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17/02/2009
Accords militaires, sommets, ambassades
France-Afrique : rformes et rigueur budgtaire au menu


(MFI) Les rformes tant militaires que diplomatiques annonces par le prsident Nicolas Sarkozy, dans un souci la fois de meilleure gestion et de rigueur financire, ont commenc prendre forme dbut 2009 et touchent directement les relations franco-africaines.

Le Premier ministre Franois Fillon a annonc un allgement, dans les prochains mois, de plus de 2 000 hommes de la prsence militaire franaise en Afrique, soit une rduction dau moins mille soldats dploys au Tchad, et la rduction de moiti du contingent de 1 800 soldats de la force Licorne en Cte dIvoire o la situation se normalise. Le Tchad, la Rpublique centrafricaine, la Cte dIvoire, le Liban et le Kosovo reprsentent 68 % des 13 290 militaires franais dploys dans 33 oprations extrieures. Une rduction de 20 % des effectifs globaux permettrait dconomiser de 100 150 millions deuros par an sur des oprations dont le montant a approch les 900 millions deuros en 2008, selon le ministre de la Dfense.
Ce redploiement intervient dans un contexte marqu par le retour de la France dans les structures militaires de lOrganisation du Trait de lAtlantique-Nord (Otan) et les conclusions du Livre blanc de la dfense publi en juin 2008. Celui-ci prconise la concentration des forces franaises sur un axe gographique prioritaire, allant de lAtlantique jusqu la Mditerrane, au golfe Arabo-persique et locan Indien. Cet axe correspond aux zones o les risques impliquant les intrts stratgiques de la France et de lEurope sont les plus levs. Il permet aussi de prendre en compte limportance croissante de lAsie pour la scurit internationale, et favorise des actions de prsence et de coopration dans cette direction partir de locan Indien.


Des accords de coopration militaire valables cinq ans

LAfrique nest toutefois pas abandonne pour autant : le Livre blanc prvoit une capacit de prvention et daction sur les faades occidentale et orientale du continent ainsi que dans la bande sahlienne, notamment pour lutter contre les trafics ou les actes de terrorisme. Dans ce cadre, Paris est en train de rengocier les accords de dfense quelle a avec huit pays africains Cameroun, Rpublique centrafricaine, Comores, Cte dIvoire, Djibouti, Gabon, Sngal et Togo. Au Tchad, il ny a pas daccord de dfense en tant que tel, mais le dispositif Epervier, datant de 1986, les forces franaises assurant des missions conformes laccord de coopration bilatrale sign entre la France et le Tchad.
Nous allons remplacer tout cela en commenant par le Togo par des accords de coopration militaire valables cinq ans, qui seront probablement renouvelables , indique-t-on de source informe Paris. On prcise que ces nouveaux accords sont ngocis avec les partenaires africains et quils seront prsents en toute transparence au parlement franais et quils visent appuyer la dfense collective africaine.
Concernant les bases militaires franaises en Afrique, si le Livre blanc en prconise deux, on estime Paris quon nest pas loin du compte puisquil y en a trois : Dakar, Djibouti et Libreville, la Runion servant lAfrique australe et la France lAfrique du Nord. Ainsi pour le moment ce dispositif sert de point dappui aux brigades prvues par lUnion africaine lhorizon 2010. La France a aussi europanis son dispositif Recamp de formation au maintien de la paix, et a russi coopter des partenaires plus lointains comme le Canada ou le Japon.
Le prsident franais avait annonc cette transformation du dispositif franais ds sa campagne prsidentielle mais la fait de faon formelle lors dune visite officielle en Afrique du Sud, prcisant que Paris avait lintention de rengocier tous les accords militaires en Afrique . Il ne sagit pas dun dsengagement de la France en Afrique. Je souhaite au contraire que la France sengage davantage aux cts de lUnion africaine pour construire le systme de scurit collective dont lAfrique a besoin car la scurit de lAfrique cest dabord naturellement laffaire des Africains , avait-il dclar.

Vers une classification des ambassades

Autre nouveaut, la rforme du ministre des Affaires trangres et la classification des ambassades, dans le cadre de la Rvision gnrale des politiques publiques (RGPP). La mise en uvre de la RGPP au Quai dOrsay consiste, pour lessentiel, mieux hirarchiser dans un dlai de trois ans les moyens dploys ltranger, et donc distinguer trois groupes pour les 160 ambassades existantes : une trentaine dambassades polyvalentes, une centaine dambassades missions prioritaires et une trentaine de postes de prsence diplomatique aux effectifs trs rduits. Parmi les grosses ambassades passes au crible figure celle de Dakar au Sngal, qui arrive au troisime rang en termes deffectifs aprs les Etats-Unis et le Maroc. Ou celle de Libreville au Gabon, qui compterait, selon certains diplomates, plus deffectifs que celle du Japon.
Le but de la nouvelle catgorisation des ambassades est simple : adapter les structures aux priorits de la France. Les postes les plus importants couvriront toute la gamme des fonctions de ltat ltranger : politique, consulat, conomie, scurit, coopration et action culturelle. Les deuximes se concentreront sur certains objectifs lis la situation particulire dun pays. Ces ambassades auront un certain nombre dobjectifs bien dfinis, en adaptant leurs effectifs en consquence . Les postes de prsence , enfin, seront les moins dots en moyens et personnel. Ils correspondent aux petites ambassades actuelles, comme certaines implantes en Amrique latine. L sera privilgie la diplomatie dinfluence et lentretien dun rseau de contacts en assurant une ou deux missions. La mesure est plus budgtaire que politique , souligne toutefois un diplomate chevronn.
Autre changement majeur au Quai dOrsay, la cration dune Direction des affaires mondiales qui englobera la Direction gnrale de la coopration et du dveloppement (DGCID, elle-mme ne de la fusion, en 1996, du ministre des Affaires trangres avec le ministre de la Coopration), la Direction conomique et une partie de la Direction des Nations unies charge de suivre les grands dossiers dans les domaines conomiques, environnementaux, culturels et de dveloppement. Une telle structure qui reste vague suscite toutefois de nombreuses rserves de la part de nombreux diplomates qui attendent den voir les ralisations concrtes.
LAgence franaise de dveloppement, elle, voit son rle sur le terrain renforc. Mais, face au rejet par le Conseil dEtat de lide de placer directement sa tte le Secrtaire dEtat la Coopration, procd jug inconstitutionnel, il a t dcid de crer un comit dorientation stratgique sous lautorit de celui-ci pour superviser les activits de lagence. La RGPP avait prconis le renforcement de la tutelle stratgique de ltat sur lAFD, principal oprateur de laide publique au dveloppement.
Enfin, en consultation avec les dirigeants africains qui restent demandeurs de telles runions, Paris a dcid de changer la formule des sommets franco-africains qui existent depuis 1973. Ainsi lambassadrice Louise Avon, charge par le prsident franais dune mission de rflexion sur la rnovation de ces sommets, sest dj rendue au Sngal pour consultation. Le prsident Nicolas Sarkozy et le ministre des Affaires trangres, Bernard Kouchner veulent donner une impulsion plus moderne et plus concrte aux futurs sommets France-Afrique, a-t-elle expliqu. Le monde, lAfrique, la France ont beaucoup chang. Il sagit en fait, indique-t-on de source informe, dy associer la socit civile et le monde des affaires.

Marie Joannidis

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