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16/03/2009 | |||
La bataille du franais dans la vie internationale | |||
(MFI) LOrganisation internationale de la Francophonie (OIF) se bat depuis plusieurs annes pour renforcer lutilisation du franais dans la vie internationale face lhgmonisme de langlais, devenu la langue universelle non seulement du monde des affaires mais aussi de la diplomatie. | |||
Pour lOrganisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a dcid son sommet de Qubec en 2008 de faire du franais et du rattrapage linguistique sa priorit, il sagit de renforcer ce lien qui unit les 56 Etats et gouvernements membres et associs et les 14 observateurs rpartis sur les cinq continents et qui sont rassembls autour du partage dune langue commune parle par 200 millions de personnes. Il sagit aussi dtendre cette influence au-del de la frontire anglophone-francophone en Europe, en Afrique et jusquen Chine, au nom de la diversit culturelle. Mme le Japon, les Emirats arabes unis et les pays du Golfe en gnral sintressent une coopration avec la Francophonie au nom de la solidarit. Une feuille de route pour lusage du franais Le Vade-mecum relatif lusage de la langue franaise dans les organisations internationales, adopt en septembre 2006 par la confrence ministrielle de la Francophonie Bucarest, puis renforc par le sommet de Qubec, est devenu la vritable feuille de route en la matire. Dautant quun document de suivi, prsent par lObservatoire de la langue franaise de lOIF, a soulign les obstacles au multilinguisme qui existent toujours dans la plupart des enceintes internationales, notamment lOnu, lUnion europenne (UE), lUnesco ou lUnion africaine (UA). Cet Observatoire est charg de lobservation du franais dans le monde et plus particulirement du suivi du Vade-mecum. Il doit aussi tre associ llaboration et au suivi des Pactes linguistiques dont le principe a t adopt Qubec. LOIF poursuit une uvre de longue haleine pour le renforcement des capacits en franais des fonctions publiques et des diplomaties europennes, mises mal par prs de trente ans de prpondrance de langlais. La majorit des pays europens, lexception de la France, du Luxembourg, de la Belgique, de Monaco et dAndorre de faon plus marginale, ont en effet le franais comme langue trangre et leurs diplomates et fonctionnaires techniques ne sont pas en mesure de lutiliser dans toutes les ngociations et tous les suivis de dossier que gnre lUE. Le programme Europe, une uvre de longue haleine En 2002, lOIF a lanc son programme Europe aprs la signature dun accord avec la France, la Communaut franaise de Belgique et le Luxembourg. Ce programme, qui dispose actuellement de 2,2 millions deuros par an, comprend plusieurs volets de formation, de concertation, de communication, de dotation doutils linguistiques, Bruxelles et dans les Etats concerns. Ainsi quelque 2 000 fonctionnaires qui rsident Bruxelles et sont en poste dans les reprsentations permanentes de leurs Etats suivent des cours lAlliance franaise financs par lOIF. Autre volet important, la signature daccords appels mmorandums avec les ministres des Affaires trangres dune vingtaine dEtats membres ou observateurs de la Francophonie, en Europe de lEst, centrale ou du Sud, pour cofinancer pendant trois ans la formation dans les capitales concernes des fonctionnaires chargs des questions europennes. LOIF est partenaire, pour ce faire, des instituts franais et des centres culturels, et a form lanne dernire 8 000 personnes. Lorganisation collabore aussi avec les coles nationales dadministration ou les instituts diplomatiques des pays o le franais tait une langue rarement enseigne et trs peu prsente dans lenvironnement des fonctionnaires, sur les affiches, les murs, la signaltique, les sites internet, les brochures ou les publications qui taient plutt en anglais. Comme avec les ministres, nous avons pass des accords avec les recteurs de 12 coles nationales dadministration et instituts diplomatiques qui nous prsentent chaque anne un projet que nous finanons pour renforcer la place du franais , prcise Stphane Lopez, charg du programme Europe au sein de lOIF. De plus lOIF aide les fonctionnaires francophones prparer les concours dentre aux institutions europennes et forme au franais des fonctionnaires des administrations territoriales travers le rseau des Alliances franaises. Elle organise enfin des sjours linguistiques dune deux semaines, en France notamment, pour des personnalits ministres, parlementaires, chefs de services, ambassadeurs, gouverneurs de banque centrale qui pourront poursuivre les cours par la suite dans leur capitale. Renforcer le franais au sein des organisations interafricaines Le projet de relance du franais en Afrique date quant lui de 2005. Il vise renforcer le franais au sein de la Commission de lUnion africaine, de lAutorit intergouvernementale pour le dveloppement (Intergovernmental Authority on Development, Igad), de la Communaut conomique des Etats de lAfrique de lOuest (Cdao), du March commun dAfrique orientale et australe (Common Market for Eastern and Southern Africa, Comesa) et de la Communaut de dveloppement dAfrique australe (Southern African Development Community, SADC), ainsi que du secrtariat des ACP Bruxelles. La majorit de ces organisations ont leur sige dans des pays non francophones : Ethiopie, Nigeria, Zambie, Botswana. Les axes dintervention au sein ces organisations visent les non francophones : formation intensive la langue franaise, cours annuels sur place, stages intensifs en milieu francophone, soit en Afrique mme soit en France par exemple. LOIF aide aussi les services de traduction et des confrences o le franais ntait pas assez prsent en proposant de doter ces organisations du logiciel Trados (traduction assiste par ordinateur) et elle envoie des formateurs pour les traducteurs. Elle a aussi envoy ces responsables des runions internationales sur les traductions et contribue la traduction de documents de rfrence en franais. Elle encourage par ailleurs lutilisation du franais sur les sites internet de ces organisations : cela a dj t fait pour la SADC et est en train de se faire pour le Comesa. Nous avons un budget annuel dun million deuros, ce qui est absolument insuffisant , souligne Catherine Braun, charge du programme Afrique. Nous manquons de moyens humains et matriels , ajoute-t-elle. Elle met ainsi laccent sur la ncessit dutiliser des professeurs spcialiss trs peu nombreux en Afrique pour former les diplomates et prcise que lOIF fait appel la fois ses propres rseaux et aux Alliances franaises qui sont ancres localement. Le franais, comme le chinois, enseign au ministre sud-africain des Affaires trangres La Francophonie travaille aussi avec une dizaine de ministres des Affaires trangres, dont celui dAfrique du Sud qui a demand, depuis le dbut, une vritable coopration en la matire et a fait du chinois et du franais deux langues trangres apprendre. Le Nigeria, lEthiopie et la Tanzanie sont galement sur les rangs. Nous travaillons en priorit avec des diplomates des pays qui appartiennent lOIF mais ne sont pas francophones comme le Ghana , ajoute toutefois Catherine Braun, en prcisant que les plus demandeurs sont les lusophones et les hispanophones . LOIF noublie cependant pas les francophones. Elle a ainsi aliment, leur intention, les bibliothques des organisations africaines en documents de rfrence en franais, et propose des ateliers de formation la ngociation internationale afin de leurs permettre de mieux prendre la parole. Selon le projet, sur quelque 2 000 fonctionnaires internationaux travaillant dans les organisations-cibles du programme, 900 auront ainsi une bonne matrise du franais de la diplomatie et 300 auront suivi des ateliers de haut niveau de formation la ngociation internationale en franais. De plus, 4 500 diplomates et hauts fonctionnaires africains des pays lusophones (Cap-Vert, Guine-Bissau, Mozambique, Sao Tom-et-Principe), hispanophones (Guine quatoriale) et anglophones (Ghana) appartenant lOIF, ainsi que du Nigeria et de lAfrique du Sud, auront t forms la langue franaise. | |||
Marie Joannidis | |||
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