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06/10/2009
Blaise Compaor, un mdiateur dans le chaudron guinen

(MFI) Aprs avoir rencontr ce lundi 5 octobre la junte et l'opposition guinenne, le prsident burkinab Blaise Compaor, mdiateur dans la crise en Guine, a propos aux deux parties une rencontre Ouagadougou dont la date n'a pas t fixe. Les leaders de l'opposition devaient se concerter, le 6 octobre, sur la conduite tenir, mais posent d'ores et dj un certain nombre de pralables. L'Union europenne prpare des sanctions qui devraient tre connues le 9 octobre.

Le prsident burkinab, Blaise Compaor, est arriv juste avant 11 heures le lundi 5 octobre et quand son avion s'est pos sur le tarmac de l'aroport de Conakry, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a remont le tapis rouge, accompagn de ses proches collaborateurs, bret rouge et lunettes de soleil visss sur le visage. Blaise Compaor et Moussa Dadis Camara ont reu, au son de la fanfare, des foulards rouges en signe de bienvenue. Sur le ct, des bannires accueillaient le prsident burkinab : Pour la paix et la stabilit en Guine et dans la sous-rgion , Bonne chance au mdiateur, Blaise Compaor . Les deux hommes ont ensuite parl la presse dans un salon de l'aroport. Le prsident Compaor a indiqu qu'il tait venu voir comment relancer la fois le dialogue et une conduite sereine du processus politique. Le facilitateur nomm par la Communaut conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cdao) a aussi dit qu'il esprait obtenir de Moussa Dadis Camara des informations sur la conduite du processus lectoral pour qu'il soit pacifique, apais, exempt de violence. Nous sommes l aussi pour couter les dolances de toutes les parties, a dit Blaise Compaor, et pour exprimer aux populations plores de la solidarit, de la compassion . Le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, interrog sur les dernires dclarations du ministre franais des Affaires trangres, est parti dans une diatribe violente contre Bernard Kouchner qui a dclar qu'on ne pouvait pas travailler avec lui.

Le dpart de la junte et l'installation d'un gouvernement civil

La mission de Blaise Compaor s'annonce particulirement difficile parce qu'il s'agit de renouer le dialogue entre la junte et l'opposition alors que c'est un vritable foss qui s'est creus depuis le 28 septembre dernier ; d'abord en raison de l'ampleur du massacre qui a eu lieu dans le stade, plus de 150 personnes selon les Nations unies ; ensuite, parce que ceux avec qui il faut renouer le dialogue, les opposants, ont t blesss par les militaires dans le stade et qu'ils craignent actuellement pour leur scurit. Les leaders des forces vives - partis politiques d'opposition, syndicats et socit civile - devaient se concerter le mardi 6 octobre pour dterminer s'ils acceptent le dialogue propos par Blaise Compaor, et dans ce cas, dfinir les conditions dans lesquelles il pourrait se tenir. Mais avant de s'engager dans un tel processus, les principaux responsables politiques guinens ont d'abord exig que les corps des victimes des tueries du 28 septembre dernier soient restitus aux familles, que ceux qui ont t arrts soient librs et qu'un minimum de scurit soit garanti pour tous les Guinens. Dans un long mmorandum qu'elles ont remis au mdiateur burkinab, les forces vives demandent le dpart de la junte et l'installation d'un gouvernement civil charg de conduire la transition jusqu'aux lections gnrales. Le prsident Compaor qui, selon l'un des principaux opposants, est surtout venu les couter, va examiner les propositions et valuer dans un premier temps les possibilits de dialogue. Si l'option d'un dpart de Dadis Camara semble pour le moment difficilement ralisable, lui imposer en revanche de renoncer sa candidature la prsidentielle est possible. Jug responsable des atrocits du 28 septembre dernier, Dadis Camara est aujourd'hui mis au banc de la communaut internationale. Reste savoir si le chef de la junte va comprendre qu'il lui faut desserrer l'tau sous peine de risquer l'asphyxie. Selon nos sources, Blaise Compaor lui a fait dj passer le message lundi 5 octobre. Le prsident Compaor a indiqu qu'il n'avait pas fait qu'couter les parties en prsence, mais qu'il avait aussi fait des recommandations la junte : Nous ne devons pas tolrer en Guine qu'il y ait encore des discussions sur des personnes disparues dont on ne retrouve pas les corps , a-t-il dit aux journalistes. Avant de poursuivre : J'ai aussi indiqu comment nous devons viter que des militaires en arme puissent circuler dans la ville. Pour l'opposant Franois Fall, la visite de Blaise Compaor est une premire tape qui se poursuivra peut-tre Ouagadougou. Autre figure des forces vices : Sidya Tour, de l'UFR, se dit satisfait de l'coute du prsident Compaor. Jean-Marie Dor, de l'UPG, se flicite pour sa part de cette internationalisation de la crise guinenne. Dans une dclaration du 6 octobre, la prsidence sudoise de l'Union europenne promet de soutenir les efforts et d'tre en "contact troit" avec le prsident burkinab Blaise Compaor. L'Union europenne a dcid de prparer des sanctions cibles contre les auteurs des violences du 28 septembre, telles que des interdictions de sjour et des gels d'avoir. La liste des personnes concernes par ces sanctions devrait tre fixe le 9 octobre.

MFI/RFI

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