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| 21/07/2009 | |||
| Action culturelle franaise lextrieur : stop la dbcle | |||
| (MFI) La rforme de laction culturelle franaise lextrieur est en marche. Elle implique une rorganisation complte du dispositif qui englobe les centres culturels et instituts franais. Lenjeu est crucial, au moment o le repli budgtaire fragilise la prsence franaise dans le monde. | |||
| Vous connaissez et frquentez les centres culturels franais ? Vous adorerez les instituts franais Telle sera peut-tre la dnomination future (et unifie) de ces vitrines de laction culturelle de la France qui, notamment en Afrique francophone, sont aussi des lieux de promotion pour les crateurs nationaux. Mais autant le savoir, laction culturelle franaise lextrieur se prpare une vaste rforme, et celle-ci nest pas simple mettre en uvre. Bernard Kouchner vient de le rappeler : il souhaite donner un lan nouveau une diplomatie de solidarit et dinfluence juge plus que jamais ncessaire en ces temps de convulsions internationales (1). Face aux crises et tensions actuelles, la France doit pouvoir rpondre par la culture comme espace de dialogues et dchanges , en renouant avec une trs ancienne tradition de prsence et daction culturelle, que beaucoup estiment toutefois menace : depuis un fameux article du Time magazine de novembre 2007 sur le dclin de la culture franaise , les constats alarmistes se sont renforcs quant une dbcle de la diplomatie culturelle, avant tout entrane par un manque de ressources. Exemple souvent cit, la France a ainsi ferm la moiti de ses centres culturels en Allemagne, et partout ailleurs doit rduire crdits et personnels, quand la concurrence (britannique, allemande, espagnole et chinoise !) tend plutt se renforcer (2). Un pilote dans lavion Alors que 2009 sannonait comme lanne terrible , le ministre des Affaires trangres a pu se fliciter : avec une rallonge budgtaire de 40 millions deuros, ltau se desserre quelque peu. Reste la grande rforme de structure annonce depuis des mois pour rendre plus visible et mieux coordonne laction culturelle extrieure. Celle-ci attendra encore un peu pour les grandes dcisions et les ultimes arbitrages dans un scepticisme palpable, notamment du ct des diplomates. Josselin de Rohan, prsident de la commission des Affaires trangres et de la dfense du Snat, le rappelait en juin 2009 : La France dispose dun rseau culturel exceptionnellement dense et diversifi , si lon additionne les services de coopration et daction culturelle (SCAC) au sein de ses ambassades, les instituts et centres culturels, ainsi que le vaste rseau des Alliances franaises, sans compter nombre doprateurs centraux, comme CulturesFrance. Mais la dispersion des efforts, et le manque de visibilit comme de pilotage stratgique sont souvent critiqus. La rforme vise donc homogniser le tout : on prvoit en particulier de confier lensemble des actions des agences spcialises. Pour la culture, ce sera CulturesFrance, qui dassociation devient un tablissement public industriel et commercial et devrait sintituler lInstitut franais . Laffaire se complique lorsquil sagit de savoir qui dirige rellement. Dans dautres pays, comme la Grande-Bretagne avec le British Council, laction culturelle jouit dune large autonomie. En France, on reste centralisateur et le ministre des Affaires trangres tient ses prrogatives : la question du statut des agents qui dpendront de cet oprateur donne lieu dpiques dbats et autant de contestations, quune Mission de prfiguration confie au secrtaire gnral du ministre des Affaires trangres na pas suffit trancher. La tendance une formule mixte de gestion ne rjouit gure les tenants dune rforme radicale. Et lon nentend plus parler, pour le moment, de la cration dun secrtariat dEtat la francophonie, laudiovisuel extrieur et aux relations culturelles extrieures, prconise par les snateurs, qui serait selon eux un signe fort pour montrer lattachement de la France sa diplomatie culturelle. Thierry Perret (1) Lors des Journes du rseau franais ltranger, 16 et 17 juillet 2009 (2) Le repli, notamment en Europe, correspond toutefois un redploiement en particulier vers lAsie. La chute des budgets des tablissements culturels peut atteindre de 10 20 %. Une rforme tages (MFI) La rforme de laction extrieure franaise a connu une tape significative avec limportant changement de structure intervenu au sein du ministre des Affaires trangres. En mars 2009 a t cre une Direction gnrale de la mondialisation (DGM) remplaant lancienne Direction gnrale de la coopration internationale et du dveloppement (DGCID), dont le rle avait notamment t affect par un transfert notable de comptences en direction de lAgence franaise de dveloppement et de loprateur culturel, CulturesFrance. Lannonce est faite aujourdhui de la cration de deux oprateurs distincts (dsormais au statut dEPIC) chargs de piloter laction culturelle extrieure dans leurs domaines : celui des changes universitaires et de la promotion de lenseignement suprieur franais ; celui de la culture et de la politique linguistique, dvolu lassociation CulturesFrance transforme en Institut franais. Cet oprateur prendrait en charge lensemble du rseau culturel et ses personnels, toutefois sous lautorit directe, au plan local, de lambassadeur de France. La rforme prvoit galement une action denvergure en matire de formation des agents du rseau diplomatique. Signalons que le rseau des alliances franaises (associations de droit priv issues dinitiatives de la socit civile locale) nest pas concern, au plan organique, par la rforme. T. P. La culture, son ministre, ses ambitions (MFI) On le sait, la France a un nouveau ministre de la Culture, et celui-ci est une figure trs mdiatique. Frdric Mitterrand, crivain, homme de tlvision et de radio, a t prsent comme une prise politique de choix pour Nicolas Sarkozy. Mais la proie a de grandes ambitions et se verrait bien comme un nouveau Jack Lang - ou Andr Malraux - la tte de la plus franaise des administrations : celle de la culture, qui comme chacun sait est lespace o les Franais aiment se projeter, quand dautres (les Amricains) regardent vers la Lune. Frdric Mitterrand reconnat que la France est un tournant, lheure o elle repense lorganisation de son message culturel lextrieur . Et il prvient : rien ne se fera sans le ministre de la Culture qui est en contact avec la chair vive de la culture . Ceci pour prvenir, on la compris, et tout hasard, lventuelle tentation hgmonique du ministre des Affaires trangres, o lon verrait bien le ministre voisin et ami se contenter de siger dans un Conseil dorientation de laction culturelle, charg de dfinir les axes stratgiques du futur dispositif. Permettre la France de redevenir un lieu culturel cosmopolite Mais on retiendra aussi que Frdric Mitterrand entend consacrer une nergie considrable ce quil envisage comme le nouveau champ daction du ministre et quon pourrait rsumer ainsi : louverture ! Une ouverture au monde, qui doit permettre la France de redevenir un lieu culturel cosmopolite en accueillant dialogues, changes et surtout artistes. Je serai le ministre des rencontres europennes signale-t-il, et sans doute aussi le ministre du dialogue euro-mditerranen, et bien sr des changes Nord-Sud, car les pays du Sud doivent retrouver toute leur place dans une France que son histoire, sa sensibilit a rendue pluriculturelle . Laction culturelle extrieure se devrait donc de reflter le statut dune culture franaise ouverte au monde, et notamment au monde francophone. Ancien producteur de TV5, trs attach la notion de francophonie, Frdric Mitterrand a cette passion en commun avec un autre intellectuel mdiatique, Dominique Wolton qui voit en la francophonie une philosophie privilgiant le dialogue culturel comme nouvelle proposition de mondialisation , vritable alternative lhgmonie anglo-amricaine (1) tout en dplorant le manque de fermet dans lengagement francophone des instances politiques franaises. La dfense de la francophonie passe notamment par les grands mdias composant dsormais laudiovisuel extrieur de la France : France 24, TV5 et RFI, mdia tout fait remarquable selon Frdric Mitterrand, qui mrite dtre reconnu, honor. T.P. (1) Interventions de Frdric Mitterrand aux Journes du rseau franais ltranger ; et de Dominique Wolton, lors du colloque organis par le Centre dhistoire de Sciences Po sur Laction culturelle extrieure franaise et francophone (29-31 janvier 2008). | |||
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