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14/10/2008
Spcial Sommet de Qubec
Clment Duhaime, administrateur de lOIF : Une organisation rnove


(MFI) Entr en fonction dans un contexte budgtaire difficile, en janvier 2006, ladministrateur Clment Duhaime avait pour mission de faire voluer lOIF en tandem avec son Secrtaire gnral Abdou Diouf vers plus dexigences dans sa gestion et plus de cohrence dans son action. Interview.

RFI : La modernisation de lOIF a-t-elle port ses fruits ?

Clment Duhaime : Le Secrtaire gnral ma confi un travail difficile, exigeant. Il ma demand que chaque euro soit bien utilis et que les outils les plus modernes soient mis au service des actions qui ont eu de vrais rsultats mesurables . Nous avons donc rduit nos dpenses voyages, gel des recrutements, regroupement des personnels. De sorte quen deux ans, notre budget a retrouv son quilibre. Nous avons reconstitu notre fonds de rserve et ramen nos frais de fonctionnement moins de 35 % du budget total une diminution de 5 % par an. Ce rythme sera maintenu en 2009 et les sommes dgages rinvesties dans les actions de coopration
qui bnficient dj de la moiti du budget annuel. Je rends hommage au personnel qui a fait confiance au capitaine par temps de brouillard. Le prsident Diouf, qui incarne la fois la voix et le visage de la Francophonie dans ses volets politique mais aussi de coopration, a men le navire bon port : au Sommet de Qubec, chacun va constater cette mini rvolution que constitue la modernisation en douceur de notre Organisation.

RFI : Comment fonctionne dsormais lOIF rnove ?

C.D. : Grce la nouvelle Charte adopte Tananarive en 2005, une premire rforme a permis lan dernier de modifier le barme de nos contributions. Entre celles des plus riches et celles des plus pauvres, nous avons introduit un niveau intermdiaire pour les pays mergents : Maroc, Tunisie, Egypte, Vietnam, etc. Malgr cela, le premier contributeur demeure la France, qui fournit elle seule la moiti des ressources, ce qui est trop, suivie du Canada qui en apporte le quart... Au total, 5 ou 6 pays en fournissent 97 %. La confiance tant retrouve, il sagit maintenant de trouver de largent ailleurs.

RFI : Comment allez-vous vous y prendre ?

C.D. : Notre combat pour la diversit culturelle est tellement moderne quil doit pouvoir mobiliser des fonds plus larges. Notre force rside dans notre carnet dadresses, nos rseaux dexpertises 185 au total, un dans chaque discipline : mdiateurs, avocats, crivains Si nous parvenons mettre en valeur la pertinence de nos projets sur la dure, nous pourrons faire appel des fonds publics et privs, y compris ceux de pays non francophones.

RFI : Quattendez-vous du sommet de Qubec ?

C.D. : Le Secrtaire gnral voulait un sommet du renouveau au niveau de la mthode. Des dclarations brves, fortes, des huis-clos entre chefs dEtats, des tables rondes favorisant les changes. Il les aura. Gouvernance dmocratique et conomique, mise en avant du franais mais aussi dlments nouveaux comme la scurit alimentaire ou la crise financire MM Barroso et Ban Ki-moon seront avec nous. Au total, 55 chefs dEtats, 13 pays observateurs. Un moment exceptionnel, le tout en franais. Loccasion de dmontrer que le franais est une des grandes langues de formation. Nous ne pouvons pas dcevoir les 20 30 pays dAfrique francophone qui lont adopt comme langue officielle. Il faut rpondre leur appel.

RFI : Quels programmes soutenez-vous dsormais ?

C.D. : En filigrane de notre mthode, il sagit dunir les forces passes dans les crneaux dexcellence, et les mettre au service de lavenir. Les expriences inabouties seront rsolument mises de ct. Ainsi, Qubec, nous allons donner une bouffe dair importante nos Centres de lecture les 225 CLAC rpartis dans 18 Etats. Ce programme trs porteur, qui est un ple de dveloppement grce laccs la lecture et la culture, devrait trouver lappui dautres partenaires. Autre projet initi Bucarest, la confrence sur la modernisation de la justice (mars 2008) avec lappui de lUnion europenne et du Canada. Ou encore, avec lappui du Commonwealth et sur financement de Bruxelles, la formation de spcialistes en ngociations commerciales, placs auprs des ministres du commerce des pays ACP ou des organisations rgionales africaines, pour quils soient mieux arms dans les ngociations avec lOMC. Dautres partenariats sont aussi en cours avec lUnesco, lOnudi, lUnitar, etc.

RFI : Quen est-il des projets exprimentaux ?

C.D. : A Bucarest, trois projets pilotes susceptibles dtre reproduits grande chelle ont t lancs. Celui des Jeunes volontaires 40 jeunes, venant de 11 pays, pendant 1 an , a atteint tous ses objectifs et pourrait tre valid par les chefs dEtat Qubec. Le deuxime est issu du constat
confirm par Ban Ki-moon New York en septembre dernier que les OMD en matire dducation ne seront pas atteints. LAfrique subsaharienne a besoin de former 4,5 millions dinstituteurs dici 2015 dont 2 millions en zone francophone. Une formation-pilote est en place pour 2000 instituteurs issus de 4 pays Burundi, Madagascar, Bnin et Hati. Nous en tirerons bientt les consquences grande chelle en mettant autour de la table des bailleurs comme lAFD, la Banque mondiale, etc. Troisimement, les Maisons des savoirs qui rpondent aux besoins des jeunes dfavoriss des banlieues difficiles. Nous avons retenu quatre villes : Chisinau, Hue, Kinshasa et Ouagadougou et sollicit les Maires francophones.

RFI : Quelle est la place de la Francophonie sur la scne internationale ?

C.D. : Le prsident Diouf, par sa personnalit, a hiss lorganisation un rang nouveau. De Bruxelles New York, lOrganisation est respecte par les autres institutions internationales. Nous avons une commission mixte avec lUnesco. Nous sommes en rapport avec la Commission europenne, avec les autres grands ensembles linguistiques, les institutions financires internationales. Linstitution aprs Boutros a reu mandat de respirer et douvrir grand les portes.

RFI : Comment combler le dficit dimage de la Francophonie, notamment par rapport au Commonwealth, mais pas seulement ?

C.D. : Malgr ses perspectives davenir, la question revient. LOrganisation porte encore les marques de prjugs tenaces qui consistent dire quelle milite pour le franais contre langlais. Cest oublier la modernit de ses pres fondateurs quant au dialogue des cultures. Et que lOrganisation est communment choisie par 95 % de ses membres.
Le Secrtaire gnral a men un combat pour que la Francophonie mobilise les autres communauts linguistiques avec la convention pour la diversit culturelle, gagn lUnesco. Cette convention est devenue son cur de mtier, un de nos fondamentaux qui rayonne sur le politique, pour une diversit des systmes politiques dans le respect des droits de lhomme et de la dmocratie.

RFI : Jusquo doit stendre la Francophonie ?

C.D. : Pour le Qubcois que je suis, la langue franaise est une identit. Je ne suis donc pas de ceux qui pensent que llargissement va nous faire disparatre. Mais je suis partisan dun socle solide. Nous runissons le quart des pays membres de lOnu autour dune table, qui se concertent et font bouger les choses. A New York, notre groupe des ambassadeurs a favoris la cration dune commission du multilinguisme. Au niveau de la Commission europenne, Jos Manuel Barroso est un fidle alli de la langue franaise. Mais notre premire force, cest quAbdou Diouf ait pu, pour la premire fois dans un sommet, faire de la langue franaise lenjeu dun dbat. Sans doute a-t-il profit du 400e anniversaire du Qubec Mais il mne une politique proactive pour valoriser le franais dans le respect des autres langues Le franais a un bel avenir quil nous appartient de ne surtout pas mettre sous le boisseau.

Propos recueillis par Antoinette Delafin

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