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26/05/2006
Sida : lappel du Pr Pars toutes les mdecines

(MFI) Existe-t-il des traitements valables et pourtant mconnus ? En Afrique et probablement ailleurs dans le monde, des grands matres soignant par les plantes ont mis au point des formulations grce auxquelles des malades ont retrouv la pleine forme. Issue de la mdecine occidentale, le Pr Yvette Pars reprend lappel lanc par Boutros Boutros Ghali aux Nations unies. Le but : unir les savoirs de toutes les mdecines du monde pour lutter beaucoup plus efficacement contre le sida.

Petite, frle en apparence mais mue par une conviction et une foi qui la font avancer depuis de longues annes, le Pr Yvette Pars a expliqu quelques-unes des performances de la mdecine ancestrale africaine lors dune confrence de presse fin avril Paris. Performances mconnues, et quelle tente de faire sortir de lombre, sappuyant sur sa vaste exprience de biologiste, de mdecin, de spcialiste de la lpre, devenue tradipraticienne sans renoncer aux acquis de la science moderne. A lhpital traditionnel de Keur Massar Dakar, quelle a fond et longtemps dirig, de nombreux malades ont t guris de la lpre, la tuberculose, le paludisme, ainsi que dhpatites graves, grce lart et la science de quelques vrais matres en phytothrapie. Un envoy africain du Pr Pars a prsent au Forum des peuples autochtones des Nations unies New York (15-26 mai) les rsultats positifs obtenus Keur Massar sur des malades du sida. Raction de lassistance : surprise et forte envie den savoir plus.
Des patients atteints de sida dclar ont t reus Keur Massar ds 1988. A Paris, le Pr Pars a prsent quatre cas, ceux de trois hommes et une femme. Le premier, g de 32 ans, rapatri sanitaire de ltranger, connut au bout de trois mois de traitement par les plantes une nette amlioration. Il repartit en emportant une large provision de mdicaments. Son tat samliora jusqu retrouver un complet bien-tre. Quatorze ans aprs, il menait toujours une vie active. Cas n 2 : un marin, dj trs prouv par la maladie. Mme volution. A chacune de ses escales Dakar, il se rapprovisionne en mdicaments. Cas n 3 : un militaire de 34 ans avec un ensemble de troubles exacerbs et limpossibilit dassumer les missions dont il tait charg. Il lutta de toutes ses forces et les progrs furent rapides () Six ans plus tard, il fut bless lors dhostilits avec un pays voisin mais, bien que sans traitement durant une longue priode, il ny eut pas de rechute. Cas n 4 : une lve du Pr Pars lUniversit, venue la consulter en 1989. Aprs un combat trs rude, avec des hauts et des bas, on parvint la gurison clinique . En 2002, un contrle immunologique rvla une reconversion la sro-ngativit.

Formules polyvalentes et non toxiques

Il est loin - pour elle - le temps o Yvette Pars croyait la supriorit absolue de la mdecine occidentale sur toutes les autres. Mais elle sait aussi combien il peut tre difficile pour des esprits occidentaux dadmettre que des thrapeutes traditionnels africains, dans les dures conditions de la brousse et avec un matriel simple dusage courant (marmites, mortiers, petits fourneaux) aient pu laborer des traitements capables de sopposer au virus VIH. La culture occidentale qui enseigne la suprmatie du savoir scientifique se trouve donc face une situation inattendue mais qui ne saurait tre nie.
A Keur Massar, diffrentes formulations antisida sont utilises, dont certaines comportent jusqu 16 plantes, combines dans certaines proportions bien prcises. La dmarche des praticiens a t de lutter la fois contre le virus et les symptmes de la maladie, de prvenir les infections opportunistes et la tuberculose, de supprimer les parasitoses, de soutenir lorganisme et le moral. Ainsi, une premire formule sera antivirale, antibiotique, antimycobactrienne et tonique ; une deuxime, antivirale, fbrifuge, anti-arthralgique ; une troisime gurira lhpatite ; une autre encore permettra de lutter contre langoisse et la dpression. La premire caractristique de ces formules est dtre polyvalentes, ce qui permet une plus grande efficacit tout en vitant les rsistances. La seconde est leur absence de toxicit : les traitements peuvent donc tre poursuivis longtemps et appliqus ds la premire consultation. Lorganisme sen trouvera tonifi - et non dlabr comme dans le cas des molcules chimiques administres, de plus, lorsque la maladie est dj avance. Ces patients sngalais ont t traits par trois thrapeutes diffrents qui ont labor chacun leurs propres thrapies, bases sur les mmes principes gnraux, mais avec des plantes diffrentes. Ainsi, note le Pr Pars, il existe probablement dans divers Etats sub-sahariens des traitements labors selon les flores spcifiques de ces pays. Et, si on faisait appel aux savoirs de tous les vrais thrapeutes, de multiples traitements pourraient surgir travers le monde, partout o les mdecines traditionnelles sont demeures vivantes. Certains dentre eux se rvleraient peut-tre totalement gurissants.

Pnurie dantirtroviraux

Et Yvette Pars de rappeler les limites des trithrapies chimiques : elles ne gurissent pas, crent dimportantes rsistances et provoquent des effets secondaires (difformits graisseuses, nvrites...), effets qui peuvent tre mortels : accidents cardio-vasculaires, rnaux, hmatologiques, etc. Elles ncessitent une surveillance mdicale stricte, avec analyses biologiques rgulires, et sont en outre trs coteuses. Le Zimbabwe menac de pnurie danti-rtroviraux par manque de devises, des malades algriens recevant des mdicaments prims et en rupture de traitement, lappel de Mdecins sans frontires au laboratoire amricain Abbott afin quil fournisse une nouvelle version du Kaletra un prix abordable pour les pays pauvres sont des faits rcents illustrant bien le danger quil peut y avoir dpendre indfiniment de produits imports pour des questions vitales. Face cela, le facteur dterminant pour une vritable avance serait que dans chaque pays le chef du gouvernement demande officiellement aux grands matres des mdecines traditionnelles leur concours dans la lutte contre le sida. Il ny aurait pas besoin de discours et de bruit mais dinitiatives pour ouvrir des centres o les thrapeutes de trs haut niveau prpareraient les mdications . Ce serait le meilleur moyen dviter les annonces fantaisistes sur des produits miraculeux et les faux espoirs parmi des malades souvent discrimins et dsesprs. Et aussi loccasion de constater avec plus de rigueur lefficacit de traitements naturels. Et puis que perd-on essayer ? Au bout de trois ou quatre mois, on voit bien dj si cest efficace !
Dans un hpital dAmrique latine, des mdecins ont pu obtenir des gurisons cliniques grce des huiles essentielles en prise interne. Le Dr Jean-Pierre Willem rvle dans son journal Pratiques de sant que les volontaires des Mdecins aux pieds nus ont procd des exprimentations sur le sida, dans plusieurs pays, en recourant aux huiles essentielles immunostimulantes, avec des rsultats exceptionnels . Et il annonce quils viennent de commencer une vaste tude destine traiter les enfants sidens dont les premiers rsultats seront communiqus dans six mois. Sil est une maladie pour laquelle il est urgent de faire appel toutes les vraies connaissances, scientifiques mais aussi cliniques, cest bien le sida. On ne peut pas, conclut Yvette Pars, laisser des millions de personnes souffrir comme elles souffrent.

Henriette Sarraseca


Une question Luc Montagnier

MFI : Avez-vous eu loccasion dapprcier les ventuels effets de synergies de plantes utilises par des tradipraticiens africains ?

Pr Montagnier : En Cte dIvoire, des mdecins traditionnels ont propos des mlanges dextraits de plantes, certains mont contact, mais plusieurs problmes se posent : ils ne veulent pas en donner la composition alors quon ne va pas les exploiter au contraire, sil y a des brevets prendre, cest eux qui les prendront. Dautre part, comment savoir quil ny a pas de variation dun lot de plantes lautre ? Enfin, ils ne peuvent pas passer des essais cliniques contrls par manque de moyens. A cause dune sorte de perversion du systme actuel, seules les grandes compagnies pharmaceutiques disposent de ces moyens. Les produits extraits des plantes, les enzymes ne les intressent pas car ils ne sont pas rentables pour elles. Il y a trs peu dtudes parce quil existe aussi une sorte de mur entre les deux mdecines. Je pense quon nutilise pas assez la rserve exprimentale, empirique de lAfrique. Il faut rester ouverts, il y a aussi des mdicaments locaux et ce domaine-l nest pas exploit. Au total, il y aurait vraiment changer en profondeur ltat desprit des responsables politiques, et aussi des scientifiques, ne plus mettre tout le paquet sur les antirtroviraux.



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