Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

05/01/2010
2010-2020, Dcennie africaine du genre (1) Les femmes l'assaut des politiques

(MFI) Alors que l'Union africaine lance la Dcennie africaine du genre, la Commission conomique pour l'Afrique (CEA) des Nations unies a valu les progrs accomplis dans l'application du Programme d'action de Pkin, qui prconise la parit entre hommes et femmes en matire de prises de dcision. Les progrs - en politique ou en matire d'ducation - ne cachent pas les progrs restant faire - pauvret, sant, scurit.

Quelles priorits l'Union africaine devra-t-elle appuyer au cours de la Dcennie africaine du genre qui s'ouvre en 2010 ? La rponse se trouve en grande partie dans le rapport de la Commission conomique pour l'Afrique (CEA) des Nations unies, prsent en novembre dernier Banjul (Gambie), lors de la 8e Confrence rgionale africaine sur les femmes. Ce document de synthse* orientera les dcisions que prendront les gouvernements dans la Maison de verre, New York, en mars 2010, lors de la 54e session de la Commission sur le statut de la femme.

Il s'agit d'une valuation des progrs accomplis dans la mise en ouvre du Programme d'action de Pkin, qui prconisait, en 1995, l'galit des hommes et des femmes dans la participation aux prises de dcision . Un long chemin reste parcourir, estime la CEA, qui montre comment les femmes africaines ralisent des avances notables en matire politique. L'accs l'ducation primaire a aussi nettement progress. En revanche, tout reste faire pour lutter contre la pauvret, et pour un meilleur accs aux revenus, la sant, la scurit et au respect des droits humains.

Les femmes dsormais sur la scne politique

L'UA s'est dote d'une politique du genre afin d'acclrer les engagements nationaux et rgionaux en faveur des femmes. Ainsi, un Protocole pour l'galit des sexes a t adopt par la Communaut de dveloppement de l'Afrique australe (SADC) en 2008. A Pkin, les pays s'taient notamment engags modifier constitutions et lgislations afin de promouvoir les droits politiques des femmes et en particulier leur reprsentation dans les instances lectives.

Au niveau parlementaire, le seuil de 30 % des siges tait loin d'tre atteint en Afrique de l'Ouest en 2002 (10 % au Sngal ; 15 % en Cte d'Ivoire), note la CEA, mais proche de l'tre en Afrique de l'Est et australe. Le Mozambique et l'Afrique du Sud y taient parvenus et le Rwanda l'avait dpass (49 %), proche de la parit souhaite par l'UA dans sa Dclaration solennelle sur l'galit entre hommes et femmes en Afrique de juillet 2004.

Certains pays soutiennent les femmes parlementaires. Le Burkina Faso le fait depuis 2005 sous la forme d'un caucus genre (un groupe d'appui) l'Assemble nationale. Le Ghana a instaur une discrimination positive : un quota de 40 % qui a entran une augmentation de 10 % de femmes lues dans les districts. Le Maroc accorde des subventions aux partis politiques pour qu'ils prsentent des femmes aux lections... Et des actions de sensibilisation et de formation sont mises en place un peu partout pour convaincre les femmes de la ncessit de voter.

Rsultat, au plus haut niveau, les femmes montrent leurs capacits gouverner : Luisa Dias Diogo, docteur en conomie du dveloppement, nomme Premier ministre du Mozambique en 2004 ; Ellen Johnson-Sirleaf, premire femme africaine lue chef d'un Etat en 2005 ; et Rose Francine Rogomb, prsidente du Snat, qui a assur avec sagesse l'intrim de la prsidence gabonaise en 2009. Des exemples peu nombreux mais qui ont un grand retentissement.

Les chiffres ne disent rien des ingalits dans les mnages

Rien ne permet jusqu' prsent de penser que les politiques et les stratgies poursuivies actuellement ont rduit la fminisation de la pauvret (.) dont le recul reste un dfi urgent et persistant , dplore cependant la CEA. La plupart des pays disent avoir adopt des Stratgies pour la rduction de la pauvret (DSRP) comportant un volet fminin. Mais la mise disposition de microcrdits (tant vants par les bailleurs et les ONG) n'a pas dbouch sur une augmentation du pouvoir conomique des femmes pas plus que les programmes de protection sociale n'ont eu l'impact escompt. De plus, les estimations ne sont toujours pas ventiles par sexe : les chiffres ne disent donc rien des ingalits dans les mnages.

Plus de la moiti de la population africaine, majoritairement fminine, vit en dessous du seuil de pauvret (moins de 1 $ par jour). Cette pauvret endmique, concentre en zone rurale, touche toutes les rgions (hors Afrique du Nord), selon le rapport conjoint CEA/Banque africaine de dveloppement (2009) qui value l'avancement des Objectifs du millnaire pour le dveloppement (OMD). De plus, les femmes vont subir plus fortement les consquences du ralentissement conomique mondial, notamment en termes d'emplois. Tout cela, malgr une croissance positive dont les fruits ne sont pas partags.

Des progrs en matire d'ducation primaire.

Une bonne nouvelle. L'un des domaines o l'Afrique a connu des succs est l'ducation . Selon ses Perspectives conomiques 2009, prs de 70 % des pays ont dj atteint la cible de la parit des sexes. Le rapport 2009 sur les OMD indique que les taux de scolarisation nets en Afrique subsaharienne sont passs de 58 % en 2000 74 % en 2007. Le continent devrait atteindre les cibles pour l'enseignement primaire. Mais le problme se pose encore pour les tudes au-del. D'autre part, la CEA s'inquite de la dtrioration de la qualit de l'ducation. (.) Partout en Afrique, les coles ne sont pas suffisamment finances .

.mais la mortalit maternelle la plus leve du monde

En revanche, malgr les engagements pris en faveur de la sant, (...) la mortalit maternelle en Afrique reste la plus leve du monde . La plupart des pays disent avoir mis en place un programme appropri. Mais l'chec est patent. Il est notamment attribu aux insuffisances des personnels de sant ainsi qu' l'accs limit aux soins obsttriques d'urgence. Enfin, les taux de mortalit maternelle et infantile sont fluctuants. Ils peuvent descendre puis remonter - comme en Namibie ou au Ghana - en fonction des conjonctures.

Autre point alarmant : les femmes sont touches par les pidmies dans une proportion largement suprieure celle des hommes, avec des diffrences de prvalence entre les sexes particulirement marques chez les jeunes pour le VIH. Les femmes et les filles ges de 15 49 ans reprsentent 60 % de la prvalence et des nouvelles infections - (.) avec les consquences sociales et conomiques . N'oublions pas que les pays d'Afrique australe reprsentent un peu plus de 40 % des femmes sropositives du monde .

* Examen de la mise en ouvre du Programme d'action de Beijing en Afrique quinze ans aprs son adoption (Beijing+15). Rapport de synthse 1995-2009, Commission conomique pour l'Afrique, Nations unies.

Antoinette Delafin

retour