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17/11/2009 | |||
Crise guinenne, risques rgionaux (1)
Le maintien au pouvoir des militaires menace toute la rgion | |||
(MFI) Alors que le prsident burkinab, Blaise Compaor, s'apprte rendre compte de sa mdiation en Guine sous l'oil trs attentif de l'ensemble de la communaut internationale, la violence des vnements du 28 septembre n'en finit pas de rvler l'ampleur des dangers qui menacent ses voisins immdiats - eux-mmes en proie toutes les turbulences. Notamment dues la prolifration d'armes illicites qui menacent chaque jour davantage la scurit des populations civiles. | |||
Le massacre du 28 septembre tait prmdit et destin museler l'opposition , affirmait depuis New York l'Ong de dfense des droits de l'homme Human Rights Watch le 27 octobre 2009 (www.hrw.org/africa/guinea). Au terme d'une enqute auprs des diffrents tmoins des meurtres et des viols, victimes mais aussi soldats et officiers concerns, elle pointe du doigt les auteurs prsums : les Brets rouges, unit d'lite de la Garde prsidentielle (et dans une moindre mesure certains gendarmes de l'unit de lutte antidrogue et le crime organis ainsi que de la police anti-meute), qui auraient ensuite tent de dissimuler leur forfait en transportant les corps dans des fosses communes. Il faut mettre fin aux abus de l'arme , affirme HRW, pour qui au moins 150 personnes ont t massacres et des dizaines de femmes brutalement violes sur les lieux mme du stade et alentour, mais aussi, dans les trois jours qui ont suivi, dans des villas o elles ont t squestres et violes en runion par des soldats ivres de cocane. Des tmoignages rellement insoutenables qui soulignent de surcrot la dimension ethnique de ces crimes prsums qui auraient vis principalement les Peuls. Cette violence extrme de soldats voyous n'est bien sr pas le fait de l'ensemble des forces armes guinennes. Mais le sentiment d'impunit dont certains militaires et grads semblent investis est galement examin dans le dernier brief d'International Crisis Group (ICG) publi mi-octobre (1). En vue d'une transition pacifique, cette Ong de prvention des conflits insiste sur les dangers que reprsente le maintien au pouvoir des militaires - dans un pays qui n'a jamais connu de rgime civil depuis la mort d'Ahmed Skou Tour en 1984. Pour ICG, il en va non seulement de la stabilit du pays mais aussi de toute la rgion ouest-africaine. L'arme aurait militaris l'administration publique Au-del de la capitale, Conakry, certains membres du Conseil national pour la dmocratie et le dveloppement (CNDD, le groupe de jeunes officiers entourant le capitaine Moussa Dadis Camara, prsident autoproclam) attiseraient les tensions, souligne ICG. Depuis l'arrive de la junte au pouvoir, voici prs d'un an, l'arme aurait militaris l'administration publique. Trente des trente-trois prfets ont t remplacs par des officiers de l'arme qui, dans toutes les provinces, mobilisent des groupes de soutien pro-junte recruts parmi certaines organisations de jeunes patriotes. Ces groupes seraient nourris grce aux ressources de l'Etat alors mme qu'ils s'apparentent des milices ethniques - ce qui, au passage, tmoigne de la mfiance qui prvaut entre les dirigeants de la junte et plus largement des dissensions au sein de l'arme. Ceci est particulirement vrai en Guine forestire, la rgion natale de Dadis Camara - trs instable puisque situe aux confins du Liberia, de la Sierra-Leone et de la Cte d'Ivoire, trois pays qui se remettent peine de guerres civiles interminables. La prsidente Ellen Johnson Sirleaf vient tout juste de sonner la fin du programme de dsarmement (DDR) au Liberia tandis que son prdcesseur, Charles Taylor, rpond enfin, La Haye, de ses actes en Sierra-Leone. Pourtant, Nzrkor, capitale rgionale de la Guine forestire, ICG fait tat de jeunes hommes, anciens volontaires , conduits en bus et de nuit dans un camp d'entranement situ en Guine maritime, la frontire avec la Sierra-Leone. Ces milices comptent maintenant plus de 2 000 membres, entranes dans un camp Kaliah, cinq kilomtres de Forecariah et environ cent kilomtres de Conakry (.) par des expatris blancs, pour maintenir l'ordre pendant les lections . Les habitants de Forcariah, qui les prennent pour des Ukrainiens, ont prcis qu'ils rsident l'Htel Bafila et se rendent chaque jour Kaliah. Ces recrues, toujours selon ICG, seraient pilotes par le ministre de la Dfense, Skouba Konat, un personnage-cl de la structure actuelle du pouvoir . Nomm en 2000 par Lansana Cont pour superviser les oprations des rebelles du LURD (Liberians United for Rconciliation and Democracy) contre Charles Taylor, Konat entretiendrait toujours des liens troits avec ses anciens dirigeants, notamment Asha Damate Conneh, qui assure actuellement la scurit de sa maison Conakry. Des armes et munitions en provenance d'Ukraine Paralllement, une journaliste sud-africaine, Erika Gibson, rapportait le 18 octobre dans The Beeld qu'un groupe d'une cinquantaine de mercenaires (sud-africains et trangers), employs d'une socit de scurit qui officierait aussi dans les Emirats arabes unis et en RD-Congo, auraient t dpchs en Guine pour apporter leur soutien la junte. Grce leurs bons offices, et sous couvert de monitoring , le rgime en place continuerait importer des armes et munitions venant d'Ukraine via la Guine-Bissau, la Sierra-Leone et le Liberia. L'information semble se confirmer la lecture du Guardian (UK) qui, dans son dition du 3 novembre, affirme que La junte militaire viole l'embargo sur les armes impos mi-octobre par la communaut internationale. Des armes lgres ( pour un montant de 45m$ ) auraient ainsi atterri quelque part en Guine le 23 octobre, selon des sources diplomatiques en poste Conakry, qui suggrent que ces armes ont t achetes en Ukraine par le ministre de la Dfense, Skouba Konat, lors d'un rcent voyage titre priv, et que leur arrive a t supervise par un groupe de mercenaires appartenant une socit de scurit sud-africaine . (1) Pour en finir avec le pouvoir militaire. Briefing Afrique de Crisis Group n66, 16 octobre 2009. A suivre : Crise guinenne, risques rgionaux (2) Il y a trop d'armes en Afrique de l'Ouest | |||
Antoinette Delafin | |||
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