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14/10/2008
Spcial Sommet de Qubec
La Francophonie lheure de lconomie


(MFI) Organisation essentiellement culturelle et politique, la Francophonie veut aussi faire entendre sa voix sur la scne conomique internationale malgr la faiblesse de ses moyens propres et la disparit de ses membres du Nord, du Sud et du groupe dits des pays mergents.

Si les crises financires et alimentaires mondiales seront au centre des dbats du XIIe sommet de lOrganisation internationale de la Francophonie (OIF) Qubec, les discussions sur la gouvernance conomique tenteront de donner une impulsion nouvelle cet espace conomique qui reprsente 12,6 % de la population mondiale, 12 % de son revenu et 19 % de lensemble des changes commerciaux internationaux. Dautant plus quen marge du sommet, les seize chefs dtat membres de lOrganisation pour lharmonisation en Afrique du droit des affaires, lOhada, se retrouveront le 17 octobre pour prendre des dcisions sur les trois dossiers essentiels son fonctionnement : la mise en uvre dun mcanisme autonome de financements, le choix et la dsignation des hauts responsables des institutions et la rvision du trait de Port-Louis sign le 17 octobre 1993. Cette runion, prvue depuis 2005, navait jamais pu avoir lieu. Elle est laboutissement des efforts du secrtaire gnral de lOIF, Abdou Diouf, ancien chef dEtat sngalais, et de ceux de lactuel prsident Abdoulaye Wade, dont le pays assure en 2008 la prsidence du conseil des ministres de lOhada.

LOhada, bien au-del de la Zone franc

LOhada regroupe lheure actuelle seize Etats : le Bnin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Rpublique centrafricaine, la Cte dIvoire, le Congo, les Comores, le Gabon, la Guine, la Guine-Bissau, la Guine-Equatoriale, le Mali, le Niger, le Sngal, le Tchad et le Togo. Le trait est toutefois ouvert ladhsion de tout Etat membre de lUnion africaine (UA) et au-del, invit y adhrer du commun accord de toutes les parties. Son domaine gographique dpasse donc les frontires de la Zone Franc et de laire linguistique francophone puisque la Guine (non membre de la Zone franc), la Guine-Bissau, lusophone, et la Guine-Equatoriale, hispanophone, en font dj partie. Le Trait a pour objectif de favoriser le dveloppement conomique et lintgration rgionale en dotant les Etats-parties dun droit des affaires unique et simplifi, offrant la scurit juridique et judiciaire ncessaire lensemble des acteurs conomiques. Il permet aussi dassurer la promotion de larbitrage comme instrument privilgi de rglement des diffrends contractuels.
Concernant la direction des organes de lOhada, il sagit de ractualiser la dcision prise peu aprs la mise en uvre de lorganisation dattribuer les postes un certain nombre de pays choisis davance. Car ces Arrangements dits de Ndjamena , adopts en avril 1996 pour assurer le fonctionnement rapide des instances permanentes et qui devraient tre supprims, ont pos des problmes de comptence et cr des frustrations de plus en plus grandes parmi les autres pays membres. Les chefs dEtat doivent aussi dfinir les attributions et la priodicit des runions de la Confrence des chefs dEtat et de gouvernement et discuter de la question de la langue de rfrence du trait, qui restera le franais avec trois langues de travail, anglais, espagnol et portugais. Enfin, ils devront se prononcer sur laugmentation du nombre des juges de la Cour commune de justice et darbitrage (CCJA) sans pour autant quil en ait un par pays membre de lOhada, ce qui en ferait de simples reprsentants de leur Etat.

Fdrer les acteurs conomiques des pays membres

LOIF, qui soccupe dj de formation dans le domaine commercial et dassistance technique, travaille galement dans le domaine conomique avec un ensemble de partenaires et de rseaux. Ainsi, le Forum francophone des Affaires (FFA) tente de fdrer les acteurs conomiques des pays membres et de faciliter les changes entre acteurs conomiques publics et privs dans les pays arabophones, francophones, hispanophones et lusophones. Abdou Diouf lui-mme a par ailleurs particip en mai dernier la Rencontre internationale de la Francophonie conomique (RIFE) organise par la Chambre de commerce de Qubec et ses partenaires du secteur priv.
Pour lOIF, la solidarit, principe fondateur de la Francophonie , qui runit des tats du Nord, des tats du Sud ainsi que des pays mergents, doit tre accompagne par la cration de richesses, objectif qui ne peut tre atteint sans le dynamisme et la comptitivit des entreprises au plan national, rgional et international. En allant donc la rencontre du secteur priv, Abdou Diouf a soulign la volont de son organisation dengager de nouvelles actions en faveur des acteurs de lconomie, crateurs demplois directs.
On souligne toutefois de source informe quune position francophone unique au sein des organisations financires internationales est impossible en raison des disparits mais que lOIF peut aider les pays du Sud non seulement prendre part aux grandes ngociations (commerce ou environnement par exemple) mais aussi laborer des stratgies sur le plan rgional, voire intercontinental, propos de points cibls comme cela t le cas pour les producteurs de coton africains au sein de lOMC.
On estime toutefois, de mme source, que les pays membres de la Francophonie ne sont pas encore prts se doter dune Socit dinvestissement sinspirant du Fonds de solidarit du Qubec. De mme, des rserves existent aussi bien sur lInitiative de transparence des industries extractives (ITIE) que sur celle concernant la Responsabilit sociale des entreprises (RSE). Personne ne refuse lITIE, mais les pays qui nont pas dindustrie extractive comme le Vietnam ne se sentent pas concerns et pensent que ce nest pas un sujet pour la Francophonie puisquil ne concerne quun nombre limit de pays qui, dailleurs, lont dj adopt officiellement , souligne un responsable. Quant la RSE, sil y a un accord de principe, les pays du Sud mettent en garde contre une manire dguise driger des barrires non tarifaires qui freineraient la diversification de leur conomie et leurs exportations vers les pays du Nord. Ils se disent prts accepter une aide pour laborer des chartes RSE afin davoir des rgles de bon fonctionnement des entreprises, condition que celles-ci soient labores en tenant compte des spcificits locales.

Marie Joannidis

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