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| 27/05/2008 | |||
| France-Angola : des retrouvailles pragmatiques | |||
| (MFI) La brve visite officielle Luanda du prsident franais Nicolas Sarkozy, fin mai 2008, a officiellement scell les retrouvailles politiques entre les deux pays, places sous le signe du pragmatisme et des intrts partags. Paris joue sur le renouveau de sa politique africaine, quelle veut dbarrasse des dmons du pass, et lAngola, grand producteur de ptrole et de diamants, entend jouer un rle important tant sur le plan rgional quinternational. | |||
| LAngola, deuxime producteur dor noir dAfrique subsaharienne aprs le Nigeria quil talonne de prs et quil a, brivement, dpass en avril 2008 en raison dincidents dans le secteur ptrolier nigrian et deuxime puissance militaire au sud du Sahara aprs lAfrique du Sud, est devenu un partenaire incontournable, courtis aussi bien par les Etats-Unis que par les puissances mergentes comme la Chine ou le Brsil. Le voyage de Nicolas Sarkozy a bien montr que la France souhaite mettre fin la crise qui a clat entre les deux pays la suite dune affaire de ventes darmes russes Luanda lpoque de la guerre civile angolaise, connue sous le nom dAngolagate . Nous avons dcid de tourner la page des malentendus du pass. Nous avons dcid de travailler ensemble main dans la main la construction dun avenir de dveloppement et de paix. La France veut sengager sur le long terme avec lAngola , a soulign Luanda le prsident franais. Il a annonc la cration dune fondation France-Angola qui assurera la promotion de tous les projets pour le dveloppement conomique, culturel et humain au service des Angolais , le retour en force de lAgence franaise du dveloppement et le dblocage de la garantie de la Coface pour les entreprises franaises voulant investir dans ce pays. Ces garanties avaient t geles en raison des arrirs dus par lAngola aux deux organismes, empchant de nouveaux investissements franais. Lapurement du contentieux a dbut ds llection de Nicolas Sarkozy La normalisation des relations sest acclre depuis lannonce par Nicolas Sarkozy en septembre 2007, en marge de lAssemble gnrale des Nations unies, quil se rendrait en visite officielle en Angola en 2008 linvitation de son homologue Jos Eduardo Dos Santos rencontr New York. Cette rencontre faisait suite des contacts rpts entre les deux capitales depuis son lection. Le prsident angolais avait t lun des premiers le fliciter pour sa victoire. Ensuite les discussions staient intensifies pour apurer les arrirs de lEtat angolais. De plus, de proches conseillers de Dos Santos taient venus plusieurs reprises en France pour des entretiens bilatraux. Autre signe de dtente, larrive Paris de lhomme daffaires franco-brsilien Pierre Falcone, dtenteur dun passeport diplomatique angolais, qui avait quitt la France en 2003 aprs une anne de dtention provisoire. Il tait vis depuis 2004 par deux mandats darrt internationaux qui ont t levs par la justice franaise, ce qui lui a permis de comparatre libre sous contrle judiciaire et aprs le versement dune caution, au mme titre que Pierre-Philippe Pasqua, le fils de lancien ministre de lIntrieur Charles Pasqua, rfugi en Tunisie depuis 2000 et rentr en France fin septembre 2007. Falcone est mis en cause dans un procs de dtournement de fonds au prjudice de la Socit franaise dexportation de matriels, systmes et services relevant du ministre de lIntrieur (Sofremi), organisme charg de vendre des quipements de police ltranger, notamment en Afrique. Mais galement dans une affaire de trafic darmes en direction de lAngola qui porte sur plusieurs contrats de vente darmes au rgime angolais entre 1993 et 2000 au moment de la guerre civile contre lUnita de Jonas Savimbi , affaire dans laquelle sont impliques de nombreuses personnalits franaises qui auraient reu des pots de vin. Ce procs devrait se drouler en octobre 2008. Selon les Franais, qui ont toujours affirm que laffaire ne visait pas lAngola et son chef dEtat, les Angolais ont fini par comprendre quen France le judiciaire est indpendant de lexcutif. Des proches de lElyse soulignent que lintrt franais pour lAngola nest pas uniquement motiv par le ptrole mais aussi par la position gostratgique de ce pays, entre Afrique australe et Afrique centrale, par des convergences de vue concernant lintgrit territoriale de la RDC ou du Congo Brazzaville, mais aussi par latout quil constitue pour la Francophonie, puisque beaucoup dAngolais parlent le franais. Au revoir le marxisme, bonjour le libralisme affairiste Sur le plan conomique, le ptrole est pour le moment au cur des changes entre les deux pays, le groupe Total tant le deuxime partenaire de lAngola aprs les Amricains de Chevron/Texaco, quil aimerait dpasser dici quelques annes. Lor noir et ses cours levs mais aussi les diamants rapportent gros lAngola, engag dans la reconstruction aprs une guerre sanglante de plus de vingt-six ans, mme si, selon plusieurs organisations non gouvernementales, cette manne financire nest pas quitablement rpartie et que le rgime fait toujours lobjet daccusations de corruption. Ce qui nempche pas les Etats-Unis et la Chine, principaux importateurs de ptrole angolais, de renforcer leurs relations conomiques avec ce pays qui a renonc au marxisme de lpoque de la guerre froide pour un libralisme affairiste. Les Chinois ont sign plusieurs accords de coopration financire valus plusieurs milliards de dollars, et mme si certains grands travaux, comme la construction ou la rnovation de voies ferres ont subi des retards ou nont pas dmarr, Pkin reste pour les Angolais un partenaire privilgi. LAngola a t admis depuis fin dcembre 2003 dans le groupe des pays qui bnficient des prfrences commerciales accordes leurs exportations vers les Etats-Unis sous le rgime de la Loi sur la croissance et les opportunits conomiques en Afrique (Agoa). Washington, ni personne dautre dailleurs, ninsiste plus pour que lAngola, qui a dsormais beaucoup dargent, ngocie avec le Fonds montaire international. Le prsident Dos Santos rclame depuis 2002 une confrence des donateurs pour permettre la reconstruction de son pays. Mais une telle runion tait tributaire dun accord entre lAngola et le FMI, qui demande la transparence dans les comptes de lEtat, en particulier ceux du secteur ptrolier, tout en admettant que des efforts ont t accomplis. Pour le moment, Luanda soigne son image de marque : lAngola a rejoint lOrganisation des pays exportateurs de ptrole (Opep) et a t lorigine dune Association des pays africains producteurs de diamants. Sur le plan politique, le pays prpare des lections lgislatives pour septembre 2008 qui devraient tre suivies, plus tard, par des prsidentielles que le MPLA semble en passe de gagner : le pouvoir a en effet russi affaiblir lopposition y compris lUnita. | |||
| Marie Joannidis | |||
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