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13/10/2009 | |||
Crise guinenne (2)
La communaut internationale au chevet d'un bateau ivre | |||
(MFI) Le sort de la Guine a t examin avec la plus grande attention par les ministres de la Communaut conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest et par les membres du Groupe international de contact lors d'une session spciale, Abuja, le 12 octobre. La Cdao a apport un soutien appuy au peuple guinen. La concertation entre Union africaine et Union europenne est troite en attendant l'expiration, le 17 octobre, de l'ultimatum par lequel l'UA espre obtenir de Dadis Camara qu'il renonce sa candidature. | |||
Si cette junte passe en force, elle va imposer une nouvelle dictature , a averti Mohamed Ibn Chambas, le prsident de la commission de la Communaut conomique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cdao), lors de l'ouverture du sommet d'Abuja sur la Guine, le 12 octobre. Il a dnonc la militarisation [du pays] caractrise par l'usage arbitraire et irresponsable du pouvoir pour rprimer la population . Estimant que le massacre du 28 septembre Conakry tait une continuit du rgime du prsident dfunt Lansana Cont, il a affirm que la communaut internationale et la Cdao sont aux cts du peuple guinen .
Dans la capitale nigriane, la Cdao et le Groupe de contact, compos d'Africains et d'Occidentaux chargs de faire des recommandations sur la rsolution de la crise, ont donc cout successivement la dlgation de la junte conduite par le Premier ministre Kabinet Komara - en l'absence de Dadis qui a prfr rester au camp Alpha Yaya -, et celle des Forces vives qui avait sa tte l'ancien Premier ministre Ahmed Tidiane Souar, accompagn d'une dlgation de vingt personnes du monde politique et syndical.
Mohamed Ibn Chambas avait au pralable cout, le 8 octobre Ouagadougou, le mdiateur de la Cdao, dpch Conakry une semaine aprs les faits. En l'occurrence, le prsident burkinab, Blaise Compaor, qui avait demand la junte et aux leaders de l'opposition d'entamer un dialogue politique dans la capitale du Burkina. Aucune date n'avait pu tre fixe car ces derniers avaient pos plusieurs pralables, commencer par le dpart du chef de la junte et l'arrestation des responsables du massacre.
Des drives prvisibles aux consquences rgionales En fait, la communaut internationale est informe depuis longtemps de toutes les drives qui ont conduit au drame du 28 septembre. N'aurait-elle pas pu prvenir cette situation qui se droule aujourd'hui sous ses yeux impuissants et qui a dj des consquences dans toute l'Afrique de l'Ouest, notamment en ce qui concerne les trafics d'armes et de drogue ? Dans le Memorandum remis Blaise Compaor par les Forces vives, celles-ci indexent deux hommes d'affaires proches de la junte, des marchands d'armes contre lesquels elles rclament des poursuites judiciaires, prcisant qu'ils contribuent la formation et l'quipement de milices caractre ethnique . Des entranements financs, entre autres, par une socit minire implante en Guine . Des informations qui seront sans doute utiles la Premire commission de l'Assemble gnrale de l'Onu (dsarmement et scurit internationale), qui ouvre ses travaux ces jours-ci New York et qui a t saisie par Amnesty international. AI a demand le 9 octobre un embargo sur les ventes d'armes et munitions destination de la Guine, qui pourraient tre utilises dans des cas de violation des droits de l'homme . Illustrant son propos, AI a soulign que les mouvements de jeunes sont unis contre ces violences et prvoient une grve de la faim dans les prochains jours : Un moyen pacifique de protestation , selon Thierno Bald, prsident de la fdration des associations de la jeunesse guinenne. Sans doute la communaut internationale a-t-elle aussi en tte les proccupations formules dbut aot 2009 par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), concernant la diffusion des installations clandestines de fabrication de drogues en Guine. Parmi les preuves recueillies, des outils utiliss pour la fabrication d'antibiotiques de contrefaon, des substances ncessaires la fabrication de l'ecstasy et des solvants utiliss pour produire de la cocane et de l'hrone . Enqute de l'Onu, pressions de la France et des Etats-Unis, ultimatum de l'UA Quoi qu'il en soit, jamais le ballet diplomatique n'a t aussi intense au chevet de la Guine - au bord de l'im[ex]plosion. Et force est de constater que les pressions internationales se multiplient contre le capitaine Moussa Dadis Camara. Le 7 octobre, Navanethem Pillay, Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'Onu, a annonc Paris qu'elle avait dpch un conseiller spcial sur place pour enquter sur le massacre. La responsable onusienne avait qualifi de bain de sang la violente rpression par les militaires. Elle a galement abord la question Paris lors d'entretiens qu'elle a eu avec le ministre franais des Affaires trangres Bernard Kouchner et avec le secrtaire gnral de la Francophonie, Abdou Diouf, qui l'ont exhorte, a-t-elle prcis, user des pouvoirs de mon organisation pour lancer une enqute. La France, qui a fortement condamn les violences et suspendu sa coopration militaire avec la Guine, a suspect ouvertement le chef de la junte d'avoir particip la dcision qui a conduit au massacre. Sans oublier les Etats-Unis. Paralllement, le prsident de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a indiqu le 11 octobre que le processus de sanctions contre la junte suit son cours, une semaine avant l'ultimatum, fix par l'UA au 17 octobre, pour que Dadis renonce tre candidat la prsidentielle de fin janvier 2010. Depuis Bruxelles, l'Union europenne (UE) a d'ores et dj fait savoir que les Europens suivront sa dcision. L'UE serait aussi prte contribuer une mission de maintien de la paix si toutefois l'UA venait en dcider ainsi. Une runion entre les deux organisations est programme dans les prochains jours. | |||
Antoinette Delafin | |||
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