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18/11/2008
Rpublique dmocratique du Congo
Casse-tte sanglant pour la communaut internationale


(MFI) La reprise des combats dans lest de la Rpublique dmocratique du Congo, avec sa cohorte sanglante de victimes et de dplacs civils mais aussi ses menaces sur la stabilit rgionale qui reste fragile, constitue un vritable casse-tte pour la communaut internationale qui, malgr sa mobilisation, narrive pas faire taire les armes dans le Nord-Kivu. Et ce malgr la prsence des quelque 17 000 casques bleus de la Monuc, la plus importante force de lOnu dploye dans le monde. Le Conseil de scurit de lOnu reviendra sur le sujet le 26 novembre prochain.

Les rebelles du chef tutsi Laurent Nkunda, qui dirige le Congrs national pour la dfense du Peuple (CNDP) et se prsente notamment comme un dfenseur de la communaut tutsi congolaise, sont actifs depuis plusieurs annes dans lest de la Rpublique dmocratique du Congo (RDC). Depuis la fin aot, les combats ont repris entre larme et le CNDP, en violation dun cessez-le-feu conclu en janvier 2008. Ces combats ont provoqu une situation humanitaire catastrophique : plus de 250 000 personnes ont t jetes sur les routes, et des dizaines de milliers dentre elles sont hors de porte des organisations humanitaires cause de linscurit. Limplication directe du Rwanda voisin, fortement souponn de droit de regard sur cette rgion et ses richesses, mais aussi de vouloir liquider les anciens auteurs du gnocide de 1994 toujours en libert et en activit, nest pas formellement prouve.
Plusieurs facteurs freinent dventuelles interventions muscles extrieures pour ramener la paix. Par le pass, il y eut celles de lAngola, de la Namibie et du Zimbabwe en 1998 pour soutenir le rgime de Laurent-Dsir Kabila le pre de lactuel chef de lEtat Joseph Kabila contre des rbellions appuyes par le Rwanda et lOuganda. Ou bien lopration Artemis en 2003, Bunia dans lIturi (Nord-Est du pays), premire opration sous commandement franais de lUnion europenne hors de lEurope et sans recours lOtan.

Des conseillers militaires angolais font souvent le va-et-vient

Pour le moment, Luanda a ni tout projet dintervention mme si, selon des sources informes, des conseillers militaires angolais font souvent le va-et-vient. Dautant plus, soulignent des observateurs diplomatiques, que lAngola refuse de simpliquer tout seul et que le Nord-Kivu est bien loign de ses frontires et que, par ailleurs, le reste du pays na pas t touch, mme si la dbandade des troupes gouvernementales doit et inquite les bailleurs de fonds qui ont beaucoup fait pour stabiliser la RDC.
Quant lUnion europenne, elle sest trouve divise quant lopportunit de lenvoi dune force militaire, la France qui la prside actuellement stant rsigne utiliser la diplomatie, parler daide humanitaire pour les rfugis et renforcer les troupes de la Monuc. Le prsident franais Nicolas Sarkozy sest entretenu au tlphone aussi bien avec Joseph Kabila quavec le prsident rwandais Paul Kagam, mais aussi avec son homologue angolais Jos Eduardo Dos Santos avec lequel il partage la mme analyse de la crise et a convenu de poursuivre une concertation troite , selon lElyse. Nicolas Sarkozy a aussi russi persuader le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui tait rticent, daccepter le renforcement de 3 000 hommes de la Monuc, condition, selon les Britanniques, den amliorer le commandement et lquipement. Pour Londres, ce sont les pays dj sur le terrain (dont lInde et le Pakistan) qui devraient fournir des troupes supplmentaires mais l aussi, selon des sources informes, Indiens et Pakistanais qui ont par ailleurs de nombreux contentieux ne paraissent pas tout fait daccord.
Paralllement la France a multipli les dmarches diplomatiques. Le secrtaire dEtat charg de la Coopration et de la Francophonie, Alain Joyandet, a particip au sommet international sur la situation dans lEst de la RDC qui sest tenu le 7 novembre Nairobi linvitation du prsident Mwai Kibaki, prsident en exercice de la Confrence internationale sur la rgion des Grands Lacs, et du prsident Jakaya Kikwete, prsident en exercice de lUnion africaine. Les prsidents congolais Kabila et rwandais Kagam ont particip cette runion de mme que le Secrtaire gnral des Nations unies, Ban ki-Moon, et plusieurs autres chefs dEtat africains.
La visite dAlain Joyandet sest inscrite dans le prolongement des efforts conduits par la prsidence du Conseil de lUnion europenne pour permettre un rglement de la crise. Ainsi le ministre franais des Affaires trangres Bernard Kouchner sest rendu dbut novembre Kinshasa, Goma la capitale provinciale du Nord-Kivu , Kigali et Dar-es-salam en compagnie de son homologue britannique David Miliband pour souligner la ncessit dapaiser les tensions dans lEst du pays.
Le sommet de Nairobi avait pour sa part comme objectif la relance des processus de paix de Nairobi (novembre 2007) et de Goma (janvier 2008) qui constituent le cadre pour le rglement du problme des groupes arms illgaux oprant dans lEst de la RDC. Deux mdiateurs avaient t nomms : les anciens prsidents du Nigeria Olusegun Obasanjo qui a rencontr le gnral rebelle et de Tanzanie Benjamin Mkapa. Mais les engagements pris par Laurent Nkunda nont pas t respects.
De son ct la Communaut de dveloppement de lAfrique australe (SADC) sest dclare prte envoyer des troupes pour assurer le maintien de la paix. Certains observateurs stonnent toutefois de lattitude rserve de Joseph Kabila qui, par exemple, na pas formellement demand le soutien de la Communaut conomique des Etats dAfrique centrale (CEEAC) que prside actuellement la RDC. Enfin le Conseil de scurit de lOnu a prvu de nouvelles discussions sur la RDC le 26 novembre prochain.

Marie Joannidis

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