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10/03/2009 | |||
Mines antipersonnel : des progrs mais la lutte continue | |||
(MFI) La lutte pour la destruction des mines qui continuent faire et feront longtemps des milliers de victimes, se poursuit travers la plante. Car les efforts accomplis depuis dix ans pour se dbarrasser de ce flau, souvent qualifi darme du pauvre mais qui en fait a t utilis par tous, restent insuffisants. | |||
Cest en se flicitant de laction accomplie et des efforts massifs en cours, par exemple en Afghanistan, au Soudan et au Sud-Liban, que lOrganisation des Nations unies (Onu) a clbr, le 1er mars 2009, le dixime anniversaire de lentre en vigueur de la Convention dOttawa sur linterdiction des mines antipersonnel, signe par 156 pays. Mais elle reconnat quil reste encore de formidables dfis relever puisque ces mines continuent de tuer et de blesser, nuisant au dveloppement social et conomique et constituant un grave obstacle aux oprations humanitaires travers le monde. Il reste en effet de nombreuses mines retirer des champs du Cambodge, des routes de Rpublique dmocratique du Congo, des villages de Somalie ou de Colombie. Il reste aussi convaincre les Etats qui ne lont pas encore fait en commenant par les Etats-Unis, la Chine et la Russie de rejoindre la Convention et de dtruire leurs stocks, mme sils se sont engags ne plus utiliser cette arme. La communaut internationale doit saisir loccasion du deuxime rexamen de la Convention, qui doit avoir lieu Carthagne, en Colombie, en novembre 2009, pour dresser le bilan des ralisations, identifier et surmonter les difficults et poursuivre sa pleine mise en uvre de la manire la plus efficace. Selon les experts de lOnu, pour la seule anne 2008, plus de 190 000 mines antipersonnel et 10 000 mines antivhicule ont t dtruites. Un nombre croissant de pays, dont la France, le Malawi et la Suisse, ont annonc pour leur part que leurs oprations de dminage taient termines. Globalement, les experts estiment que prs de 42 millions de mines stockes ont t dtruites depuis 1997, plusieurs milliers dhectares de terres fertiles dmines et rendues aux communauts et que des dizaines de milliers de survivants lexplosion dune mine terrestre ont pu retrouver mobilit et confiance. Chaque pays doit tablir un plan financirement viable Mais le tableau est en ralit moins rose car les dlais de dminage varient dun pays lautre et se font un peu dans le dsordre. Ainsi, le Comit internationale de la Croix rouge (CICR), dont le sige est Genve et qui soccupe beaucoup des victimes gnralement des civils et des enfants , considre que les prolongations de dlai devraient tre accordes uniquement pour une priode minimale ncessaire la ralisation dun plan de dminage correctement labor et financirement viable. Si des progrs considrables ont t raliss dans les 26 Etats-parties les plus touchs, le CICR estime quon est encore loin de voir les effets bnfiques promis dans le prambule de cette Convention qui fait date, savoir de faire cesser les souffrances causes par les mines antipersonnel. Il est essentiel que lensemble des Etats-parties comptant un grand nombre de victimes de mines mettent en place des plans globaux lchelle nationale, en vue damliorer de faon tangible les services mis la disposition de ces victimes et dautres personnes souffrant de handicaps. Il est galement important quils reoivent, si ncessaire, lassistance dont ils ont besoin pour atteindre cet objectif , affirme lorganisation humanitaire. Elle reconnat toutefois que les progrs importants accomplis depuis plus de dix ans ne se limitent pas au domaine des mines antipersonnel. Ils ont galement permis lopinion publique de prendre conscience du fait que les armes qui continuent de tuer aprs les conflits sont odieuses et inacceptables . En dautres termes, que le tribut que paient les civils aux conflits arms daujourdhui est suffisamment lourd et que par consquent, lemploi darmes qui continuent de tuer et de mutiler des civils pendant des annes, voire des dcennies aprs la fin dun conflit est inadmissible . Cette prise de conscience est reconnue dans le droit international humanitaire, non seulement par la Convention dOttawa mais aussi dans la rcente Convention sur les armes sous-munitions que tous les tats sont invits signer Oslo en dcembre prochain. Llan donn par les Etats-Unis sera dcisif De son ct, lONG Handicap International a appel le nouveau prsident amricain Barack Obama et son administration suivre lexemple des 156 tats qui ont dj adopt cette interdiction, soulignant que les tats-Unis pouvaient ainsi donner un lan dcisif en faveur dun monde sans mines. Pour cette ONG, les mines antipersonnel sont des armes redoutables qui ne sont plus utilises que par le Myanmar (Birmanie), la Russie et certains groupes arms. Un monde sans mines est possible, mais pour cela, lappui des tats-Unis est crucial , a estim un responsable de Handicap International qui a reu, avec la Campagne internationale contre les mines antipersonnel (ICBL, International Campaign to Ban Landmines), le prix Nobel de la paix en 1997. Les tats-Unis possdent, selon certains experts, quelque 10,4 millions de mines antipersonnel soit le troisime plus grand stock aprs ceux de la Chine et de la Russie tout en tant le plus grand donateur pour les projets relatifs aux mines antipersonnel (dminage, aide aux victimes et sensibilisation des communauts aux dangers des mines). Le dminage, qui ncessite beaucoup de fonds, est la condition premire de toute forme de reconstruction pour un grand nombre de pays sortant de conflit, comme lAngola, le Cambodge, la Bosnie ou le Kowet aprs la premire guerre du Golfe. | |||
Marie Joannidis | |||
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