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21/10/2008
Politique des Etats-Unis en Afrique
Ce que les candidats la Maison blanche ne changeront pas


(MFI) Si les Etats-Unis entretiennent avec lAfrique des relations anciennes et parfois difficiles, les lections prsidentielles amricaines ont enflamm les opinions travers le continent, du fait de la candidature du dmocrate Barack Obama dont le pre est knyan. Mais que ce soit lui ou son rival rpublicain John McCain qui lemporte le 4 novembre prochain, la politique amricaine en Afrique ne devrait pas tre fondamentalement remise en question.

Si les opinions publiques, travers le continent, estiment que lventuelle victoire du dmocrate Barack Obama, issu dun pre noir knyan et dune mre amricaine blanche, reprsenterait une revanche sur le pass colonial et esclavagiste, de nombreux experts pensent quaucun des deux candidats ne changera radicalement de politique mme si leurs approches sont diffrentes. Certains dirigeants africains nont donc pas manqu de temprer lenthousiasme exprim. Ainsi le prsident sngalais Abdoulaye Wade, qui a salu linvestiture du jeune snateur de lIllinois par le Parti dmocrate en parlant de rvolution dans les mentalits aux Etats-Unis , a rappel quun Amricain, cest un Amricain . Ce qui nempche pas lAfrique de continuer se fliciter de linvestiture de Barack Obama.
Notre fils la tte de la superpuissance amricaine, crit le quotidien de Nairobi Daily Metro, avec une photo pleine page du snateur, souriant, le bras lev en signe de victoire. Moment historique assure de son ct The Nation, qui explique lhystrie pro-Obama au Kenya par la fiert raciale et ethnique quun homme noir puisse devenir le roi de lempire tout en ayant gard des attaches en Afrique.
Pour la presse sud-africaine, la candidature de M. Obama premier mtis de lhistoire amricaine avoir une chance de gagner la prsidentielle est dores et dj un moment dcisif , qui reflte la croissance phnomnale de la tolrance en Amrique . La presse camerounaise estime que le snateur dmocrate est le symbole de la nouvelle socit amricaine, o les conditions raciales deviennent une proccupation secondaire pour certains . Les journaux algriens embotent le pas, mme sils estiment que les vieux dmons ne sont pas totalement anantis . LAfrique, souligne pour sa part un ditorialiste thiopien, a besoin dune Amrique capable de vivre en accord avec ses principes fondateurs, une Amrique qui contribuera lradication de la situation de profonde oppression qui existe dans chaque coin de notre continent.

Les trois objectifs dObama pour lAfrique

Les deux hommes qui se disputent le vote des Amricains y compris celui des Afro-Amricains, traditionnellement pro-dmocrate ont exprim leur intrt pour lAfrique, sans pour autant se dmarquer notablement de la politique suivie par George W. Bush pendant ses huit ans au pouvoir. Celle-ci a finalement t assez favorablement accueillie par les Africains, dautant plus quil ny a pas eu dintervention militaire amricaine sur le terrain, lexception dune unit symbolique au Liberia, malgr les menaces profres contre le Soudan propos du Darfour et contre la Somalie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Barack Obama, qui a effectu une visite officielle en Afrique en 2006, y compris au Kenya, a invit les dirigeants du continent respecter davantage les droits et les rgles dmocratiques et a mis en garde les Afro-Amricains contre une attitude ambigu envers lAfrique.

Selon un de ses conseillers, Barack Obama a trois objectifs concernant lAfrique : acclrer son intgration dans lconomie globale, promouvoir la paix et la scurit des pays africains et renforcer les relations entre les gouvernements, institutions et groupes de la socit civile engags dans la dmocratisation, la transparence et la rduction de la pauvret. Pour lui, le Darfour reste un des dossiers prioritaires, la Somalie aussi.


McCain veut radiquer dAfrique le paludisme

Pour John McCain, qui veut liminer la malaria du continent africain, le libralisme conomique reste un des fondements de sa politique africaine, accompagn dune rduction des subventions agricoles qui pnalisent, selon lui aussi bien les consommateurs amricains que les fermiers africains. Il prconise un rle plus actif des Etats-Unis concernant le Soudan ou le Zimbabwe dans le cadre de la Ligue des dmocraties quil veut crer pour pallier aux insuffisances de lOnu et aux limites de lOtan. Les deux hommes nenvisagent cependant pas de remettre en question la politique de ces dernires annes.
Ainsi depuis son arrive au pouvoir en 2001, ladministration Bush a doubl laide des tats-Unis lAfrique, qui est passe de 10 milliards en 2000 23 milliards de dollars en 2006. En 2003, lorsque George W. Bush a effectu sa premire tourne en Afrique, seulement 50 000 Africains recevaient des mdicaments contre le sida. Grce au Plan daide durgence la lutte contre le sida (PEPFAR), ils sont maintenant plus de 1,3 million. Outre une initiative pour lducation, les Etats-Unis restent aussi le premier fournisseur daide alimentaire. Le prsident amricain a aussi cr la Millenium Challenge Corporation (socit du compte du millnaire) qui a pour mission de rduire la pauvret lchelle mondiale en favorisant une croissance conomique durable. Quelque 23 pays africains figurent sur la liste des 63 pays habilits soumettre des propositions des fins de financement, condition que leur gouvernement soit quitable et quils luttent contre la corruption, investissent dans lducation et la sant de leurs ressortissants et favorisent la libert conomique , selon des responsables de Washington.
Et mme si les Etats-Unis nont pas honor toutes les promesses faites en matire daide au dveloppement, ils restent le principal donateur en montant absolu ; en outre, laccent mis sur la sant, lducation et la lutte contre le terrorisme, surtout dans le Sahel et la Corne de lAfrique, trouve un cho favorable sur le continent. Ainsi les Etats-Unis, qui disposent dune base militaire Djibouti, en face des pays du Golfe, ont dcid de crer un nouveau centre de commandement pour lAfrique, baptis Africom, charg de coordonner les aspects militaires et scuritaires dans lensemble du continent. Son sige, qui se trouve en Europe pour ne pas indisposer les Africains ou tre accus de favoritisme, a t inaugur le 17 octobre 2008.

Marie Joannidis

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