprs de la socit danalyse de risques Mideast Risk, estime dailleurs que la situation au Liban sclaircira lorque le Hezbollah, la fois parti politique libanais lgitime et groupe arm pro-iranien, acceptera de choisir entre ses diffrentes natures ; ce quil a toujours refus de faire jusqu prsent.
Certes, ces interfrences internationales ne sont possibles quen raison de la fragilit de lEtat libanais et de ses divisions confessionnelles. Le pays ne compte pas moins de 17 communauts (sunnites, chiites, grecs orthodoxes, maronites) dont les relations entre jeux de pouvoirs, haines ancestrales et rivalits financires sont souvent difficiles. Or, pour renforcer leur influence, ces factions cherchent des parrains ltranger, que ce soit Paris, Washington, Ryad, Thran ou Damas. Nadine Khouri insiste sur ce point : Les acteurs trangers aggravent la situation au Liban. Mais ce sont ses diffrentes communauts, du fait de leur rivalit voire de leur haine, qui autorisent que le pays soit utilis comme un champ de bataille.

Jean Piel

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