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29/04/2008
LAfrique face au cas Mugabe : la fin dune poque

(MFI) La confirmation, fin avril 2008 au Zimbabwe, de la victoire parlementaire de lopposition aprs de nombreux atermoiements , et quel que soit le rsultat pour le prsident Robert Mugabe lui-mme, marque la fin dune poque. Aussi bien pour lAfrique australe que pour le continent africain en gnral, qui malgr les drives a toujours mnag le vieux leader mais cherche amliorer son image de marque lafricaine .

La confirmation de la victoire aux lgislatives de lopposition zimbabwenne conforte la prudence observe par le prsident sud-africain, Thabo Mbeki, dans son rle de mdiateur au Zimbabwe pour le compte de la Communaut de dveloppement dAfrique australe (SADC), position souvent critique en Afrique et ailleurs. Car pour les Africains, le vieux despote zimbabwen est la fois un combattant anticolonialiste qui sest battu contre la Grande-Bretagne et celui qui sest oppos aux fermiers blancs, alors que ceux-ci continuent possder de riches terres en Afrique australe et tout particulirement en Afrique du Sud.
Thabo Mbeki a plusieurs fois justifi sa diplomatie discrte par le besoin de conserver des canaux de communication avec son voisin. Si vous voulez obtenir un rsultat pendant des ngociations, vous parlez aux gens, vous ne leur hurlez pas dessus , a-t-il soulign ce propos. De mme, le prsident sortant de la Commission africaine, lancien chef dEtat malien Alpha Oumar Konar, a dclar devant son successeur, le Gabonais Jean Ping, que la proclamation des rsultats lgislatifs confirme la volont de changement. Il faut souhaiter que les rsultats de la prsidentielle soient connus au plus vite pour viter des aventures Nous esprons que le prsident Mugabe acceptera ce changement, lui qui a tant fait pour la libration du continent , a-t-il dit. Mais sur le dossier agraire, un dossier sensible dans toute la rgion australe, laction de Robert Mugabe est plus critiquable.


La rforme agraire trop rapide au Zimbabwe

En 2000, quelques mois aprs lchec dun rfrendum sur la rforme constitutionnelle propose par le gouvernement Zanu-PF du prsident Robert Mugabe premier vote public perdu par le parti depuis lindpendance du Zimbabwe, ancienne colonie britannique, en 1980 , les autorits avaient adopt un programme chaotique de rforme agraire acclre, prvoyant lexpropriation des exploitations agricoles commerciales des Blancs, au bnfice des populations noires sans terres. Depuis lors, le pays, qui avait t le grenier de la rgion, a connu une priode de profonde rcession et enregistr le taux dinflation le plus lev du monde plus de 6 000 % avec un taux de chmage de 80 %. Des terres agricoles taient notamment accapares par des dignitaires du rgime. Selon les estimations de certains bailleurs de fonds, plus dun tiers de la population, soit 4,1 millions de personnes, avaient besoin fin 2007 dune aide alimentaire durgence. LAfrique du Sud, qui redoute une contamination, a annonc elle aussi une importante rforme agraire qui trane le pas.

Une redistribution des terres insuffisante en Afrique du Sud

Selon le gouvernement sud-africain lui-mme, moins de 5 % des terres agricoles commerciales des exploitants blancs ont t redistribues depuis la fin de lapartheid en 1994. Lobjectif des 30 % de terres redistribues dici lan 2014 semble donc pratiquement irralisable. Redresser le dsquilibre en matire de rpartition des terres hritage de lapartheid tel a t le slogan du Congrs national africain (ANC) depuis son arrive au pouvoir. Mais seulement 3,6 % des fermes ont t redistribues aux 1,2 million de paysans noirs alors que 60 000 Blancs possdent et grent toujours 80 % des surfaces cultivables. La loi prvoit que les descendants des fermiers noirs, dpossds par la force ou injustement indemniss dans le cadre des lois adoptes depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. Au Sommet de la terre Johannesburg, la majorit des 4 000 participants avaient recommand des expropriations, demande devenue plus discrte depuis. La redistribution implique le maintien de la rentabilit conomique des terres mais souvent, faute dencadrement technique et financier, les fermiers noirs ne cultivent que les surfaces suffisantes pour nourrir leur famille et laissent le reste en friche.

Acquisition et distribution petits pas en Namibie

En Namibie, le gouvernement suit une politique prudente et mesure. Soucieux dviter le chaos durant le processus de redistribution de la terre, il a mis au point des programmes dacquisition et de distribution clairement dfinis et systmatiques, bien que trop lents. Le pays a hrit dun systme foncier o 74 % des meilleures terres arables taient entre les mains de quelque 4 000 exploitants blancs tandis que la majorit des Namibiens vivaient sur des terres communales surpeuples. La Constitution namibienne, salue comme un modle pour les autres pays africains, garantit solennellement le droit de proprit, y compris le droit de tous possder la terre et la lguer leurs hritiers. La terre ne peut tre exproprie par lEtat que dans lintrt public et sous rserve du paiement dune juste indemnit, conformment des conditions et procdures fixer par une loi du Parlement.
Le gouvernement a donc achet des terres aux exploitants blancs sur la base du libre consentement des deux parties, afin dy rinstaller des Namibiens sans terre et pauvres. Mais de nombreux Noirs estiment quil ny a pas assez dexploitants blancs disposs vendre leurs proprits au gouvernement un prix raisonnable et des syndicats officiels ont rclam plusieurs reprises la restitution des terres voles par les colonisateurs.



Marie Joannidis

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