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13/01/2009
Questions internationales (2)
Les dfis internationaux de Barack Obama


(MFI) Retrait militaire dIrak, dialogue avec lIran, conflit isralo-palestinien, reprise des relations avec lEurope Lagenda diplomatique qui attend Barack Obama est imposant. Pour les observateurs, le seul fait que le nouveau prsident ne soit pas George Bush promet une lune de miel entre les Etats-Unis et le reste du monde, au cours de laquelle le locataire de la Maison-Blanche pourrait faire progresser quelques dossiers sensibles. Mme si Barack Obama a t lu pour dfendre les intrts des Etats-Unis, et non ceux des autres pays.

De lIrak lAfghanistan

Barack Obama na jamais fait mystre de son opposition la guerre en Irak. Durant sa campagne lectorale, il sest engag retirer les units combattantes du pays dici juin 2010. Son travail sera facilit par laccord conclu entre Washington et Bagdad le 16 novembre 2008, qui prvoit un retrait militaire amricain total de lancienne Msopotamie dici dcembre 2011. Comme il lavait dclar en juillet dernier : Au premier jour de ma prsidence, je convoquerai ltat-major interarmes et je lui assignerai une nouvelle mission : mettre un terme cette guerre de manire responsable, pose et dtermine. Mais le dossier reste dlicat. Barack Obama na pas prcis le rythme ni le calendrier exact de ce retrait des troupes de combat. Surtout, il estime ncessaire tout comme le gouvernement irakien de maintenir Bagdad des forces charges de la lutte antiterroriste et de la formation de larme irakienne. A dfaut, le pays risquerait de basculer nouveau dans la guerre civile. Jusqu prsent, le nouvel hte de la Maison-Blanche na pas chiffr cette prsence militaire rsiduelle. Les spcialistes voquent une fourchette allant de 30 000 50 000 hommes, qui devront rester au-del de dcembre 2011. Un nouvel accord avec Bagdad sera donc ncessaire.
Si Barack Obama veut allger la prsence militaire amricaine en Irak, cest pour mieux la renforcer en Afghanistan, le vrai front de la guerre contre le terrorisme , selon le prsident lu. Les Etats-Unis comptent actuellement 34 000 soldats Kaboul ; entre 20 et 30 000 autres devraient tre dploys dans les prochains mois. Une stratgie qui pose plusieurs questions. Faut-il ngocier avec les talibans ? Le prsident afghan, Hamid Karza, semble sy rsoudre. Loption est pour linstant exclue Washington. Quelle attitude adopter face au Pakistan ? Les talibans et Al-Qada ont fait des zones tribales pakistanaises leur sanctuaire, avec le consentement tacite dIslamabad. Barack Obama sest dit prt lancer des attaques en territoire pakistanais si je dispose dinformations permettant de localiser les leaders terroristes . Selon lamiral Michael Mullen, le chef dtat-major amricain : Si on nlimine pas leurs bases de repli au Pakistan, nos ennemis vont constamment nous tomber dessus. Cette politique risque dentamer trs vite la popularit de Barack Obama dans le monde musulman. Elle pourrait aussi fragiliser le nouveau gouvernement civil pakistanais qui semble davantage dtermin mais avec quels moyens ? lutter contre le terrorisme et la prsence de talibans sur son territoire. Le lancement dattaques en territoire pakistanais pourrait donc tre remis plus tard. Dernire question : quid du rle de lOtan ? Barack Obama souhaite que les Europens sengagent militairement davantage en Afghanistan. Un scnario qui ne sduit pas les nations dj prsentes Kaboul. Si le Vieux continent attend beaucoup du nouveau prsident amricain, ce dossier pourrait tre le premier mettre les relations transatlantiques lpreuve.

Crer une nouvelle dynamique au Proche-Orient

Lexpression nouvelle dynamique , employe par Barack Obama pendant sa campagne lectorale, est moins galvaude quil ny parat. Elle signifie la volont de miser davantage sur la diplomatie que sur lusage de la force. Et elle atteste de la conviction quun cercle vertueux peut tre enclench, un progrs sur un dossier (Iran, Palestine, Liban) ayant un effet dentranement sur les autres.
Loffensive isralienne contre Gaza impose plus tt que prvu la Maison-Blanche le dossier palestinien. Certes, Barack Obama na jamais ni la centralit de la question isralo-palestinienne . Mais il esprait pouvoir attendre les lections lgislatives de fvrier, puis la mise en place dun nouveau gouvernement Tel-Aviv pour intervenir sur un sujet sur lequel ses ides semblent floues. Lors de sa campagne, il avait dabord paru adopter une position assez quilibre entre les protagonistes, avant dvoquer Jrusalem, capitale indivisible dIsral , revenant ainsi la politique habituelle des Etats-Unis sur le sujet. De mme avait-t-il exclu de discuter directement avec le Hamas. Depuis le dclenchement de loffensive isralienne le 27 dcembre, Barack Obama observe un mutisme prudent, affirmant quil ne peut pas y avoir deux administrations amricaines la fois . Il stait pourtant exprim aprs les attentats de Bombay et a dj prsent au Congrs son plan de relance conomique. En ralit, les Etats-Unis conserveront des relations privilgies avec lEtat hbreu. Tout au plus Barack Obama se montrera-t-il plus vigilant sur lextension de nouvelles colonies ou sur dventuels abus de Tsahal. On dit aussi que des contacts discrets et non-officiels pourraient tre pris avec le Hamas aprs le 20 janvier. Mais il ne faut pas sattendre un virage 180 de la politique amricaine dans la rgion. Comme le souligne, dans Time Magazine, Anthony Cordesman, chercheur au Centre dtudes stratgiques et internationales (Washington) : Loffensive isralienne contre Gaza a peut-tre comme objectif secondaire de dissuader le nouveau locataire de la Maison-Blanche de prendre ce dossier bras-le-corps. Au demeurant, que peut faire Barack Obama qui na pas dj t tent ? Il devra viter les erreurs de ses deux prdcesseurs : attendre, comme Bill Clinton, dtre en fin de mandat pour tenter un coup de poker, et se tenir autant que possible lcart du dossier comme George Bush.

Lobjectif iranien

Si le conflit isralo-palestinien ne constituait pas la premire des priorits de Barack Obama, il en va diffremment des ambitions nuclaires de lIran. Le prsident dmocrate sest dclar prt discuter sans condition avec Thran, comme avec tous les ennemis de lAmrique . Une ide qui ne sduit gure Tel- Aviv. Entamer un dialogue avec lIran nuira aux efforts faits pour convaincre Thran de revenir sur son programme atomique , a dclar Tzipi Livni, la ministre isralienne des Affaires trangres. Mais pour Richard Holbrooke, ancien ambassadeur amricain lOnu : Cest au contraire une stratgie trs intelligente. De telles ngociations bnficieront toute la rgion. Et si lIran refuse douvrir des pourparlers srieux avec Washington, son isolement international sen trouvera accru et les Etats-Unis renforceront leur position.
Vouloir ngocier avec le rgime des mollahs nest pas un aveu de faiblesse de la part de Barack Obama. Ce dernier reste strictement oppos au dveloppement du programme nuclaire iranien, et il a averti que Thran serait ray de la carte sil attaquait Isral ; loption militaire nest donc pas abandonne.
Barack Obama souhaite dailleurs recruter 92 000 soldats supplmentaires et il a conserv comme secrtaire la Dfense Robert Gates, dj en poste sous George Bush. Mais le nouveau prsident amricain se dit persuad que seule une offre politique peut faire renoncer Thran larme nuclaire. Il entend donc changer ce renoncement contre la reconnaissance du rgime des mollahs et la promesse que les Etats-Unis ne chercheront pas labattre. Amliorer les relations amricano-iraniennes pourrait aussi permettre de pacifier la situation en Irak, au Liban, en Syrie et avec le Hamas palestinien.

Oser le multilatralisme.

Larrive de Barack Obama la Maison-Blanche ne sera pas synonyme dmergence dun monde multipolaire. Les Etats-Unis restent et resteront la premire puissance mondiale. Mais les partenaires de Washington Union europenne, Russie, Chine, Japon esprent un renouveau du dialogue transatlantique et une plus grande coopration quau temps de George Bush. Mme si Barack Obama a t lu pour dfendre les intrts des Etats-Unis, non ceux du reste du monde. Comme le confiait au quotidien Le Monde Zbigniew Brzezinski, lancien conseiller diplomatique de Jimmy Carter : Obama doit imposer trs vite sa vision du monde. Cela passe par une revitalisation des relations avec lEurope, mais aussi avec la Chine et la Russie. Nous devons arrter de prendre des dcisions seuls. Chercheuse lInstitute of World Affairs, Judith Kipper ajoute : Les premiers mois de la prsidence Obama vont voir une lune de miel entre lAmrique et le reste du monde. Aprs, larealpolitik reprendra ses droits. Dans les 100 jours suivant sa prise de fonction, le prsident devrait prononcer une adresse au monde musulman pour amliorer les relations actuelles et carter toute ide de choc des civilisations. Le simple fait quil ne soit pas George Bush lui donne une chance de raliser un certain nombre davances.
Les dossiers sensibles qui attendent Barack Obama sont nombreux : lIrak, lIran, le conflit isralo-palestinien, on la vu ; mais aussi la politique nuclaire de la Core du Nord, le rtablissement ou non des relations avec Cuba, le sort du Darfour, les drives autoritaires de la Russie, les ngociations commerciales lOrganisation mondiale du commerce (OMC), limmigration clandestine depuis lAmrique centrale Sur tous ces sujets, associer aux discussions dautres pays, ou au moins les informer pralablement, sera gage defficacit tout en renforant limage des Etats-Unis dans le monde , veut croire Judith Kipper.
Sans attendre son entre en fonction, Dmitri Medvedev, le prsident russe, a dfi Barack Obama en annonant le dploiement de missiles dans lenclave de Kaliningrad, en rponse au projet de bouclier antimissile amricain. Il est probable que le chef du Kremlin ne sera pas le dernier tester ainsi la dtermination du nouveau locataire de la Maison-Blanche.

Jean Piel

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