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02/03/2010
Spcial 8 Mars / Centenaire de la Journe internationale des femmes / Le rle encore mconnu des femmes africaines

(MFI) La communaut internationale clbre le centenaire de la lutte pour le droit des femmes ce 8 mars 2010. L'ide d'une Journe internationale de la femme a t lance voici cent ans par une militante allemande, Clara Zetkin, lors de la 2e confrence des femmes socialistes. Cette journe a t reconnue en 1977 par les Nations unies et en 1982 en France. Depuis, des manifestations ont lieu tous les ans travers le monde pour plaider la cause des femmes. En Afrique, leur rle primordial tous les niveaux de la vie conomique, et souvent mme politique, n'est pas encore apprci sa juste valeur - mme si de rels progrs sont en cours.

Il a fallu une centaine d'annes pour que les pays dvelopps avancent dans ce sens sans obtenir encore une vritable parit entre les femmes et les hommes , souligne une journaliste africaine. Nous, femmes africaines, devons encore persvrer , ajoute-t-elle, voquant l'exemple de la prsidente librienne Ellen Johnson Sirleaf ou de la Kenyane Wangari Maathai, prix Nobel de la paix 2004, qui a t nomme en dcembre dernier Messagre de la paix des Nations unies avec une mission spciale sur l'environnement et les changements climatiques.

En Afrique, selon de rcentes estimations de l'OCDE, les femmes constituent prs de 70 % de la force agricole du continent et produisent environ 90 % de toutes les denres alimentaires. Le taux d'activit conomique (qui mesure le pourcentage de gens dont la force de travail assure la production de biens conomiques) des femmes africaines (61,9 %) est suprieur celui d'autres rgions du monde, y compris des pays industrialiss de l'OCDE. L'immense majorit des femmes africaines sont toutefois employes dans le secteur informel ou des postes peu qualifis, comme le montre le pourcentage de femmes salaries dans le secteur non agricole, l'un des plus faibles du monde (8,5 %)

Un accs toujours insuffisant la sant et l'ducation

Parmi les raisons qui expliquent cette place mdiocre des femmes dans l'conomie formelle des pays d'Afrique subsaharienne, figure notamment leur accs insuffisant aux ressources cls que sont l'ducation et la sant. La base de donnes GID (sur l'galit hommes-femmes, les institutions et le dveloppement) du Centre de dveloppement de l'OCDE, ainsi que le taux de scolarisation des femmes en primaire indique ainsi que le taux de scolarisation des femmes en primaire reste remarquablement faible (67 %), malgr les initiatives internationales comme les Objectifs du millnaire pour le dveloppement (OMD) qui visent l'ducation primaire pour tous d'ici 2015. L'analphabtisme reste extrmement important : dans le groupe d'ge des plus de 15 ans, 51 % seulement des femmes savent lire et crire contre 67,1 % des hommes.

Les progrs en termes de mortalit maternelle sont eux aussi bien infrieurs aux objectifs internationaux. Le taux enregistr en Afrique de 866 dcs pour 100 000 grossesses - d en partie l'tat lamentable des services mdicaux qui fait que seuls 50,9 % des accouchements bnficient de l'assistance de personnel qualifi - est le pire au monde.

La base de donnes GID est la premire du genre compiler de manire systmatique des informations sur les ingalits lies aux normes et traditions sociales. Ainsi, le code familial qui prvaut dans nombre de pays africains est dfavorable aux femmes, car il interdit aux filles d'obtenir une part quitable d'un hritage ou aux femmes d'exercer l'autorit parentale sur leurs enfants une fois un mariage dissous.

l'instar des pays d'Asie du Sud, les filles sont souvent confrontes trs jeunes des mariages arrangs, voire forcs. Par rapport la moyenne de 27,4 ans dans les pays de l'OCDE, les filles d'Afrique subsaharienne se marient en moyenne 21,3 ans. De plus, 28 % des filles ont dj t maries au moins une fois avant leur 20e anniversaire. La polygamie reste une pratique trs rpandue en Afrique subsaharienne, et les hommes et les femmes ne bnficient pas des mmes droits de proprit foncire.

Si les femmes sont ventuellement autorises, sur le papier, souscrire un emprunt bancaire, la coutume leur dnie toujours un accs gal au crdit dans de nombreuses rgions rurales. D'autres traditions comme la mutilation gnitale (excision) qui concernerait dans certains pays plus de 95 % des femmes (rythre, Guine, Mali et Somalie par exemple) attentent leur sant et lsent par consquent leurs chances d'accder un emploi.

De son ct, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lanc en fvrier 2010, une nouvelle base de donnes en ligne sur les ingalits largement rpandues entre les hommes et les femmes en matire d'accs la terre.

Cette base de donnes, intitule Genre et droit la terre a t labore en consultation avec les services statistiques nationaux, les universits et les organisations de la socit civile.

Loin derrire les hommes pour la proprit des terres agricoles

Elle montre que dans une bonne partie du monde, les femmes viennent loin derrire les hommes en ce qui a trait la proprit des terres agricoles et l'accs aux revenus provenant de la terre, et cela bien qu'elles soient les principales productrices de cultures vivrires et qu'elles jouent un rle crucial au sein de leurs foyers.

La disparit dans l'accs aux terres est l'une des principales causes des ingalits sociales et conomiques entre les hommes et les femmes dans les zones rurales. Elle met en pril la scurit alimentaire des mnages et des communauts, et affecte la scurit alimentaire nationale et le dveloppement , indique Marcela Villarreal, directrice de la division parit, quit et emploi rural de la FAO.

Cette base de donnes offre une image des grands changements sociaux, conomiques, politiques et culturels qui influent sur l'accs la terre et le respect des droits fonciers des femmes. Les dcideurs ont, d'une part, une source exhaustive de renseignements sur les facteurs les plus pertinents en matire d'galit en droit foncier dans leur pays et, d'autre part, la possibilit de faire des comparaisons entre les tendances et l'tat du droit dans leur propre pays et d'autres pays , ajoutent des experts de la FAO.

Dans de nombreux cas, les constitutions nationales reconnaissent aux hommes et aux femmes les mmes droits sur la terre, mais la ralit quotidienne est tout autre. Souvent, ces droits sont bafous du fait de lois contradictoires ou de pratiques traditionnelles et institutionnelles qui ont la vie dure et attribuent les titres de proprit et l'hritage des terres aux hommes ou la famille du pre dcd, en particulier en Asie et en Afrique.

Quinze ans aprs la plateforme d'action de Beijing issue d'une confrence mondiale sur les femmes qui a invit la communaut internationale s'engager pour la promotion de la femme et l'galit des sexes, l'Afrique renforce sa mobilisation.

Ainsi, les chefs d'Etat et de gouvernements prsents au 14e Sommet de l'Union africaine (UA) en fvrier 2010 ont dcid la cration d'un Fonds pour les femmes africaines.

Ce Fonds sera aliment dans un premier temps par des contributions des Etats membres. Je salue la dcision de la cration de ce Fonds qui tmoigne de notre volont de promouvoir et de garantir les droits de la femme sur le continent africain. Elle marque notre volont de reconnatre la place privilgie de la femme dans la socit africaine , a dclar cet gard le prsident du Malawi Bingu Wa Muthakari, nouveau prsident en exercice de l'UA. Nous devons franchir les tapes suivantes en donnant une traduction concrte au Fonds et surtout en ratifiant massivement les instruments juridiques garantissant les droits des femmes, en particulier le Protocole de l'UA sur les Droits de femmes , a-t-il ajout.

Marie Joannidis

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