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15/07/2008
Zimbabwe : la communaut internationale impuissante, les Africains fbriles

(MFI) Mise au dfi de prendre des sanctions contre le prsident Robert Mugabe, rlu dans des conditions contestables, la communaut internationale a une fois de plus fait preuve de son impuissance. Elle sest heurte la rticence de pays comme la Chine et la Russie, soucieux de ne pas interfrer dans des affaires internes dun pays, autant qu celle des dirigeants africains condamner un des leurs. Le prsident sud-africain Thabo Mbeki devrait recevoir, le 18 juillet, le prsident de la Commission de lUnion africaine, Jean Ping, pour linformer des dveloppements dans les ngociations entre le rgime de Harare et lopposition.

Le Conseil de scurit de lOnu a rejet, le 11 juillet 2008, un projet de rsolution visant imposer des sanctions au Zimbabwe, en raison du veto de la Russie et de la Chine. Le projet de rsolution, soutenu notamment par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, et la France, a obtenu une majorit de neuf voix, y compris celle du Burkina Faso, contre cinq dont celles de la Russie et de la Chine mais aussi de lAfrique du Sud, de la Libye et du Vietnam, lIndonsie sabstenant. Le vote ngatif de la Russie et de la Chine, membres permanents du Conseil de scurit, a constitu en fait un exercice du droit de veto.
Le texte prvoyait une interdiction de voyage et le gel des avoirs du prsident zimbabwen et de ses proches officiels, ainsi quun embargo sur les armes. Plac dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, il condamnait la campagne de violence du gouvernement zimbabwen contre lopposition politique et la population civile , exigeait quil mette fin immdiatement aux actes dagression et dintimidation visant les membres et les partisans de lopposition et quil lance sans tarder un dialogue politique entre les partis en vue de parvenir un rglement pacifique conforme la volont du peuple zimbabwen, respectant le rsultat des lections du 29 mars.

Jean Ping Pretoria le 18 juillet

La Russie na pas cach quelle estimait que ladoption dune telle rsolution aurait cr ses yeux un prcdent dangereux permettant au Conseil de scurit dinterfrer dans les affaires internes dautres Etats, en lien avec tels ou tels vnements politiques, notamment les lections . Le ministre russe des Affaires trangres sest aussi catgoriquement lev contre le dsir de certains Etats membres du Conseil de scurit de faire en sorte que cet organe aille au-del de ses prrogatives numres dans sa charte, notamment le maintien de la paix et de la scurit internationales. Nous sommes convaincus que de telles approches sont illgitimes et dangereuses et pourraient bouleverser lquilibre du systme intgral de lOnu , a-t-il affirm, tout en se dfendant de vouloir rompre avec lattitude du G8 qui sest runi dbut juillet au Japon et a dnonc les violences au Zimbabwe.
Le reprsentant de lAfrique du Sud a pour sa part soulign quune mdiation tait en cours sous les auspices de la Communaut de dveloppement de lAfrique australe (SADC), mene par son prsident Thabo Mbeki, entre le rgime de Harare et lopposition. Le chef dEtat sud-africain devait dailleurs recevoir Pretoria le 18 juillet le prsident de la Commission de lUnion africaine (UA), Jean Ping, pour linformer des dveloppements dans ces ngociations.

Thabo Mbeki, attendu Bordeaux le 25 juillet, doit faire vite

La vice-secrtaire gnrale de lOnu Asha-Rose Migiro a toutefois prvenu le Conseil de scurit que la situation au Zimbabwe posait un dfi au monde et dnonc le caractre illgitime des dernires lections prsidentielles. A Charm el-Cheikh lors du sommet de lUnion africaine jai transmis le message du secrtaire gnral selon lequel la crise au Zimbabwe reprsente un moment de vrit pour la dmocratie sur le continent Aujourdhui, je voudrais affirmer au Conseil que le Zimbabwe pose aussi un dfi au monde , a-t-elle dclar.
Elle a soulign que les lections irrgulires qui ont eu lieu au Zimbabwe ont produit un rsultat illgitime et jug que la gravit de la situation et ses consquences pouvaient affecter la paix et la scurit rgionale de faon profonde . Elle a rappel ce propos que le prsident sortant Robert Mugabe avait remport 80 % des voix lors du deuxime tour des lections, aprs tre arriv second au premier tour qui a donn 47,9 % des voix son opposant Morgan Tsvangirai. Ce dernier sest retir du second tour aprs une campagne dintimidation et de violences allant jusquau meurtre de ses partisans.
Mais elle na pas ferm la porte aux ngociations ventuelles, comme le prconise lUnion africaine qui a appel la SADC poursuivre ses efforts de mdiation pour arriver un gouvernement dunion nationale. LOnu est galement proccupe par le nombre grandissant de rfugis qui fuient les violences mais aussi les millions de zimbabwens qui sont dans la plus grande misre.
Des reprsentants du rgime et de lopposition zimbabwens se sont dj runis dans la plus grande discrtion Pretoria mais pour le moment rien de tangible na encore filtr. Seul Robert Mugabe peut se permettre de jouer la carte du temps. Thabo Mbeki, dj critiqu pour trop mnager son voisin, doit faire vite pour obtenir une solution ngocie sil veut arriver avec quelque chose de tangible au prochain sommet entre lUnion europenne et lAfrique du Sud, prvu le 25 juillet Bordeaux sous la prsidence de la France , estime un diplomate europen. Dautant que les Britanniques, qui sont la pointe du combat politique contre Robert Mugabe et son rgime, vont aussi faire le forcing Bordeaux.

Marie Joannidis

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