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21/04/2009
Etats-Unis
Obama et les mmos de la CIA


(MFI) Barack Obama sest rendu le 20 avril au sige de la CIA, Langley en Virginie, quelques jours aprs stre attir une vague de critiques en publiant les mmos de lpoque Bush dtaillant les mthodes dinterrogatoires contre les suspects de terrorisme.

Dun ct il y a ceux qui, limage de lancien directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) sous George Bush, Michael Hayden, affirment que la publication des mmos quivaut livrer des secrets dEtat lennemi, et risque donc de compromettre la lutte contre le terrorisme. De lautre, il y a les organisations de dfense des droits de lhomme, qui sindignent du fait que Barack Obama a promis que les responsables des interrogatoires muscls ne seraient pas poursuivis.
Les Etats-Unis ne torturent pas , rptait George Bush. Le nouveau prsident amricain, lui, a rpt que les pratiques de lpoque Bush taient interdites sous son administration ; que ces documents avaient t rendus publics parce quils concernaient des mthodes rvolues et dj largement rapportes par la presse ; et, enfin, que protger les agents de la CIA tait pour lui une priorit.
Voici ce qua dclar Barack Obama aux agents de la CIA : Ce qui distingue les Etats-Unis, cest prcisment le fait que nous voulons promouvoir nos valeurs et nos idaux mme quand cest difficile, pas seulement quand cest facile, mme lorsque nous avons peur et que nous sommes menacs, pas seulement lorsque cest opportun de le faire. Cest a qui nous rend diffrents. Donc, oui, votre travail est plus difficile. Le mien aussi, et cest bien comme a. Parce que cest la raison pour laquelle nous pouvons tre si extraordinairement fiers dtre Amricains. Et long terme, cest la raison pour laquelle je pense que nous vaincrons nos ennemis. Parce que nous sommes du bon ct de lHistoire.

Privation de sommeil, oui, mais pas au-del de onze jours conscutifs

Alors, videmment, chacun de nous est libre de ses opinions. Et heureusement. Javoue que je nai pas lu tous ces mmos . Mais jai quand mme regard la description minutieuse des 10 diffrentes techniques dinterrogatoire utilises contre Abu Zubaydah, un haut responsable prsum dAl Qaida. Ce qui me frappe, cest laccumulation de dtails pour expliquer pourquoi, selon les auteurs des mmos, il ne sagit pas de torture. Privation de sommeil, oui, mais pas au del de onze jours conscutifs, car lhomme est jeune et en bonne sant... Glaant. Et au bout de douze jours, ce serait torturer ? Javais dj ressenti cette mme impression de malaise Guantanamo, cette minutie dans le dtail, cette rglementation systmatique et froide. Il parat que cest termin.
Certains de mes confrres amricains ont eu le temps et la patience de dcortiquer les notes internes publies par ladministration Obama. Le New York Times rvle ainsi que Khalid Sheikh Mohamed, lun des cerveaux prsums des attentats du 11 septembre, a subi 183 sances de waterboarding, le supplice de la noyade. Abu Zubaydah, pour sa part, haut cadre prsum dAl Qaida lui aussi, y a eu droit 83 fois. Il y a deux ans, un ex-agent de la CIA avait affirm la presse que Zubaydah avait livr tout ses secrets aprs une seule sance de waterboarding de... 35 secondes.
Loin de moi, trs loin, lide davoir la moindre once de sympathie pour Khalid Sheikh Mohamed jai t lune des rares privilgies pouvoir assister des audiences prliminaires son procs, en dcembre Guantanamo ; je lai vu, de mes yeux, et je lai surtout entendu. Sinistre personnage. Mais tout de mme. Quelques remarques, tires de ce sjour Guantanamo o, en ctoyant les juges et les avocats, jai appris beaucoup de choses.
A cause de ces mthodes dinterrogatoires de la CIA sous George W. Bush, la justice amricaine est face un problme. Les aveux des terroristes prsums sont tainted, souills, donc irrecevables, parce quobtenus sous la torture. Dans bien des cas, la totalit des dossiers dinstruction sera donc reprendre.
Ensuite : les cerveaux sont les cerveaux, certes. Mais beaucoup des dtenus de Guantanamo sont, la suite justement des traitements qui leur ont t infligs, devenus psychologiquement malades , ce qui veut dire pudiquement que a les a rendus fous. Difficile, aprs cela, de faire la part des choses, de ce quils ont fait ou de ce quils nont pas fait.
Et puis, je vous le dis comme je le pense. Je crois tre une personne peu prs normalement constitue. Infligez-moi le waterboarding, le supplice de la noyade, privez-moi de sommeil ou enfermez-moi avec des araignes. Javouerai tout ce que vous voulez, jusqu lassassinat de John F. Kennedy, si a peut vous faire plaisir. Et vous serez bien embts, aprs, lorsquil sagira de faire justice.

Retrouvez Donaig Le Du sur son blog Times are changing : http://usa.blogs.rfi.fr/

Donaig Le Du,
correspondante Washington


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