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01/12/2009
Une stratgie francophone pour Copenhague Des efforts diversifis, des engagements prcis, et une priorit accorde aux plus pauvres

(MFI) Jean-Louis Borloo, ministre franais de l'cologie, de l'nergie, du dveloppement durable et de la mer, et Fatima Dia Tour (Sngal), directrice de L'Institut de l'nergie et de l'environnement de la Francophonie (IEPF), livrent leur point de vue l'approche de la Confrence mondiale sur le climat.

MFI : Qu'attendez-vous de Copenhague ?

Jean-Louis Borloo : L'objectif aujourd'hui est de limiter la hausse des tempratures 2C, seuil au-del duquel le monde entrerait dans une priode de trs fortes incertitudes. Pour y parvenir, nous devons prvoir des objectifs prcis de rduction de nos missions de gaz effets de serre court, moyen et long terme. Ainsi la France milite, sur la base du diagnostic tabli par les scientifiques du GIEC , pour une rduction des missions des pays dvelopps comprise entre 25% et 40% l'horizon 2020, et une baisse de 50% des missions mondiales l'horizon 2050. Nous souhaitons galement que les grandes conomies mergentes s'engagent rduire leur intensit carbone, c'est--dire leur niveau d'missions de CO2 par rapport leur taux de croissance. Nous voulons enfin aider les pays vulnrables faire face aux consquences du changement climatique. Il s'agit d'une question de responsabilit et de solidarit.

Fatima Dia Tour : A Copenhague nous voulons avoir au moins des signaux favorables pour passer l'action. La mission de la Francophonie est d'accompagner les pays en dveloppement qui ont besoin de formation et de soutien de leurs capacits. Il serait donc idal de savoir mettre en oeuvre des actions concrtes pour les pays en dveloppement que nous encadrons. La Francophonie est active dans ce domaine depuis longtemps travers un appui aux ngociateurs sur les questions touchant au changement climatique, la biodiversit ou la dsertification. Concernant les financements d'un dveloppement propre dans les pays pauvres, j'estime que le chiffre avanc par certains de 100 milliards d'euros par an n'est pas excessif, qu'il est dans le domaine du possible. Mais ce financement ne doit pas remplacer l'aide au dveloppement.

MFI : Quels sont les principaux enjeux, considrant les divisions qui existent entre les diffrents participants ?

J-L. Borloo : Ce que nous recherchons, c'est un accord simple, rel et prcis. Nous avons ainsi formul plusieurs principes pouvant servir de base un ventuel accord Copenhague: la fixation d'objectifs de rduction diffrencis en fonction des caractristiques historiques, conomiques et gographiques de chaque pays; l'laboration d'un plan de lutte contre la dforestation qui constitue l'une des principales causes du changement climatique; le lancement d'un plan Justice/climat en faveur des pays les plus vulnrables, commencer par l'Afrique; la mise en place de financements publics et innovants. Nous proposons galement la cration d'un comit de suivi international afin de veiller la bonne excution des engagements pris. Bref, nous essayons de construire un projet mondial qui ne soit pas une ngociation qui oppose les uns aux autres, mais un chemin de bonne foi o chacun apporte le maximum. Un accord ne sera possible que s'il est acceptable par tous.

F. Dia Tour : La Francophonie, caractrise par la diversit de ses membres, n'a pas de position en tant que telle. Notre rle est de faire jouer la solidarit francophone, ce que nous essayons de faire travers des concertations. Cela marche, mais il faut que cela aille encore mieux. Concernant l'Afrique, il s'agit d'accompagner les pays en leur donnant le maximum de moyens pour comprendre les enjeux, prendre position et laborer une position africaine commune. Il faut un engagement politique pour lancer le processus. Je suis trs optimiste quant aux rsultats de Copenhague car on n'a plus le choix. Il y a une prise de conscience environnementale, tout le monde a le dos au mur. En Francophonie, on voudrait donc qu'on anticipe pour que les pays en dveloppement ne se trouvent pas dans la situation o, pour dvelopper leur pays il faudra encore polluer. Il faut mettre le prix et accompagner l'engagement politique d'actions concrtes.

MFI : Quels sont, selon vous, les priorits pour l'aprs Copenhague ?

J-L. Borloo : La priorit consiste tout d'abord s'assurer de la bonne excution d'un ventuel accord. Pour y parvenir, la France a propos, dans le cadre de sa stratgie pour Copenhague, un dispositif complet et cohrent : l'laboration d'un rfrentiel commun au niveau mondial pour mesurer les progrs accomplis par les Etats, la rvision priodique (tous les cinq ans) des objectifs de rduction de long terme sur la base des travaux du GIEC, et la cration d'un comit de suivi international charg de collecter l'information et d'effectuer le suivi. De plus, nous militons pour la mise en place d'un financement public, automatique et stable dans le temps, issu par exemple d'une taxe sur les transactions financires. Il s'agit, au fond de poursuivre, avec Copenhague, tous les efforts accomplis en faveur d'une nouvelle rgulation du monde.

F. Dia Tour : A Copenhague et aprs chacun doit prendre ses responsabilits. Effectivement, dans le pass les pays industrialiss ont t les principaux pollueurs de la plante. Aujourd'hui des pays mergents comme la Chine le sont devenus aussi. Ce n'est pas parce que je ne suis pas pollueur que je n'agis pas. Ainsi les pays mergents sont en train de faire des actions concernant le changement climatique. L'Afrique doit aussi se mobiliser. Le projet de "ceinture verte", par exemple, est le genre de projet permettant aux pays africains de se prendre en charge dans ce domaine.

Ce projet prvoit la construction d'lots de terres fertiles qui petit petit formeront une muraille verte du Sngal jusqu' Djibouti. Cette initiative de la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (GMVSS) est une action prioritaire du programme de partenariat Afrique-UE sur le changement climatique. Initialement lanc en 2005 par Olesegun Obasanjo, alors prsident du Nigeria, lors d'un sommet de l'Union africaine, le projet port depuis lors par la Communaut des Etats sahlo-sahariens (CEN-SAD) a pris de l'envergure.

Copenhague : les mots-cls de la confrence

COP15 : Ce sigle dsigne. la confrence mondiale de Copenhague sur le climat. L'abrviation COP15 signifie qu'il s'agit de la 15e Confrence des Parties.

CCNUCC : Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique

Propos recueillis par Marie Joannidis

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