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24/11/2009 | |||
Radiodiffusion
L'Afrique face l'enjeu du numrique | |||
(MFI) La fin de la radio analogique est dj inscrite dans les traits internationaux : elle aura lieu l'horizon 2015. S'ouvre une priode de transition qui pose de redoutables dfis aux radios africaines, et aux institutions concernes. C'est pour sensibiliser l'urgence de planifier ce passage au numrique que la Francophonie organise, dbut dcembre, un atelier sur ce thme. Responsable l'OIF du programme radio, Emmanuel Adjovi nous en prcise le contexte . | |||
MFI : Peut-on parler d'imprparation des pays africains face au dfi de la radiotlvision numrique ? Emmanuel Adjovi : Je dirais plutt que la prparation des pays africains face au dfi du numrique mrite d'tre amliore. Certains pays ont commenc faire des efforts pour tre la hauteur des enjeux lis cette mutation technologique et sociale. Mais le niveau de ces efforts doit tre rehauss pour qu'ils soient en mesure russir leur transition vers le numrique en 2015 pour certains , et en 2020 pour d'autres. Des plans stratgiques de transition vers le numrique doivent tre dvelopps et mis en ouvre trs rapidement, sinon ces pays pourront tre confronts plus rapidement qu'ils ne croient des difficults de gestion de l'environnement du secteur de la communication. La transition vers le numrique ncessite aussi des investissements importants en matire d'infrastructures . MFI : Si le passage au numrique peut apparatre prometteur, il pose des problmes redoutables : en particulier, du point de vue des radios sans grand moyens, forces de renouveler leur quipement, et de celui du consommateur auquel il sera propos (et quel prix ?) d'acqurir de nouveaux appareils ? E. A : Vous touchez un des problmes majeurs de la transition vers le numrique. Mme en France, les radios associatives sont confrontes d'normes difficults dans le cadre de la radio numrique. Dans les pays africains, le problme est plus crucial, parce qu'effectivement les radios ne disposent pas de grands moyens. Seulement la numrisation est un phnomne irrsistible. On ne peut pas la nier, sinon on prend le risque d'tre rattrap tt ou tard par le dveloppement du phnomne. Dj, les nombreuses radios africaines qui sont encore en analogique sont confrontes des problmes de pices de rechange. Lorsque les stations tombent en panne pour dfectuosit de telle ou telle pice, les responsables de ces radios trouvent difficilement les pices de rechange, parce que les usines ont dj fait leur mue technologique. D'autre part, les oprateurs mettent de plus en plus sur le march des postes radios numriques. Dans ce contexte, si les Etats n'organisent pas le march et l'espace de la communication, les acteurs du secteur pourront tre confronts une dsorganisation lie la prolifration d'quipements non compatibles en matire de norme de diffusion. Organiser la diffusion numrique serait ds lors une vritable gageure pour les pays concerns. En tout tat de cause, se prparer pour la transition vers le numrique devient de plus en plus un impratif catgorique pour les pays africains. MFI : L'urgence, s'il faut en dfinir une, n'est-elle pas dans la mise en chantier de ce dossier de la part des instances de rgulation ? Ont-elles les capacits aujourd'hui d'une telle mobilisation ? E. A. : Le dossier ne peut tre gr uniquement par les instances de rgulation. Les gouvernements doivent s'investir, parce que la transition vers le numrique ncessite la mise en place d'infrastructures trs lourdes comme les multiplex . Le processus exige galement un renouvellement lgislatif et rglementaire. Il appelle enfin la mise en place d'une politique globale et d'une stratgique nationale dont l'laboration et la mise en ouvre exigeront la mobilisation des gouvernements et bien videmment des instances de rgulation. Le problme de fond est que bien des instances de rgulation ne comprennent pas encore la problmatique, et que d'autres sont si limites dans leur fonctionnement qu'on peut s'interroger sur leurs capacits faire face au dfi. Mais il ne faut jamais dsesprer de l'espce humaine, ni des institutions ! Il faut commencer par sensibiliser les acteurs la problmatique et aux enjeux. C'est ce que l'OIF tente de faire travers l'atelier de Ouagadougou. Peut-tre sera-t-on agrablement surpris par l'acclration des vnements et la capacit d'adaptation des Etats africains. | |||
Propos recueillis par Thierry Perret | |||
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