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09/06/2009
Prsidentielle mauritanienne du 18 juillet 2009 (1)
Militaires et civils au coude coude dans la course


(MFI) LAccord de Dakar a permis de repousser lchance de la prsidentielle, dsormais fixe au 18 juillet 2009. Sign entre le camp du gnral Abdel Aziz, le Rassemblement des forces dmocratiques (RFD) et le Front national pour la dfense de la dmocratie (FNDD), opposs au putsch, et fruit dune mdiation du prsident sngalais, Abdoulaye Wade, appuye par le Groupe de contact international sur la Mauritanie (GCIM), il marque officiellement le retour lordre constitutionnel aprs dix mois dun rgime dexception. Une premire en Afrique.

Sidi Ould Cheikh Abdallahi la dit et rpt au Groupe de contact international sur la Mauritanie, venu lui rendre visite, samedi 6 juin, Lemden, localit situe 250 km au sud de Nouakchott, o il attend le retour lordre constitutionnel le premier prsident mauritanien avoir t lu dans des conditions transparentes, le 19 avril 2007, avait t destitu le 6 aot 2008 par le gnral Mohamed Ould Abdel Aziz. Il leur a assur quil honorerait la signature du dcret de nomination du Gouvernement transitoire dunion nationale (GTUN), selon les termes de laccord sign le 2 juin 2009 Dakar, et qui a dores et dj permis le report in extrmis de la prsidentielle du 6 juin, destine lgitimer lauteur du coup dEtat, et qui tait boycotte par lopposition. Le prsident du Snat assurera lintrim jusqu llection, dsormais repousse au 18 juillet.
Si la signature de ce dcret parat imminente, et que les tractations vont bon train Nouakchott pour lattribution des portefeuilles dont la rpartition se fera de faon paritaire entre les pro et les anti-putsch , le prsident Abdallahi a nanmoins souhait que celle-ci se droule normalement , cest--dire au Palais prsidentiel. Il attend galement la dmission du gouvernement prcdent, en loccurrence celle de son Premier ministre Yahya Ould Ahmed Elwaghf qui devrait tre une formalit puisque ce dernier vient dtre libr aprs plusieurs mois passs dans les geles du gnral-prsident.


Chacun a d faire des concessions

Laccord de sortie de crise, solennellement contresign le 4 juin Nouakchott, prvoit aussi la dmission volontaire du Prsident de la Rpublique de son mandat qui courait jusquen mars 2012. Ce dernier demande quelle seffectue de faon concomitante la dissolution du Haut Conseil de lEtat (HCE), linstance mise en place par les putschistes pour se substituer aux institutions prsidentielle et parlementaire. Le non respect par la Junte de cette clause prvue risque de mettre en pril lensemble de la solution que les partenaires de la Mauritanie et les Mauritaniens eux-mmes sont en train de mettre en uvre , avertit For-Mauritania, une plate-forme dorganisations anti-putschistes base Paris.
Loin de satisfaire toutes les parties, qui ont d faire chacune des concessions, lAccord de Dakar marque officiellement le retour lordre constitutionnel. En rtablissant le prsident de la Rpublique dans sa fonction mme pour une dure symbolique , il ferme ainsi la parenthse du putsch et inaugure une transition vers de nouvelles lections , remarque un universitaire mauritanien, Abdoulaye Cir B, pour qui Cheikh Abdallahi est le premier chef dEtat africain, renvers par la violence, revenir au pouvoir de manire pacifique, sans recourir un complot ou un contre-coup dEtat. Si laccord met fin la certitude du sacre du gnral-candidat , lAccord de Dakar permet dans la foule aux auteurs du putsch dchapper aux sanctions pnales, les transformant en partenaires politiques honorables . De ce point de vue, il apparat dfavorable aux forces anti-putschistes.
Mais Sidi revient pour mieux seffacer. Condition sine qua non, laccord-cadre autorise le gnral Aziz se prsenter la prsidentielle du 18 juillet. Ce dernier a obtenu un dlai trs court qui va lui permettre de conforter son avance aprs dix mois la tte de lEtat et un dbut de campagne lectorale o il sest fait passer pour le candidat des pauvres Il met ainsi la pression sur ses adversaires, eux-mmes en qute dunit. Dores et dj, les autres candidats la magistrature suprme ont commenc se dclarer.


Des actions rptes contre un rgime illgitime

Premier sortir du bois, Ely Ould Mohamed Vall, qui rompt ainsi avec le silence observ depuis le coup dEtat daot 2008. Ce colonel de larme la retraite qui avait soutenu le prsident Sidi fut pendant vingt ans directeur gnral de la Sret nationale sous Maaouya Ould SidAhmed, avant de le renverser le 3 aot 2005, alors que ce dernier tait au pouvoir depuis le 12 dcembre 1984. Devenu chef de lEtat sous la transition, il s'tait interdit de concourir au scrutin organisant le retour des civils en 2007. Do sa rputation honorable linternational, mme sil manque de lgitimit au niveau national. Il est aussi un proche parent du gnral Aziz (lui aussi membre de la junte qui avait renvers Taya) avec qui il est brouill.
Outre le gnral et lancien colonel, la prsidentielle du 18 juillet devrait aussi voir saffronter les candidats des partis politiques. Ainsi, le Front national pour la dmocratie (FNDD), lalliance de partis opposs au pouvoir militaire, devrait proposer un candidat unique, en loccurrence le prsident de lAssemble nationale, Messaoud Ould Boulkheir. Et le Rassemblement des forces dmocratiques (RFD), la principale formation dopposition, devrait sans surprise proposer les services de son leader, Ahmed Ould Daddah, un temps ralli au gnral putschiste. Au final, si les civils ne sortent pas vainqueurs de la ngociation de Dakar, leurs actions rptes contre le rgime illgitime ont permis de modifier sensiblement la donne. Mais ils devront encore parvenir unir leurs efforts sils veulent faire aboutir leur projet dmocratique.

Antoinette Delafin




1. Abdoulaye Cir B. Biladi n 313, 7 juin 2009.



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