Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

22/07/2008
Laide publique au dveloppement de la France entre solidarit et rigueur budgtaire

(MFI) La France, un des principaux bailleurs de fonds de lAfrique sub-saharienne, est la croise des chemins en matire daide publique au dveloppement, prise entre ses engagements de solidarit, y compris au sein de lUnion europenne quelle prside actuellement, et les efforts de rforme et de rigueur entrepris pour redresser ses finances.

Pour Jean-Michel Severino, directeur gnral de lAgence franaise de dveloppement (AFD), principal oprateur de laide publique au dveloppement (APD), le gouvernement est face un choix politique unique qui est de savoir comment il va remplacer une baisse ventuelle de cet effort, due lachvement de la plupart des programmes de rduction de dette dans le cadre de linitiative PPTE, comptabiliss dans le calcul de lAPD. Sil ny a pas daccroissement sensible des dotations programmes lAPD, le taux deffort franais en pourcentage du PIB va baisser dans les prochaines annes , estime-t-il.
Ce choix devrait se faire dans les prochaines semaines, dans le cadre de la ngociation du budget 2009-2012, dcid pour la premire fois dans un cadre triennal. Le prsident Nicolas Sarkozy devrait donc arbitrer entre ceux qui souhaitent que la France maintienne ses engagements et progresse, et ceux qui se veulent avant tout les gardiens de lquilibre budgtaire du pays. LAPD franaise a t proche de 0,40 % du PIB en 2008, un peu moins que les 0,43 0,46 % prvus, et le pourcentage devrait baisser rapidement si de nouveaux crdits ne sont pas trouvs.
Depuis llection de Nicolas Sarkozy, la France qui voulait aller plus vite sous la prsidence de Jacques Chirac sest officiellement aligne sur les objectifs de lUE qui sont, notamment, datteindre progressivement les 0,7 % du PIB en matire daide au dveloppement dici 2015.

Une tendance globalement favorable laugmentation malgr les tensions budgtaires

Pour Jean-Michel Severino, la diminution globale de lAPD signale par le Comit daide au dveloppement (CAD) de lOCDE, lie aux rductions de dette, ne devrait pas se poursuivre. Malgr des tensions budgtaires ici ou l, globalement la tendance reste favorable laugmentation de lAPD , affirme-t-il, voquant aussi les donateurs privs qui fournissent dsormais une enveloppe de prs de 50 milliards de dollars contre prs de 100 milliards daide publique. Il ny a pas une atmosphre internationale de rduction de la solidarit , ajoute-t-il, prcisant que la France connat un problme macro-conomique qui nest pas plantaire. Dautant que de nouveaux venus comme les Chinois fournissent en quelque sorte de lAPD, mme si leur aide nest pas comptabilise en tant que telle par le CAD.
Concernant les activits de lAFD, Jean-Michel Severino prcise que le milliard deuros supplmentaires annonc par le nouveau secrtaire dEtat la Coopration, Alain Joyandet, concerne lensemble des activits de lAgence qui sont actuellement de quatre milliards et devrait donc passer cinq milliards deuros en 2009, en instruments concessionnels et non concessionnels y compris les prts bonifis et les subventions qui font partie de lAPD. Mais le tout reste encore prciser et dfinir.
A propos de la dcision du gouvernement de renforcer la tutelle de lEtat sur lAFD, notamment en ce qui concerne la stratgie et la gouvernance, le directeur gnral se montre serein estimant que des liens plus directs viteront des tensions ou des malentendus. LAFD concentre la quasi-totalit des moyens dintervention de la France sur le terrain et la distance, mme symbolique, peut poser problme , admet-il, soulignant que lAgence fait son boulot et ce quon lui dit de faire. Le gouvernement a souhait quAlain Joyandet prside le conseil dadministration de lAFD. Mais le Conseil dEtat a rendu un avis dfavorable, estimant quil tait contraire larticle 23 de la Constitution quun ministre en exercice occupe un emploi public. Il cherche prsent une voie pour que le ministre participe plus directement la gouvernance de lAFD sans occuper un tel poste.

Il nest pas question de faire de laide lie

De mme Jean-Michel Severino minimise tout dsaccord ventuel avec Alain Joyandet concernant lattribution, des tiers non franais et notamment chinois, de marchs sur des projets financs par lAFD. Alain Joyandet souhaite promouvoir les intrts franais en Afrique. En tant que ministre de la Coopration, cest presque un devoir. LAFD souhaite travailler avec les entreprises franaises et entretient une collaboration trs dynamique avec le secteur priv , prcise-t-il, soulignant toutefois quil nest pas question de lier laide.
Il est question de savoir si les entreprises trangres auraient, dans les marchs financs par lAFD, des parts de march qui seraient anormales et prsenteraient un problme par rapport aux intrts stratgiques franais ou lefficacit de laide , dit-il. Il nest pas question quon emporte des marchs financs par lAFD pour de mauvaises raisons environnementales ou sociales, comme limportation excessive de main duvre ou le non respect des droits de lhomme fondamentaux.
Une tude sur les attributions de marchs financs par lAFD en 2007 (prs de 1 100 marchs attribus dans les Etats trangers sur un financement quivalent environ 534 millions deuros) montre que 76 % de ces marchs ont t donns des entreprises locales dans le cadre du dveloppement du tissu conomique local. Les entreprises franaises ou leurs filiales en ont reus 18 %, le reste tant donn des entreprises europennes ou originaires de pays tiers dont peine 1 % la Chine.
Le directeur gnral de lAFD a enfin affirm que lAfrique reste prioritaire dans les activits daide publique de lAFD, en particulier pour 80 % des subventions.

Marie Joannidis

retour