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01/12/2009 | |||
Une stratgie francophone pour Copenhague
A la recherche d'un consensus | |||
(MFI) Pratiquement tous les pays du monde se dclarent soucieux de protger l'environnement. Mais les approches divergent quant aux objectifs de la Confrence de Copenhague qui doit dfinir le rgime de l'aprs-Kyoto concernant la diminution des gaz effet de serre. Certains souhaitent que Copenhague dfinisse des quotas prcis de rduction des GES. D'autres se contenteraient d'un engagement politique, quitte le quantifier par la suite. Enfin, certains pays, du Nord comme du Sud, rclament un partage quitable du fardeau de la pollution ou parfois une aide pour s'adapter ses consquences. | |||
A quelques jours de la Confrence, le scepticisme quant des rsultats concrets s'est teint d'optimisme aprs l'annonce du prsident amricain Barack Obama qu'il se rendrait Copenhague avec des objectifs chiffrs. Un projet de loi fixant l'objectif de rduction des missions de gaz effet de serre (GES) 17 % d'ici 2020 par rapport 2005 a t adopt par la Chambre des reprsentants amricaine. Un projet de loi proposant 20 % de rduction est en discussion au Snat. Presque simultanment, l'autre grand pollueur de la plante, la Chine, a annonc qu'elle avait pour objectif une rduction de 40 45 % d'ici 2020 par rapport 2005 de son intensit carbonique, c'est--dire des missions de GES rapportes son produit intrieur brut.
Les chefs d'Etat des deux pays avaient dj annonc leur volont que Copenhague aboutisse un accord avec effet immdiat . Obama avait soulign que sans les efforts la fois de la Chine et des Etats-Unis, les deux plus gros consommateurs et producteurs d'nergie, il ne peut y avoir de solutions . La Chine cherche donner le bon exemple, notamment en Asie o se trouvent d'autres grands pollueurs comme l'Indonsie ; l'Inde, l'autre gant asiatique, a galement assoupli sa position (refus d'un processus contraignant de rduction des missions) sans toutefois annoncer d'objectifs chiffrs.
Union europenne : limiter le rchauffement 2 degrs L'Union europenne se trouve la pointe des efforts pour diminuer les missions de CO2 mais ses membres d'Europe de l'Est hsitent prendre des engagements concrets, y compris en matire de financement du dveloppement propre dans les pays pauvres que la France veut lancer dans le cadre d'un projet intitul Justice-climat . Les priorits de l'UE sont d'ouvrer Copenhague en faveur d'un compromis suffisamment ambitieux pour que le rchauffement plantaire n'excde pas un maximum de 2 degrs et de promouvoir une offre internationale ambitieuse et quitable dans laquelle l'Europe assumera sa part dans le financement des efforts des pays en dveloppement. L'UE s'est aussi dclare prte remplacer son engagement actuel de rduction de 20 % des missions de carbone d'ici 2020 par une rduction de 30 %, dans le cadre d'un compromis ambitieux et moyennant des efforts comparables de la part des autres partenaires. Paralllement, la France et le Brsil ont entam une campagne de sensibilisation en faveur de rsultats concrets Copenhague, de la cration d'une Agence internationale de l'environnement et d'une aide substantielle aux pays en dveloppement, value par l'Union europenne plus de 100 milliards d'euros par an. La Russie quant elle a fini par s'engager rduire de 25 % ses missions de GES. Elle s'est dite prte approuver un accord Copenhague, mais sous certaines conditions : que le potentiel d'absorption de CO2 des forts russes soit pris en compte et que le protocole soit ratifi par tous les pays industrialiss. Le Brsil, une des puissances conomiques mergentes avec notamment la Chine et l'Inde, est le premier pays de cette catgorie prendre des engagements concrets de rduction des GES. Le prsident Lula a annonc, lors d'une visite Paris, que son pays venait de dcider d' un programme pour diminuer les missions de gaz effet de serre au Brsil travers notamment la rduction de 80 % de la dforestation. Le Brsil, partisan des biocarburants pour remplacer terme le ptrole et le gaz, tente de convaincre d'opter pour un dveloppement propre les pays d'Amrique latine qui ne veulent pas sacrifier leur croissance conomique des normes cologiques trop strictes . Francophonie : favoriser la participation des Pays du Sud et encourager le consensus La Francophonie quant elle, en tant qu'espace de solidarit, a indiqu qu'elle entendait accompagner les pays francophones du Sud participer pleinement aux ngociations et favoriser le consensus sur les principaux enjeux : l'adoption de nouvelles mesures visant acclrer la rduction mondiale des missions de GES et la promotion du dveloppement durable dans les pays en dveloppement. Mais les positions individuelles des pays membres dpendent la fois de leur appartenance rgionale, de leur degr d'industrialisation et des doctrines conomiques suivies. Outre les divergences au sein de l'Union europenne, le Canada et la province du Qubec par exemple ne sont pas sur la mme longueur d'onde. Le gouvernement canadien conservateur de Stephen Harper dfend officiellement une politique d'quilibre . Le Canada s'acquittera de ses responsabilits mondiales d'une faon qui quilibre la protection de l'environnement et la prosprit conomique des Canadiens et des Canadiennes, et qui est comparable au niveau d'efforts dploys par les autres pays industriels , a ainsi dclar un porte-parole du ministre de l'Environnement, prcisant que le pays restait dtermin rduire les missions totales de GES de 20 % par rapport au niveau de 2006 d'ici 2020. En revanche, le Premier ministre du Qubec, Jean Charest, a affirm que le Qubec fera cause commune avec l'Europe et cherchera montrer la voie l'Amrique du Nord, en rduisant ses missions de GES de 20% sous le niveau de 1990 l'horizon de 2020 . Jean Charest a mme laiss entendre que le Qubec pourrait aller au del de ce seuil. L'Union africaine prconise un Nouveau pacte vert pour l'Afrique L'Afrique rclame pour sa part le maintien des acquis du protocole de Kyoto et en particulier les mcanismes suivants : permis d'mission qui permet de vendre ou d'acheter des droits mettre entre pays industrialiss, la mise en ouvre conjointe qui permet aux pays dvelopps de procder des investissements visant rduire les missions de GES en dehors de leur territoire, notamment dans un pays pauvre dans le cadre du Mcanisme de dveloppement propre (MDP). L'Union africaine propose d'accrotre les ressources du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) ; de faciliter l'attnuation des changements climatiques, l'accs l'nergie propre, le transfert de technologie, le renforcement des capacits et les financements supplmentaires pour les pays en dveloppement. Elle prconise un Nouveau pacte vert pour l'Afrique qui devrait permettre au continent de s'armer contre les consquences des changements climatiques tout en accompagnant le processus de dveloppement et l'atteinte des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement. De son ct la Communaut des Carabes et son Centre du Changement climatique soulignent que les petits tats insulaires, dont ceux de la rgion Carabe, y compris Hati, sont les plus vulnrables face au rchauffement climatique, bien qu'ils contribuent pour moins d'1 % aux missions globales de gaz effet de serre. Les deux organisations rclament donc une aide internationale accrue. Enfin, le Liban et l'ensemble de la rgion Moyen-Orient et Afrique du Nord sont parmi les plus vulnrables la rduction des prcipitations et l'lvation du niveau des ocans. Pour le moment le mcanisme pour un dveloppement propre (MDP) finance des projets de rduction des missions de gaz effet de serre, par exemple, dans le secteur des dchets solides. Une meilleure gestion de l'eau est aussi envisage ainsi que de l'agriculture. De leur ct, les producteurs de ptrole dont des pays comme l'Algrie, pourtant implique dans la lutte pour la protection de l'environnement, s'inquitent de la menace qu'un accord sur le climat Copenhague pourrait faire peser sur leurs conomies. L'Agence internationale de l'Energie a chiffr environ 4 milliards de dollars d'ici 2030 le manque gagner que pourrait reprsenter pour les producteurs l'adoption de politiques "vertes". Ils ont dit Pour le prsident algrien, Abdelaziz Bouteflika, les espaces rgionaux conviennent particulirement la ngociation de mesures favorables au dveloppement durable et la lutte contre les changements climatiques . Il indique galement que l'Union europenne, espace conomique et montaire patiemment construit, en est un parfait exemple . La lutte commune pour sauver notre futur commun n'est pas seulement une question de solidarit financire. C'est aussi une question de fraternit entre les peuples et les cultures. C'est cette vision renouvele que l'Afrique tentera de faire partager Copenhague , a-t-il encore affirm. Selon Meles Zenawi, Premier ministre thiopien et coordinateur de l'quipe de ngociation africaine Copenhague, l'Afrique est parvenue un accord sur les questions-cl devant tre ngocies lors du sommet sur le changement climatique : la rduction (des gaz effet de serre) est la plus grande priorit pour l'Afrique, car sans rduction il n'y a pas de possibilit d'adaptation. La seconde priorit est la compensation apporter pour les dommages causs par les pays dvelopps aux perspectives de croissance des pays africains et d'autres pays pauvres , note-t-il, soulignant que le Comit africain a identifi un certain nombre de points-cl en ce qui concerne le mcanisme institutionnel et le montant de la compensation. Toutefois le continent se montrera trs flexible sur les chiffres , prcise-t-il. M. J. | |||
Marie Joannidis | |||
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