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04/08/2006
Recherche : la mdecine arabe par les plantes en pril

(MFI) Sur les 2600 plantes rpertories au Moyen-Orient, pas moins de 700 ont des proprits reconnues, tandis que 200 250 sont utilises pour traiter diffrentes maladies. Mais ce riche patrimoine et ce savoir sont menacs de mort.

Au Moyen-Orient, les plantes mdicinales se rarfient car leur habitat naturel est de plus en plus rduit et pollu, tandis que le savoir des tradipraticiens, non crit, tend disparatre : telles sont les principales conclusions, trs alarmantes, dune synthse darticles parue dans la dernire livraison de leCAM, publication internationale scientifique consacre aux mdecines alternatives. Le texte souligne en outre le contraste entre le riche pass mdical du monde arabe o lon avait repris en partie le savoir dHippocrate mais aussi dlimit les rles du thrapeute (futur mdecin) et de lherboriste (futur pharmacien) avec la mconnaissance de ce patrimoine par les praticiens actuels.
Pour lheure, 129 plantes sont usage mdical en Palestine et Isral ; en Jordanie, une centaine dherboristes interviews signalent quils en utilisent environ 150. Au total, du Maroc la Syrie en passant par lEgypte, prs de 250 plantes sont utilises en mdecine traditionnelle, le plus souvent sous forme dinfusion ou de dcoction ; parmi elles, 62 % appartiennent des espces courantes, 12,7 % sont dun usage occasionnel et 13 % des espces rares. Les enquteurs soulignent que cet usage important est en train de provoquer la disparition des espces rares et moins rares, et mme dune partie des plantes courantes. Ici comme ailleurs dans le monde, il est donc urgent de prendre des mesures destines leur prservation et renouvellement.

Plusieurs solutions pour le diabte

Les proprits thrapeutiques des plantes ne sont plus dmontrer, et la recherche scientifique le sait bien qui est en train de passer au crible toutes les plantes de la mdecine ayurvdique ou chinoise, entre autres, pour en tirer des principes actifs ce qui nest pas toujours la meilleure faon de les utiliser. Au Moyen-Orient, on a des plantes pour traiter le diabte, les troubles circulatoires ou nerveux, les maladies de peau ou lherps, entre autres. Exemple : la germandre (Teucrium polium) est traditionnellement conseille en tant quanti-diabtique, anti-inflammatoire, anti-ulcre, ainsi que pour la tension et les maladies du foie ; or des tudes scientifiques ont montr quun extrait pouvait permettre la fois de faire baisser de 64 % le taux de sucre dans le sang, et daugmenter de 135 % la scrtion dinsuline. Dix-sept autres plantes sont bnfiques aussi en cas de diabte. Pour les maladies du foie, on emploie le lentisque pistachier (trs efficace en cas dintoxication) et, surtout, le chardon marie (Silybum marianum) dont les puissants effets ont t confirms par la recherche. Une vingtaine de plantes sont listes pour leurs effets sur diffrentes maladies de peau, que ce soit sous forme de dcoction, dempltre ou de macration huileuse. Parmi les espces rares menaces de disparition, on trouve plusieurs antiparasitaires, deux hpatiques, une antidiarrhique.

De moins en moins comptents ?

Autre constatation des scientifiques des universits dHafa et de Palestine signataires de larticle : les tradipraticiens arabes sont de moins en moins nombreux et leur savoir, transmis de gnration en gnration, trs variable. Si la concurrence entre eux peut tre rude, ils communiquent peu avec leurs confrres, et sont rticents constituer des syndicats ainsi qu collaborer avec des mdecins. Ils ne collectent plus les plantes eux-mmes mais les achtent des boutiquiers. Les plus jeunes paraissent moins comptents que les ans et ils ont tendance inclure dans leur pratique des mthodes de gurison qualifies de magiques ou mystiques , ce qui, daprs les auteurs, indique une baisse des comptences en matire de phytothrapie.
En conclusion, les dix prochaines annes seront cruciales : dans les zones les plus sches, nombre de plantes prcieuses vont disparatre si elles ne sont pas prserves, de mme que le savoir et le savoir-faire traditionnels.

Pour en savoir plus : consultez le texte deCAM qui contient en notes de nombreux autres articles de rfrence (http://ecam.oxfordjournals.org/cgi/content/abstract/3/2/229)

Henriette Sarraseca


Dr Chevallier : indispensables plantes !

(MFI) Mdecin nutritionniste, le Dr Laurent Chevallier est aussi botaniste. Il partage avec nous un peu de son savoir dans son rcent livre Vive les plantes, paru chez Fayard. Mdecine du pass, les plantes ? Bien au contraire ! Nous sommes laube dune nouvelle approche de la mdecine par les plantes, crit-il, qui se situe la jonction du savoir traditionnel (ethnobotanique) et de lanalyse chimique (phytochimie). Un exemple : parmi les mdicaments qui seront bientt disponibles figure le Javlor, un anticancreux issu de la pervenche de Madagascar. On le voit, il est encore possible aujourdhui de trouver dans les plantes de nouvelles molcules capables de nous soigner.
Mais le Dr Chevallier souligne aussi que les mcanismes daction des plantes tant complexes, ce nest gnralement pas un principe actif isol qui est efficace contre telle maladie ou tel symptme, mais bien une synergie de principes . Dans la plupart des cas donc, la meilleure utilisation des plantes est sous forme dinfusion ou de dcoction, et les mdecines traditionnelles sont donc dans le vrai.
Ce guide peut tre dautant plus prcieux que, plutt que dnumrer les plantes par ordre alphabtique, lauteur a choisi de prsenter celles qui rpondent diffrents problmes de sant (sous forme de tisanes, dextraits secs ou dhuiles essentielles) : tonus, sommeil, stress, affections fminines, affections masculines, troubles digestifs ou articulaires, cholestrol, hypertension, etc. Sa conclusion : alors que la recherche scientifique peine trouver de nouvelles molcules efficaces contre les maladies, au 21e sicle la phytothrapie viendra probablement au secours de lallopatie .

Dr Laurent Chevallier : Vive les plantes (Ed. Fayard, 384 p., 20 euros)

H. S.

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