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14/04/2009
Sommet agricole du G8 (18-20 avril), Forum international sur l'accs la terre (18-19 avril)

Les enjeux de la faim dans le monde
(1) Un an aprs la crise alimentaire, quelles rponses politiques ?

Forum de Montreuil : la convergence des luttes paysannes, de Dehli Bamako


(MFI) Pour la premire fois de son histoire, cest autour des questions agricoles que le G8, sous prsidence italienne, se rassemble du 18 au 20 avril 2009 dans la rgion de Trvise. Au mme moment (18 et 19 avril), le Forum international sur laccs la terre se tient en France, Montreuil, ville dont la snatrice-maire est la Verte Dominique Voynet. Si la crise financire et conomique semble avoir relgu au second plan la crise alimentaire, la faim continue de frapper prs dun milliard dindividus et reste une question majeure laquelle les rponses sont agricoles, mais aussi politiques et juridiques.

Au dbut de lanne 2008, des meutes de la faim clataient dans plusieurs pays travers le monde. Un an plus tard, quest-ce qui a t fait ? La Banque mondiale, qui a cr le Programme dintervention en rponse la crise alimentaire mondiale (GFRP) et promis 1,2 milliard de dollars en juin 2008, a indiqu que le GFRP avait dcaiss, au 9 avril 2009, 734,4 millions de dollars pour des projets dun total de 916 millions dans 31 pays, et que 258 millions de dollars supplmentaires sont en cours daffectation dans 9 autres pays. Pour sa part, lOrganisation des Nations unies cherche mettre en synergie les bonnes volonts grce son quipe spciale de haut niveau sur la crise mondiale de la scurit alimentaire. La Confrence de Madrid de janvier 2009 a ainsi marqu le point de dpart dune approche rellement concerte entre les diffrentes organisations internationales charges de faire face aux problmes de la faim.
A linitiative de la France, un Fonds dinvestissement pour lagriculture en Afrique est lanc ce 15 avril 2009. Ayant pour objectif de collecter 200 millions deuros, ce fonds qui runit, outre la Banque africaine de dveloppement et la France (via lAFD), le Fonds international pour le dveloppement de lagriculture et lAlliance pour une rvolution verte en Afrique de Kofi Annan doit aider les entreprises agro-industrielles et les coopratives agricoles africaines, respectueuses des paysans modestes et de lenvironnement.


Investir pour augmenter les revenus des petits paysans

Selon les Perspectives agricoles conjointement publies par lOCDE et la FAO, qui portent sur la dcennie 2008-2017, pour les pays les moins avancs, en particulier les pays dficit alimentaire, les projections indiquent une vulnrabilit accrue et des approvisionnements alimentaires alatoires dans une priode caractrise par la chert des produits de base et une grande instabilit des prix . Cest donc par un renforcement de leurs capacits dapprovisionnement intrieur que passe la future scurit alimentaire de ces pays.
Pour Olivier de Schutter, rapporteur spcial des Nations unies pour le droit lalimentation, il faut investir de manire ce que les revenus des petits paysans les plus vulnrables augmentent. Laugmentation des volumes de production ou des capacits dexportation ne suffit pas. Sera-t-il entendu ? Les intrts de lagro-business sont prgnants au sein des enceintes internationales comme la FAO. Les mthodes de production agro-industrielle, fondes sur le paradigme de la Rvolution verte, pourraient tre nettement moins favorables aux plus petits producteurs, situs dans les zones les plus marginales et ayant un accs plus faible au crdit, que les mthodes de production agro-cologiques, ces dernires reposant sur une utilisation moins forte dintrants externes , avertit Olivier de Schutter.


La souverainet alimentaire comme rponse ?

Dans ces dbats, les mouvements sociaux souhaitent promouvoir la souverainet alimentaire. Ce concept a t prsent pour la premire fois en 1996, par le rseau altermondialiste Via Campesina, lors du Sommet mondial de lalimentation Rome. Il a t rcemment au cur des Forums sociaux mondiaux ( Belm au Brsil en 2009) ou europens (Malm en Sude en 2008). Selon la plate-forme Souverainet alimentaire, rassemblant 35 ONG, il se dfinit comme le droit des populations et des pays de dfinir leurs propres politiques alimentaires et agricoles. Ces politiques devant tre cologiquement, socialement, conomiquement et culturellement adaptes chaque contexte spcifique et ne pas menacer la souverainet alimentaire dautres pays . Ces organisations considrent que lalimentation ne peut se rsumer une simple marchandise et dfendent, au Nord comme au Sud, une rgulation de lagriculture et du commerce fonde sur les droits de lhomme.
La souverainet alimentaire a dpass le seul univers des mouvements sociaux. La Bolivie, lEquateur, le Nicaragua, le Venezuela et le Npal ont consacr ce concept dans leurs constitutions ou leur lgislation nationale. Le Mali la transpos comme un objectif prioritaire dans une rcente loi dorientation agricole et linitiative riz sinscrit dans ce cadre. Le Niger ou le Sngal semblent galement sensibles cette thmatique. Le Parlement europen sest pench sur la question. Et lAssemble gnrale des Nations unies aussi, o, dbut avril, Miguel dEscoto Brockmann, qui en prside la 63e session, a appel une nouvelle politique de lalimentation et prconis la cration dun systme contrl par la population, respectueux des communauts et du droit la souverainet alimentaire .
Fortes de cette reconnaissance, les ONG revendiquent que la souverainet alimentaire soit juridiquement consacre au plan international par un trait. En complment de celui-ci, Via Campesina promeut une autre convention sur les droits des paysans, dont lobjet serait daccorder des droits spcifiques et des protections particulires garantis par les gouvernements et les institutions internationales. Mais la souverainet alimentaire nest peut-tre pas le seul outil. Pour le juriste franais Franois Collart-Dutilleul, nous avons la souverainet alimentaire, le droit lalimentation, le commerce quitable, le principe de prcaution, le principe de dveloppement, etc. Nous ne manquons pas de concepts mais dune approche juridique qui permette dunifier ces discours. Or cette unification pourrait tre ralise en donnant juridiquement corps au dveloppement durable.

Olivier Rabaey


Forum de Montreuil : la convergence des luttes paysannes, de Dehli Bamako

(MFI) Organis par lONG Peuples solidaires, soutenue par la Confdration paysanne, le Forum de Montreuil sur laccs la terre entre dans le cadre de la campagne FaimZro, dont lobjet est de contraindre les gouvernements respecter leur engagement de rduction de la faim pris dans le cadre des Objectifs du Millnaire. Au-del de la sensibilisation, ce Forum est aussi un moyen de mettre en rseau les luttes paysannes du monde entier. Il existe, affirme Jean-Paul Sornay, prsident de Peuples Solidaires, une relle convergence des luttes paysannes autour dobjectifs communs : la dfense de la souverainet alimentaire et le respect des droits des paysans. Ces objectifs permettent de dpasser lopposition Nord/Sud qui nest pas toujours pertinente. Parler daccs la terre pour les petits paysans, cest bien parler denjeux mondiaux, do la ncessit de faire converger les luttes paysannes. Et cette convergence donne des rsultats, insiste-t-il : Le syndicat Sexagon au Mali envisage dorganiser une marche pour la terre dans son pays, linstar de ce qua ralis le mouvement gandhien Ekta Parishad en Inde, qui a regroup en octobre 2007 plus de 25 000 sans-terre sur les routes qui conduisent Delhi. Grce cette mobilisation, la redistribution des terres lchelle fdrale a commenc.
Autant dactions visant trouver la voie de la scurit alimentaire. Celle-ci est extrmement troite, rappelle lagronome Michel Griffon, puisquelle ncessite de pouvoir nourrir 9 milliards dindividus lhorizon 2050, en prservant simultanment les ressources en eau, la biodiversit, la qualit des sols, sans accentuer la dforestation et en laissant de la place aux villes


O.R.

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