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MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

01/12/2009
Une stratgie francophone pour Copenhague NECTAR : les urgences pour l'Afrique

(MFI) Une feuille de route pour les Francophones Copenhague : ainsi peut se dfinir le projet NECTAR, qui cible les six secteurs cls du dveloppement, envisags sous l'angle du changement climatique. Elabor par l'Institut de l'nergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF), NECTAR (acronyme de Ngociations Climat pour Toute l'Afrique Russies) vise dfinir des options concrtes et viables pour enrichir les positions des ngociateurs francophones dans le cadre de la Confrence mondiale sur les changements climatiques.

A l'origine du projet NECTAR, on trouve le triple constat suivant : d'une part l'actuel rgime dfini par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, adopte en 1992 au Sommet de Rio, et le Protocole de Kyoto adopt en 1997 n'intgrent pas rellement les problmatiques spcifiques des pays en dveloppement ; d'autre part, il existe un paradoxe entre l'insuffisante participation des Etats en dveloppement au processus de ngociations et leur ncessaire implication dans la lutte contre le changement climatique ; enfin, alors que les pays en dveloppement sont la fois les plus grandes victimes du changement climatique en raison de leur vulnrabilit (scheresse, temptes tropicales, dforestation.), et par leur difficult surmonter les consquences des catastrophes, ils ne bnficient pas suffisamment de transferts de technologies, ni des mcanismes financiers et des fonds destins l'adaptation au changement climatique. L'IEPF plaide donc en faveur d'une vritable intgration des pays en dveloppement (PED), notamment africains, la nouvelle ngociation. Mais celle-ci dpend aussi de la capacit de ces pays coordonner leurs efforts, tenir une position ferme lie des propositions concrtes.

Diagnostic, priorits d'action, promotion des propositions

Un premier reprage des priorits et des intrts communs des pays africains francophones a t effectu l'issue de l'Initiative Climat et Dveloppement de la Francophonie (ICDF) . Sur cette base, un premier rapport a t dress, lors d'un atelier tenu en 2007 Paris. Il souligne la ncessit de travailler selon une approche sectorielle. Six secteurs ont donc t dfinis comme prioritaires et choisis pour faire chacun l'objet d'une tude approfondie : Btiment et urbanisme, Agriculture, Eau et assainissement, nergie, Transports, Fort . Les avances des tudes ont t prsentes lors des runions des organes subsidiaires de la Convention Climat tenue Bonn en mai 2007. En 2009, six tudes prliminaires ont t publies en franais et en anglais par l'IEPF, et une tude complte a t ralise dans le secteur de l'agriculture. Les tudes approfondies sur les cinq autres secteurs sont en cours de ralisation. Dans chacun des secteurs tudis la mthode est la mme : on dresse un diagnostic visant cerner les impacts des changements climatiques dans chacun des secteurs, avant de dgager les priorits d'actions concrtes de dveloppement durable mettre en place, et de passer la phase de promotion et de suivi des propositions dans le cadre des ngociations. Il s'agit, on l'a compris, de faire en sorte que ces priorits puissent tre prises en compte dans le rgime climat post-2012.

Des tudes sectorielles articules autour d'une vision intgre du dveloppement durable

L'intrt du projet NECTAR est de penser le dveloppement durable de manire transversale. Nonobstant l'impact du changement climatique sur chacun de ces secteurs en particulier, la plupart des domaines tudis comme l'agriculture, la fort, l'eau et l'nergie sont troitement lis. Par exemple, le phnomne de dforestation qui rduit les capacits de stockage du carbone, et donc favorise l'effet de serre, a de multiples causes. Notamment la ncessit pour les agriculteurs de cultiver de nouvelles terres fertiles, ce qui pose le problme crucial de l'accs la terre ; la ncessit de se chauffer, qui soulve la question de l'accs aux ressources nergtiques autres que le bois. La dforestation a aussi des consquences sur l'eau et la recharge des nappes phratiques en favorisant le ruissellement, et donc l'rosion qui conduit aussi la dgradation des sols. Lutter contre la dforestation implique donc d'agir tout la fois sur l'agriculture et sur l'amlioration de l'accs des plus dmunis des sources nergtiques renouvelables.

Cette approche intgre du dveloppement durable devrait inciter les Francophones apprhender et mettre en ouvre simultanment l'ensemble des solutions proposes dans chacun des secteurs tudis. Pour chacun d'eux, les grandes lignes sont identiques : d'une part, une logique interventionniste et participative qui suppose un fort investissement de l'Etat et une appropriation par les communauts locales ; et d'autre part une logique de coopration, qui impartit la communaut internationale de mettre la disposition des pays en dveloppement les moyens humains, techniques et financiers suffisants sans lesquels aucune adaptation des pays les plus dmunis aux changements climatiques ne sera possible.

Les six priorits de NECTAR

Eau et assainissement

Du fait du dficit pluviomtrique, le nombre d'Africains confront au stress hydrique pourrait selon les estimations passer de 75 millions 250 millions en 2025. A l'inverse, les inondations et les crues exceptionnelles contribuent la pollution des sources d'eau et donc la recrudescence des maladies lies l'eau non potable. Plus gnralement ces deux phnomnes contribuent la dtrioration des espces vgtales et animales. Les pays doivent en consquence scuriser dans leurs politiques publiques l'accs domestique, agricole et industriel l'eau en incitant sa rcupration et sa rutilisation systmatique. Cela implique de crer de nouveaux moyens de stockage d'eau et de procder la remise en tat des zones frappes de scheresse, de dsertification et d'inondation.

Energie

A l'exception de l'Afrique du Nord, seuls 3 35 % des Africains ont en moyenne accs l'nergie quand le continent africain dispose de 10 % des rserves mondiales de ptrole et de 7,9 % des rserves de gaz. Les difficults nergtiques africaines appellent une viabilisation des ressources par l'acquisition d'infrastructures durables et sres et le recours des nergies renouvelables (hydrauliques et solaires) faible densit en carbone, mais nergtiquement efficaces afin de limiter l'utilisation excessive de la biomasse.

Transport

L'Afrique ne reprsente que 5 % du parc mondial de vhicules mais constitue une source croissante d'mission de gaz effet de serre (GES) du fait de leur vtust. Un objectif raliste d'attnuation pourrait tre une rduction de 30 % des missions en dix ans. Il serait rendu possible par la mise en place de stratgies nationales et rgionales finances par des aides internationales et des taxes (carburants, axes routiers, etc.) et appuyes par des transferts de technologie sur la rnovation du parc automobile.

Btiment

Prs de 80 % de la consommation d'nergie et des missions de GES sont le fait des btiments usage d'habitation et du secteur tertiaire. Sans compter l'habitat informel qui se gnralise, la rflexion africaine sur l'co-performance des btiments est encore embryonnaire et trop souvent calque sur des modles europens inadapts aux conditions locales. Le secteur devra inciter un engagement institutionnel, technique (oprations pilotes, recherche rgionale) et financier de tous les acteurs de la filire btiment, privs comme publics. Ceci dans le cadre de programmes de grande ampleur visant l'amlioration des btiments existants et l'exemplarit des constructions neuves (notamment publiques), pour des conomies d'nergie allant jusqu' 30%.

Fort

L'Afrique est l'un des poumons de la plante, puisque son territoire abrite 17 % des forts et 25 % des forts tropicales du monde. Prs de 5 millions d'hectares sont dtruits chaque anne, en raison d'une exploitation commerciale excessive et non viable et d'un important usage domestique (les 2/3 sont utiliss comme bois de chauffage). Le secteur doit s'adapter au changement climatique en appliquant des pratiques de gestion rduisant la vulnrabilit des forts et garantissant une surface de captage de CO2 minimum.

Agriculture

V. article ci-aprs.

Olivier Rabaey

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