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19/01/2010
Hati La mobilisation internationale s'accrot

(MFI) Une semaine aprs le tremblement de terre, alors que les recherches dans les dcombres se poursuivent, l'Etat hatien tente de se rorganiser. L'aide extrieure vient soutenir un pouvoir dsempar mais pour les ministres, pas question de dire qu'Hati est sous tutelle internationale.

Loin du faste des btiments officiels, c'est dans les locaux de la direction centrale de la police judiciaire que le pouvoir hatien essaie de se regrouper. Quelques chaises et tables dans les salles dsertes ; les runions s'y tiennent sans agenda prcis selon les alles et venues des diffrents ministres. Une organisation floue mais qu'Evans Lescouflair, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l'Action civique explique par les conditions difficiles qui n'pargnent personne en Hati : Il n'y a pas d'eau, pas d'lectricit, pas de toilettes, pas de nourriture, on se serre les coudes. On sait que d'abord c'est nous qui devons prendre la situation en main, trouver des solutions, avec le soutien de la communaut internationale. Est-ce que le fait d'avoir des pays qui nous aident s'appelle une tutelle ? Cela voudrait dire que chaque fois qu'il y a une catastrophe il y a une tutelle ? On va grer, on a cette capacit trouver des solutions. Le Hatien a cette capacit de trouver des solutions des situations difficiles.

Parer au plus press, sauver des vies. Pour acclrer les dcisions, Ren Prval le prsident de la Rpublique, a dcrt l'Etat d'urgence jusqu' la fin du mois de janvier. Pour sauver encore des vies, il faut faire vite, une semaine aprs le drame : car aprs ce laps de temps, on considre que tout rescap est un miracul. Les secours vont donc continuer un, deux, trois jours peut-tre. La dcision d'arrter les recherches appartient au gouvernement hatien. Mais pour l'instant, malgr la chaleur, la fatigue, l'abattement parfois, on a vu des pompiers les larmes aux yeux aprs plusieurs heures passes fouiller les gravats pour n'en sortir que des cadavres. Les hommes tiennent parce qu'il faut tenir. Un mdecin urgentiste le disait le 18 janvier au soir : Tant qu'il y a de l'espoir on continue.

De New York Bruxelles

Du ct de la communaut internationale, une semaine aprs le drame, l'heure tait la mobilisation. Alors que Bill Clinton, missaire spcial des Nations Unies pour Hati, tait en visite Port-au-Prince le 18 janvier. En veste kaki, accompagn de sa fille Chelsea, Bill Clinton est arriv l'aroport de Port-au-Prince et il n'est pas venu les mains vides. Sa fondation a apport de l'eau, de la nourriture, du matriel mdical et mme des lampes de poche solaires. Ici, l'ancien prsident amricain est en terrain connu. Il est le reprsentant spcial de l'ONU pour Hati et se dit intress par le pays depuis plusieurs annes.

Au sige des Nations unies, New York, une runion spciale du Conseil de scurit se tenait, au cours de laquelle le secrtaire gnral de l'organisation, Ban Ki-moon, a demand 3 500 hommes en plus pour organiser l'aide en Hati. A Bruxelles, les ministres de l'aide au dveloppement de l'Union europenne, runis en un conseil extraordinaire, ont dcid de dbloquer 27 millions d'euros supplmentaires d'aide d'urgence, plus une aide la reconstruction...

Et au Bnin, berceau du peuple hatien, une collecte de fonds est organise. Deux comptes en banque ont t ouverts. Dans ce pays qui abrite la seule reprsentation diplomatique de Hati sur le continent africain, associations, ONG et autres particuliers se font un devoir de venir en aide Hati. Pour les Bninois, les Hatiens sont un peuple frre.

Vers une annulation de la dette d'Hati ?

Le prsident hatien Ren Prval a admis que la stabilit conomique et politique tait essentielle pour le succs de la reconstruction. Il a galement reconnu que les institutions dmocratiques de son pays devaient tre renforces. Son homologue dominicain, qui accueillait une premire runion internationale sur l'aide Hati, a de son ct estim quelque 10 milliards de dollars sur cinq ans la somme dont le pays aurait besoin pour surmonter le traumatisme li ce tremblement de terre. Pour une part, il devrait s'agir d'annulation d'une partie de la dette publique hatienne qui fin 2008 s'levait plus d'un milliard huit cents millions de dollars. Il faut rappeler que la majeure partie de cette dette s'est constitue durant les vingt-cinq ans de dictature des Duvalier pre et fils. Un rgime qui bnficiait l'poque du soutien des pays qui proposent aujourd'hui de rduire une partie de cette dette. D'o l'appel de certaines organisations une annulation pure et simple de toutes les crances d'Hati.

Paralllement, des institutions financires internationales ont annonc le dblocage de fonds. La Banque interamricaine de dveloppement pourrait ainsi dbloquer plus de 360 millions de dollars. Reste connatre les conditions poses par les bailleurs de fonds aux autorits hatiennes pour l'octroi de cette aide la reconstruction.

Le ministre franais des Affaires trangres, Bernard Kouchner, a insist auprs des partenaires d'Hati sur la ncessit de prendre en compte l'ensemble des dimensions de la reconstruction, notamment l'indispensable renforcement des capacits du gouvernement hatien. Cela doit, selon lui, passer par une confrence internationale susceptible de rassembler toutes les bonnes volonts ; la confrence proprement dit pourrait avoir lieu au mois de mars, une premire runion prparatoire tant d'ores et dj programme Montral le 25 janvier prochain.

MFI/RFI avec Amlie Baron, correspondante Port-au-Prince

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