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16/06/2009 | |||
Hommage Adamou Moumouni Djermakoye Une grande figure de la politique africaine sest teinte | |||
(MFI) Ctait dabord une des grandes figures politiques du Niger. Adamou Moumouni Djermakoye est brutalement dcd, dimanche 14 juin 2009, Niamey, alors quil participait une manifestation contre le rfrendum constitutionnel. Un rassemblement intervenu deux jours aprs un arrt de la Cour constitutionnelle qui annulait le dcret prsidentiel convoquant le corps lectoral pour le 4 aot. | |||
Il tait un peu plus de 10 heures, dimanche 14 juin, place Toumo, Niamey. La foule tait venue nombreuse pour entendre les leaders du nouveau Front pour la dfense de la dmocratie (FDD). Des dizaines de milliers de Nigriens taient venus protester contre le projet du prsident Mamadou Tandja de faire approuver par rfrendum une modification de la constitution pour quil puisse rester au pouvoir au-del de son dernier quinquennat fin 2009. Ag de soixante-dix ans, son prsident, Moumouni Djermakoye, sapprtait monter sur le podium pour sadresser la foule quand il a t pris dun malaise en raison, peut-tre, de la grosse chaleur, et galement de la marche quil venait deffectuer. Evacu vers lhpital, il sest teint peine trente minutes plus tard. Mais ce nest qu la fin de la dclaration de Mahamadou Issoufou, le leader du Parti nigrien pour la dmocratie et le socialisme (PNDS), que la nouvelle a t divulgue. Les organisateurs avaient choisi de ne pas lannoncer la tribune mais aussitt, la manifestation a t interrompue laissant les militants dans le dsarroi. Mort en dfenseur de la dmocratie et des institutions Pour tous ses proches et pour tous les leaders de ce front anti-rfrendum, cr il y a quelques semaines seulement, cest en dfenseur de la dmocratie et des institutions que le prsident de lAlliance nigrienne pour la dmocratie et le progrs (ANDP) les a quitts. Jusqu ces dernires semaines, son parti tait un alli du Prsident de la Rpublique du Niger, Mamadou Tandja. Mais dbut mai, lorsque le chef de lEtat avait confirm son intention de prolonger son mandat, Moumouni Djermakoye sest lev contre cette violation de la Constitution et sest immdiatement impos comme lun des principaux leaders du FDD. Colonel la retraite, ce Prince Djerma tait un compagnon darme de Mamadou Tandja, dont il stait ensuite loign au fil des ans. Membre du Conseil militaire suprme (CMS) au temps du gnral-prsident Seyni Kountch, il fut successivement, de 1974 1990, ministre des Affaires trangres et de la Coopration, de la Jeunesse et des Sports, puis de la Sant publique. Prfet de Zinder, il fut galement ambassadeur du Niger aux Etats-Unis et Reprsentant permanent du Niger auprs des Nations unies. Aprs la dmocratisation du pays, il fut ensuite prsident de lAssemble nationale (1993-1995) puis de la Haute-Cour de Justice partir de 2005 jusquau 26 mai 2009, date de la dissolution de lAssemble nationale par le prsident Tandja. Invit surprise, le Premier ministre destitu en 2007 Lors dune crmonie officielle, lundi 15 juin, Niamey, un hommage militaire lui a t rendu en prsence du chef de lEtat. Dans la foule, Adamou Moumouni Djermakoye a t inhum Dosso sa ville natale, fief des Djerma , en prsence dune foule immense venue de toute la rgion. Parmi ceux qui avaient fait le dplacement de Niamey, on comptait plusieurs ministres, tous les cadres civils et militaires originaires de Dosso, et tous les leaders politiques. Ainsi quun invit surprise : Hama Amadou, lancien Premier ministre destitu en 2007, qui aprs plusieurs mois de prison, vit en exil. Djerma lui aussi, il tait partenaire politique du prsident Djermakoye depuis quelques semaines, notamment dans ce front de rejet du rfrendum du chef de lEtat. Antoinette Delafin avec RFI Ses dernires dclarations dans Le Dbat africain de RFI : Tandja Mamadou a viol son serment (MFI) Dans Le Dbat africain de Madeleine Mukamabano consacr la situation politique du Niger, lancien compagnon darmes de Tandja Mamadou sest expliqu, juste avant sa mort le 14 juin 2009, sur sa rupture avec le prsident nigrien. M.M. : Votre parti tait la mouvance prsidentielle, mais vous avez rejet cette ide de rvision de la constitution. Vous tes passs dans lopposition lespace de quelques jours ? A.M.D. : Absolument ! Je suis un compagnon de quarante ans de Tandja Mamadou. Donc, je peux prtendre le connatre mieux que quiconque. Mais l, je dis franchement que je ne le connais plus. Quatre ou six fois de suite, Tandja a dit quil ne se reprsenterait pas. Tout dun coup, il a pens que cest aiguillant de sasseoir sur un fauteuil pendant plus de dix ans. Et quest-ce quil demande ? Quon lui accorde trois ans pour son affaire personnelle ! Et ce qui nous a le plus surpris, cest quil attende la fin de son mandat pour engager ces rformes. Il aurait pu le faire aprs le premier mandat. Et voil qu six mois [de lchance, ndlr], non seulement la constitution est viole () mais il dit que cest la population qui lui demande de rester. Or, nous, nous sommes ct de cette population. Nous savons ce qui se passe. Nous savons que les chefs de cantons, et parfois les scolaires, sont des populations qui sont embrigades pour venir des runions. Mais, tout cela ne tient pas, parce quil y a la violation de son serment. Personne ne dit quil ne faut pas apporter des modifications la constitution du Niger quelques () dix ans aprs. Cest tout fait normal quon y pense. Mais dabord, cest laffaire de la classe politique et non pas dun seul homme (). Cest la premire fois quon voit quand mme dans lhistoire de nos pays, un Prsident demander une rallonge aprs deux mandats successifs. () La moindre des choses, sil a envie davoir un mandat, cest de poser le problme, dabord, au niveau de ses allis ! MFI Dans la presse burkinab : Mort sur le champ de bataille de la lgalit rpublicaine (MFI) II aura, jusquau bout, donn sa vie pour la lgalit rpublicaine. Ancien compagnon et ami de Mamadou Tandja, le rvisionniste, Moumouni Djermakoye a prfr la lgalit rpublicaine au compagnonnage et lamiti. () Djermakoye tait aux avant-postes du combat contre ce compagnon et ami que les vertiges du pouvoir rendaient draisonnable, au point quil veuille sacrifier la rpublique sur lautel de ses propres intrts politiques. En mourant les armes la main, Djermakoye laisse la postrit nigrienne un prcieux hritage : une leon de fidlit la patrie et la dmocratie. Le Pays (Burkina Faso, 14 juin 2009) | |||
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