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17/03/2006
Les cofacteurs du sida ne sont pas ngliger

(MFI) Plus la recherche avance dans des domaines autres que la virologie, plus des scientifiques comprennent quel point le stress ou la nutrition, par exemple, peuvent influer sur le cours de la maladie. Cela parat essentiel en cas de sida dclar ; et aussi trs important dans tous les cas de sropositivit au VIH.

Une grande partie de mon travail avec les patients atteints du cancer ou du sida consiste leur apprendre rester dans la ralit du prsent pour viter quils ne succombent aux peurs inutiles. Cette dmarche est capitale pour maintenir une bonne immunit et aider au retour de la bonne sant. Car le pouvoir des croyances sur la sant du corps est bien rel. Qui parle ? Un charlatan ? Un gourou ? En fait, la citation est extraite du livre que vient de publier le Dr Thierry Janssen, chirurgien, psychothrapeute et enseignant en facult de mdecine (1). Ce livre dcrit une rvolution mdicale en cours : de plus en plus de patients ont recours aux mdecines non conventionnelles, lesquelles sont de plus en plus valides par la recherche scientifique. Les troubles que lon qualifiait nagure de psychosomatiques, domaine des psychologues mpris par la mdecine base sur la biochimie, sont maintenant clairs par la psycho-neuro-endocrino-immunologie.
Et le Dr Janssen explique, entre autres, se fondant sur des faits scientifiquement dmontrs et publis dans la littrature mdicale, comment notre systme immunitaire est influenc, renforc ou dprim, via les systmes nerveux et hormonal, par nos motions et nos croyances. Une anecdote le montre bien : Au dbut de lpidmie de sida, dans les annes 1980 San Francisco, une aggravation de ltat de sant de jeunes patients sropositifs semblait survenir de faon quasi systmatique un nombre prcis de semaines aprs le diagnostic de la contamination. Un point commun reliait ces patients : ils avaient tous lu un article dans un magazine gay selon lequel la maladie voluait de manire fatale aprs ce dlai prcis. Le dmenti de cette information errone permit de lever le sort jet ces patients. Le rle du stress (individuel, social, violences, guerres, etc.) et des conditionnements psychologiques (stigmatisation des sropositifs ou des malades, croyance que sida gale mort) nest pas moins important en Afrique quailleurs. On peut considrer que ces facteurs font partie de lensemble des cofacteurs influant sur la maladie et la sant.


Malnutrition, bactries

Si le Pr Luc Montagnier ne nie pas le rle des stress, il parle plus volontiers dautres cofacteurs : Il y a bien sr beaucoup dimmunodficience lie la malnutrition () Et il y a dautres facteurs qui ont t apports par lextrieur, dabord dans les villes qui taient en contact avec des touristes () Ils apportaient quelque chose, un facteur, qui a augment la virulence et la transmissibilit du virus, et on revient la thorie des cofacteurs bactriens que je soutiens depuis une dizaine dannes () Du fait de lusage immodr des antibiotiques, on a pouss un certain nombre de bactries prendre des formes analogues celles des mycoplasmes. Et cest lensemble de ces formes qui a rendu hautement transmissible le virus par le sang et par les voies sexuelles. De plus, la transmission sanguine du virus en Afrique est totalement sous-estime, via lusage de seringues, de canules, dinstruments peu striles. (2) Dautres facteurs favorisant laggravation de limmunodficience ont t identifis : les maladies sexuelles ; les parasitoses, mycoses et infections intestinales, si courantes en Afrique ; le stress oxydatif, qui endommage les cellules lors dinflammations et dinfections chroniques et pourrait jouer un rle important dans lvolution vers le sida ; lalcool qui, en fragilisant les cellules de la bouche, augmenterait le risque de transmission par voie orale ; chez les femmes, la fragilit de la muqueuse utrine et vaginale, surtout au cours des rgles ou en cas de mycoses et dinfections rcurrentes
Sur tous ces facteurs, il est possible dagir. Par une nutrition saine, de leau potable, des complments naturels antioxydants, des immunostimulants, des plantes antiparasitaires, des stratgies visant rduire les mycoses, des techniques de gestion du stress, etc. Pour lUnesco, le rle de lducation la prvention est primordial : Les campagnes qui ne font tat que des aspects ngatifs peuvent engendrer la stigmatisation, la discrimination et peuvent mme parfois exacerber les risques. Cest pourquoi les changements dattitude induits par lducation la prvention sont ncessaires non seulement pour ceux qui sont directement touchs mais aussi pour toute la communaut de sorte quelle reste source dintgration et de soutien. (3).


Mieux impliquer limmunit

Pour lheure, lOMS constate que lpidmie distance toujours la riposte . Je pense que nous avons besoin de nouvelles ides, dclarait en fvrier loccasion du CROI (Confrence annuelle sur les rtrovirus) le Dr Stephen OBrian, chercheur au Laboratoire dtude de la diversit du gnome humain. Nous ne disposons pas de mdicaments pour gurir le sida, et les antirtroviraux que nous avons dvelopps pour rduire efficacement la charge virale produisent des effets secondaires srieux () Tout cela ne peut tre satisfaisant pour les 40 millions de personnes infectes dans le monde. Ces thrapies, logiquement, on tendance slectionner les virus multirsistants. Le Pr Montagnier est lui aussi davis que la trithrapie nest pas une solution trs long terme et quil faudrait, tout comme le juge le Pr Jean-Franois Delfraissy, directeur de lANRS (Agence nationale franaise de recherche sur le sida), susciter aussi une implication de la rponse immunitaire du patient. En attendant des nouvelles voies de recherche, une prvention prenant en compte lensemble des cofacteurs parat plus que jamais souhaitable. Elle est parfois pratique sur le terrain mais les malades et les sropositifs ne sont pas encore assez informs sur son importance pour leur sant.

Henriette Sarraseca


(1) Dr Thierry Janssen : La Solution intrieure (Fayard)
(2) Le sida en Afrique (Actes du colloque au Parlement europen, 8 dcembre 2003 ; Marco Pietteur, diteur)
(3) Stratgie de lUnesco en matire dducation la prvention du VIH/Sida
Des sites : www.passeportsant.net, www.catie.ca, www.aidsnutrition.org, etc.



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