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12/05/2009
Traite ngrire
Une commmoration diversement clbre en France


(MFI) En France, la mmoire de la traite ngrire, de lesclavage et de leur abolition a t commmore ce 10 mai de diverses manires. Plusieurs collectifs anti-esclavagistes ont manifest Paris. Bordeaux, o la crmonie officielle tait dlocalise, a ouvert pour la premire fois solennellement cette page de son histoire. Le Muse dAquitaine prsente un nouvel espace permanent consacr lesclavage.


A Paris, plusieurs lieux symboliques ont t choisis par les associations africaines, antillaises et guyanaises pour la commmoration de cette journe. Dans le 17e arrondissement de la capitale, par exemple, plusieurs associations anti-esclavagistes se sont rassembles devant le monument au gnral Dumas, pre du clbre crivain Alexandre Dumas.
Aprs un pique-nique improvis sur les bancs de la place du gnral Catroux, les participants voulaient rendre hommage celui quils considrent comme un hros, le gnral Dumas. Sa vie et surtout sa carrire de soldat sont cites en exemple. Le gnral Dumas est un grand hros de la Rvolution. Cest le premier Afro-descendant devenir gnral, dans une arme europenne, entre 1793, date o il a t nomm gnral et 1802, date laquelle il a t ray de larme, au moment du rtablissement de lesclavage , a dclar Claude Ribbe, crivain et membre dune association qui milite pour la rhabilitation du gnral Dumas. N esclave Saint-Domingue, aujourdhui Rpublique dHati, il avait t chass de larme par Bonaparte.

Que la France regarde son pass en face

A Bordeaux, qui fut pendant plus de deux sicles un des deux grands ports ngriers franais, la commmoration avait une allure plus officielle avec la prsence de plusieurs ministres, dont le secrtaire dEtat lOutre-mer Yves Jego et Michle Alliot-Marie. La dpute de la Guyane Christiane Taubira tait aux cts de la ministre de lIntrieur pour la visite de la nouvelle exposition permanente consacre lesclavage au muse dAquitaine (voir encadr ci-aprs).
La ministre de lIntrieur a souhait, cette occasion, que la France regarde son pass en face . Mais Patrick Lozs, le prsident du Conseil reprsentatif des associations noires (Cran), regrette que les bonnes intentions ne sarrtent quau niveau des discours. Il a fait remarquer labsence du prsident de la Rpublique aux crmonies de commmoration : Je considre que labsence du prsident de la Rpublique cette manifestation est une faute politique et je minterroge sur la signification de son refus de participer, cette anne, aux crmonies du 10 mai.
Cest lancien prsident Jacques Chirac qui, en recevant le 30 janvier 2006 le Comit pour la mmoire de lesclavage, prsid par lcrivaine Maryse Cond, avait annonc que la France commmorerait labolition de lesclavage chaque 10 mai date de ladoption, en 2001, de la loi Taubira, faisant de la France le premier pays au monde reconnatre lesclavage comme crime contre lhumanit.


Bordeaux, le commerce atlantique et lesclavage

Toucher du doigt la ralit de la traite


(MFI) A Bordeaux, lun des plus importants ports ngriers, un nouvel espace permanent consacr lesclavage a t inaugur le 10 mai 2009 au Muse dAquitaine. Bordeaux, le commerce atlantique et lesclavage, tel est le titre de cette exposition permanente, dsormais visible au Muse dAquitaine. Les gravures, les peintures et les vidos prsentes au public poursuivent deux objectifs : montrer lenfer de la traverse de locan Atlantique pour les esclaves enchans, et rconcilier la ville avec son pass. Ce nouvel espace de 750m est n de la volont de Franois Hubert, le directeur du muse dAquitaine.
Quand jai fait cette proposition aux lus, on tait lpoque du rapport Tillinac, qui avait donc eu pour mission de rflchir Bordeaux sur la prsentation de ces questions. Et quand le maire mavait demand ce que jen pensais, javais dit quil me paraissait lgitime que dans le cas dune rnovation des salles du Muse dAquitaine, une place plus importante soit accorde la question de la traite et des esclavages. Le sujet tait voqu mais pas vritablement trait. Il y avait un certain nombre dlments et de gravures qui montraient bien que cette histoire avait exist, mais qui ne satisfaisait pas le public, qui voulait aller beaucoup plus loin.
Il faut dire que lhistoire de la ville est troitement lie lesclavage. Entre 1672 et 1837, ce sont prs de 500 expditions maritimes qui dportrent dAfrique plus de 130 000 esclaves vers les Antilles. Bordeaux est alors le 2e port ngrier aprs Nantes. Pas question pour autant de culpabiliser les Bordelais : le but de cette exposition est bien de faire comprendre lhistoire et non de pointer du doigt les responsabilits.

Une volont de connaissance

Il y a une volont de connaissance dabord, parce que lon parle beaucoup de cette histoire et trs peu de gens la connaissent vraiment. Cest donc dabord la connaissance et ensuite, videmment, la conscience effectivement de la responsabilit de chacun dans lhistoire. Ce nest pas une question de culpabilit, ni de repentance , prcise Franois Hubert.
La grande russite de cette exposition permanente, cest quelle fait vritablement toucher du doigt ce qutaient, lpoque, les conditions de vie des esclaves. Les objets prsents montrent bien lhorreur quotidienne, comme lexplique Christian Block. Le commissaire de lexposition dtaille notamment ce que contient le livre du bord du Patriote, un navire qui a dport 216 esclaves dans locan Indien la fin du XVIIIe sicle.
On y voit apparatre, par exemple, une comptabilit tout fait macabre. Au fur et mesure que les mois de traverse sgrnent, nous voyons apparatre dans les marges des croix, qui sont le symbole finalement du dcs dun esclave. Et donc avec des phrases : un Noir est mort cette nuit du scorbut ; donc, les maladies que lon retrouve principalement sur les navires. Nous avons aussi la trace dun viol. Le capitaine qui crit effectivement quil fit monter une jeune fille et quil la exploite deux fois (je le cite). Il y a quelques petites anecdotes de cette horreur qui apparaissent dans ce journal, qui de ce fait, devient effectivement un document de premire main pour comprendre les ralits de cette pratique , souligne Christian Block, le commissaire de lexposition. La visite de cette collection permanente consacre la mmoire de lesclavage est gratuite.

MFI/RFI

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