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22/09/2009
Ramss 2010 : Crise mondiale et gouvernance globale (2)
Barack Obama, extrmement courageux au plan extrieur


(MFI) Dans ses perspectives qui ouvrent la 28e dition de Ramss 2010, le rapport annuel de lInstitut franais des relations internationales (IFRI), son directeur Thierry de Montbrial revient sur llection de Barack Obama qui a suscit une immense vague despoir travers le monde.

Lautre grand fait marquant de lanne coule, cest llection de Barack Obama, port par une vague despoir extraordinaire travers le monde , affirme Thierry de Montbrial, le directeur de lInstitut franais des relations internationales (IFRI). Trs attendu ces jours-ci, la fois la tribune de lAssemble gnrale de lOnu, le 23 septembre, et le lendemain Pittsburgh, celle du G20, le nouveau prsident amricain a pris les rnes de la premire puissance mondiale en janvier 2009 aprs huit annes dobscurantisme amricain sous la frule de George W. Bush et de Dick Cheney .

Permettre son pays de tourner la page

Dans le futur, lpisode du maccarthysme apparatra bien fade en comparaison de la prsidence de George W. Bush, estime Laurence Nardon (Obama, Bush et la rsilience amricaine, pp. 99 101). Pour cette chercheuse, spcialiste des Etats-Unis, une des premires tches du prsident Obama est de permettre son pays de tourner la page . Elle rappelle la chape de plomb qui sest abattue sur le pays aprs les attentats du 11 septembre 2001, labsence de raction critique des mdias et de lopposition dmocrate ; puis, de 2004 2009, les dcouvertes successives des humiliations et tortures commises par larme dans la prison irakienne dAbou Ghrab et les rvlations sur le bagne de Guantanamo, qui ont permis denclencher un processus de gurison et de rparation de la crise morale cause par les agissements de lAdministration Bush .
Au plan domestique, Barack Obama est dj sur le fil du rasoir , indique Montbrial. Depuis quil a tent en juillet dengager la rforme du systme de sant, promesse phare de sa campagne lectorale, ltat de grce est termin. Avec 52 % de sondages favorables en septembre, il na pu viter les attaques trs violentes des Rpublicains. Notamment Washington, o les mcontents sen sont donn cur joie. Le Ku Klux Klan nexiste plus comme en 1960 mais il y a normment de haine. Le prsident a t insult, fait inimaginable aux Etats-Unis . De plus, mme aprs le ralliement du clan Clinton, la majorit dmocrate est divise. Avec la crise des subprimes et les 10 % de chmeurs que compte le pays, beaucoup dAmricains sont redevenus frileux.
Au plan extrieur, Barack Obama sest montr extrmement courageux , dit le politologue franais. Il a pris des initiatives positives, notamment en pratiquant louverture avec la Russie et avec lIran et en abordant la question isralo-palestinienne en dbut de mandat (un fait rare et souligner). Un mandat quil a surtout commenc par une dmarche de rconciliation universelle .

Grer le recul de la puissance amricaine

Le 44e prsident se pose en raliste, cest--dire que pour lui, les relations internationales sont principalement des relations entre les Etats. () Fini, par consquent, le temps o Washington dcidait dun changement de rgime Thran, Kiev, voire Moscou . De faon complmentaire, Obama a compris quaucun problme important ne peut se rgler hors dun cadre rgional appropri . Et il a raison de rclamer une simplification des structures de la gouvernance au niveau mondial
Paralllement, il doit se dsengager partiellement de lIrak afin de se concentrer sur lAfghanistan et, surtout, sur le Pakistan, devenu au fil du temps le centre de gravit : un Etat islamiste nuclaire menaant pour la scurit occidentale . Lchec du trait de non-prolifration (TNP) auquel Isral, lInde et le Pakistan refusent dadhrer mais qui est apparu longtemps comme une alternative , explique en partie sa volont de relancer le dbat sur le dsarmement nuclaire.
La question nuclaire est prsente dans tous ses discours de politique trangre, y compris propos de lIran ou de la Core du Nord. Une position abolitionniste qui repose sur des arguments thiques qui mritent lattention et surtout, sur une ralit plus manifeste aujourdhui que jamais : la supriorit amricaine dans le domaine des armements conventionnels leur permet de dfendre leurs intrts essentiels partout dans le monde .
Le directeur de lIFRI souligne encore lacte de rconciliation le plus spectaculaire de Barack Obama : le discours du Caire, le 5 juin. Fort de son identit personnelle et de son loquence, Barack Hussein Obama a manifest son respect personnel et celui de lAmrique pour lIslam et pour la civilisation islamique . Les pays arabes, qui dnoncent depuis soixante ans le biais pro-isralien de la politique amricaine attendent cependant plus quun beau discours. Et de se demander ce qua fait concrtement Barack Obama jusquici comparativement aux 100 premiers jours du prsident Roosevelt ?
Roosevelt a t idalis. Il a mis du temps devenir un grand prsident , corrige le vieux complice de Montbrial, Philippe Moreau Defarges, qui codirige ldition de Ramss 2010. Les Etats-Unis taient crouls en 1937 , Obama est la tte dun gant affaibli , rappelle-t-il. Comparant ces deux prsidences transformationnelles , il juge que lune, avec le new deal, a gr lascension des Etats-Unis sur la scne mondiale, alors que [celle de] Barack Obama gre leur dclin, ou tout au moins le recul de la puissance amricaine .


Ramss 2010. Crise mondiale et gouvernance globale. Sous la direction de Thierry de Montbrial et de Philippe Moreau Defarges. Dunod, 335 pages, 25 euros.

Antoinette Delafin

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