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| 27/05/2008 | |||
| Lavenir de lAfrique en dbat : quel scnario pour les lions ? | |||
| (MFI) Nous avons le devoir de nous retrouver et de discuter des futurs possibles de notre continent. Cest par ces mots que Cheick Modibo Diarra, actuel prsident de Microsoft Afrique, a introduit la confrence qui sest droule le 19 mai 2008 Paris sur le thme : Quels avenirs peut-on envisager pour lAfrique ? Lastrophysicien malien, organisateur de lvnement, avait invit Alioune Sall, directeur de lInstitut des Futurs Africains, venir exposer ses recherches sur les devenirs probables du continent noir. | |||
| Il ny a pas de fatalit qui ferait de lAfrique un spectateur de lHistoire, sexclame Alioune Sall. Prospecter sur lavenir de notre continent nest pas un luxe rserv quelques intellectuels. Cest une exigence pour rduire les incertitudes. Avec 1 milliard 500 millions dhabitants en 2050 (dix fois plus quaujourdhui), une population trs jeune, des ressources naturelles importantes et un vaste territoire, lAfrique aurait tous les atouts pour devenir un centre conomique mondial incontournable. Tel est le constat de dpart des recherches conduites par Alioune Sall et son quipe. Mais, au-del de lexplosion dmographique et des richesses non exploites, les chercheurs pointent du doigt les nombreuses difficults auxquelles doivent faire face les Africains. A commencer par la sant, qui reste un problme majeur. La malaria fait perdre lAfrique 13 milliards de dollars chaque anne, souligne le directeur de lInstitut des Futurs Africains. De plus, la jeunesse du continent peut savrer tre aussi une faiblesse, car elle entrane des besoins sociaux importants. Autres difficults mises en exergue : les rgimes dictatoriaux qui nont pas totalement disparu, la logique rentire qui empche le continent de se lancer dans la comptition mondiale, lextraversion conomique. Face ces ralits, beaucoup dincertitudes subsistent quant au devenir de lAfrique. Celui-ci dpend principalement, selon Alioune Sall, de lvolution des mentalits et des rgimes de gouvernance. Des lions qui marquent leur territoire La logique relationnelle, qui nous fait investir davantage dans le capital social, communautaire, que dans le capital productif, va-t-elle cder la place la logique conomique, faite de comptition ? Allons-nous vers une dmocratisation plus forte ou bien les rgimes prdateurs vont-ils se maintenir au pouvoir ? Ces interrogations, souleves par Alioune Sall, induisent plusieurs scnarios possibles concernant le futur de lAfrique. Le chercheur et son quipe en ont relev quatre. Deux scnarios catastrophe : celui des lions pris au pige , dans lequel lAfrique demeurerait incapable de mettre ses richesses et ses talents au service de ses citoyens, et celui des lions affams , caractris par la prdominance des logiques guerrires. Deux autres plus optimistes : " Les lions sortent de leur territoire " est un scnario dans lequel lAfrique valorise ses productions minires et agricoles, investit fortement dans la science, la formation et dveloppe ses organisations sociales, explique le directeur de lInstitut des Futurs Africains. Le problme de cette situation cest laccroissement des disparits gographiques et sociales et les consquences nfastes sur lenvironnement. Le dfi, selon nous, cest de se dvelopper sans perdre son me. Ce quatrime scnario, nous lavons baptis " les lions marquent leur territoire ". Pour latteindre, il faut, selon Alioune Sall, insuffler des changements dans les modes de vie et de dveloppement. Cest tout fait possible. LAfrique doit faire sa rvolution, sexclame-t-il. Il appartient aux Africains dtre responsables et de faire en sorte que leurs ressources cessent dtre pilles. Aujourdhui des lites se contentent de tirer profit des richesses du continent. Mais une srie de revendications mane de la base et amne les Etats se dire quil faut changer. Nous devons soutenir ces revendications pour que les hommes politiques soient moins soucieux de gagner les prochaines lections que de savoir ce quils vont lguer aux futures gnrations. Autre condition ncessaire : faire le tri dans les valeurs africaines . Car certaines sont peu favorables au dveloppement. Cest le cas, selon le chercheur, du patriarcat. Au contraire la solidarit est, elle, porteuse despoir. Enfin, lAfrique ne pourra sen sortir si elle reste divise entre 53 pays, estime Alioune Sall. Nous devons mettre en commun nos ressources. Les organisations rgionales comme la CEDEAO ou la SADC doivent devenir les piliers de cette intgration. Quant lUnion Africaine, ses structures doivent tre investies par la socit civile. LAfrique est donc en face de plusieurs futurs possibles. Reste savoir quelle direction elle choisira pour avancer. Pour Cheick Modibo Diarra, le scnario les lions marquent leur territoire peut devenir ralit. Il faut sengager, mettre ses ressources dans ce dsir l , lance-t-il la grande assemble runie dans les salons de lhtel Hilton. Car, comme le disait lancien philosophe Snque, pour qui ignore quel port se rendre, aucun vent n'est propice . | |||
| Martin Courcier | |||
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