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16/03/2009
Immigration : une nouvelle dynamique pour les langues


(MFI) Des enqutes statistiques rcentes, en France et au Qubec, montrent la bonne capacit de la langue franaise tre adopte par les immigrants tout en ninterdisant pas la coexistence avec dautres langues.

Selon une enqute (1) de lInstitut national de la statistique et des tudes conomiques (Insee) ralise avec le concours de lInstitut national dtudes dmographiques (Ined), plus du quart des 44 millions dadultes vivant en France lors du recensement de 1999 se souviennent que leur pre ou leur mre leur parlaient dhabitude une autre langue que le franais dans leur petite enfance (avant lge de cinq ans). Lenqute distingue, parmi les 400 langues cites, celles quutilisaient dhabitude les pres et les mres avec leurs enfants et celles dites occasionnelles . Pour moiti, il sagit de langues rgionales et pour lautre, de langues lies limmigration. Six fois sur dix, elles ont t transmises en mme temps que le franais avant ou aprs linstallation en France-.

Une transmission frquente de larabe et du portugais

La transmission des langues dimmigration a t frquente pour larabe et le portugais : 940 000 adultes se souviennent que leurs parents leurs parlaient dabord en arabe dans leur enfance de la naissance la pubert tandis que 230 000 voquent une transmission occasionnelle. Les proportions sont comparables pour le portugais. En revanche, lespagnol, litalien et lallemand, issus dune migration plus ancienne, ont t moins souvent transmis. Avec la diversification des courants migratoires, sont apparues de nouvelles familles de langues africaines, asiatiques dont la transmission, presque toujours habituelle, sest effectue avant linstallation en France.
A contrario, la plupart des langues rgionales ont t transmises de manire occasionnelle en accompagnement du franais et le plus souvent par un seul des parents. Cest vrai pour la langue doc (occitan et ses variantes) et pour les langues dol (picard, chtimi, lorrain, venden) qui ont accompagn lenfance de nombreux adultes (respectivement 1 670 000 et 1 420 000). La transmission du breton, du corse, du catalan ou des croles, plus occasionnelle, sest effectue dans une proportion moindre. Lalsacien fait figure dexception, reu par 660 000 personnes sur un mode habituel et par 240 000 autres sur un mode occasionnel.

Langlais, premire langue minoritaire de France

Autre constat : seuls 35 % des adultes qui les parents parlaient habituellement leur langue dorigine ont fait de mme avec leurs enfants toutes langues confondues. Cette rupture a t plus importante pour les langues rgionales qui ont cess dtre utilises habituellement par la gnration suivante dans une proportion de 60 % pour le corse et le basque, 70 % pour les langues dol et langues croles ou encore 90 % pour le franco-provenal, le breton et le flamand, et 53 % pour lalsacien.
Toutes les langues trangres reculent, dune gnration lautre, supplantes par le franais, et lorsquelles sont retransmises, elles le sont une fois sur deux de manire occasionnelle. Mme si la part des adultes ayant hrit dune langue trangre de leurs parents a progress avec lessor des migrants, ceux-ci tendent basculer vers lusage du franais en famille mesure que leur sjour se prolonge. Ainsi, la retransmission de larabe comme langue habituelle a diminu de plus de la moiti en lespace dune gnration. Cest pourquoi la part de la francophonie monolingue ne cesse de progresser depuis cent ans.
En prenant en compte les langues pratiques en dehors de la relation parents-enfants, langlais est la premire langue minoritaire : 20 % des adultes (9 millions) dclarent pouvoir discuter avec des proches en anglais. Cest plus que pour larabe (938 000 locuteurs adultes) et le portugais (591 000). Lapprentissage scolaire des langues trangres favorise galement lespagnol (1 134 000), lallemand (824 000) et litalien (740 000).

Au Qubec, le franais est de loin la langue la plus mentionne

Autre exemple, celui du Qubec, o la population immigre a augment de plus de 20 % entre 2001 et 2006, o elle comptait 851 760 personnes (2). Quelque 18 % des immigrs taient de langue maternelle franaise, 10 % anglaise, et 70 % de langues maternelles autres que les langues officielles du pays. Le franais est de loin la langue maternelle la plus mentionne par les immigrs, suivie de larabe, de lespagnol, de langlais et de litalien. Mme si le nombre de personnes de langue maternelle franaise a lgrement diminu (de 18,1 17,6 %) dans cette priode, leur part relative (1976-2006) est reste assez stable (16 20 %) alors que la part des immigrants de langue maternelle anglaise est au plus bas dans les groupes rcents.
En 2001, la structure par ge des personnes immigres de langue franaise tait plus jeune que celle dautres groupes : prs de 22 % avaient moins de vingt-cinq ans, contre 11 % de celles de langue maternelle anglaise et 14 % de celles de langues maternelles tierces. Toutes langues maternelles confondues, 31 % de la population immigre (3) parlait le plus souvent franais la maison en 2006 (24 % en 2001), 17 % langlais (18 % en 2001) et 43 % une langue tierce. Plus des trois-quarts de ces personnes dclaraient pouvoir soutenir une conversation en franais, et la moiti environ connatre le franais et langlais.
En 2001, sur les 42 % de personnes immigres de langue maternelle tierce unique ayant abandonn partiellement ou compltement leur langue dorigine, 25 % avaient adopt le franais comme langue dusage au foyer (contre 18 % langlais). Au total, les transferts complets et semi-transferts, parmi la population immigrante de langues tierces, se faisaient majoritairement vers le franais : 57,5 % lchelle du Qubec, 55,4 % dans la rgion mtropolitaine de Montral et 53,7 % dans lle de Montral.


(1) Transmission familiale des langues et des parlers. Volet linguistique de lenqute Famille ralise par lInsee avec le concours de lIned, associe au recensement de mars 1999.
(2) La langue et limmigration. Rapport sur la situation linguistique au Qubec 2002-2007, chap. 2. Montral, Office qubcois de la langue franaise, mars 2008.
(3) Si lon exclut la rgion de Montral, le taux grimpe 56 % car le franais est moins parl dans les foyers prsents sur lle de Montral (27 % des personnes immigres parlaient le franais la maison) que dans le reste du Qubec.


Laura Petit

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