| |||
24/11/2006 | |||
Afrique sub-saharienne : qui se soucie des diabtiques ? | |||
(MFI) Manque de personnel mdical qualifi, manque dinsuline, manque dargent, manque de politique de prvention Au sud du Sahara, beaucoup de malades atteints de diabte 2 souffrent de graves complications, tandis que les enfants frapps par le diabte 1 ont une trs courte esprance de vie. Cest ce que montre une tude scientifique parue ce mois-ci dans la revue Lancet. | |||
Trois quarts de sicle aprs sa dcouverte, linsuline, indispensable en cas de diabte 1, est souvent inaccessible dans le Tiers Monde. Dans une douzaine de pays dAfrique sub-saharienne, sur vingt-cinq ayant fait lobjet denqutes, elle est souvent en rupture de stock dans les grands hpitaux, et pratiquement introuvable en zone rurale. La dure de vie dun enfant atteint de diabte 1, chez qui un diagnostic a pu tre pos, est de un an en moyenne. Selon le pays, son esprance de vie connatra quelques variantes : elle sera de huit ans Bamako, de 7 mois dans la campagne mozambicaine. On estime toutefois quil y a cinq fois moins de diabtiques 1 en Afrique quen Amrique du Nord par exemple : un peu plus de 35 000 personnes seraient atteintes. En revanche, le diabte 2 est en augmentation comme partout ailleurs : plus de 7 millions de malades aujourdhui, 18,6 millions au minimum en 2030. Ltude du Lancet, parue dans le numro de novembre 2006, insiste sur le problme crucial du prix de linsuline : certains fabricants la proposent en version gnrique, mais lOMS na pas encore instaur un systme de pr-qualification pour en garantir la qualit. Consquence : lorsquun malade arrive sen procurer dans le secteur priv, elle peut engloutir la moiti de ses revenus mensuels. Pour le Mali, ce pourcentage a t estim 70 % ! Et les prix sont la hausse. Afin que leur image ne soit pas trop ternie, certains grands laboratoires ont lanc des oprations spciales permettant de fournir de linsuline des hpitaux dune cinquantaine de pays pauvres, mais, si les prix sont ainsi rendus plus abordables, cela ne permet pas dassurer lindispensable approvisionnement rgulier du mdicament. La Fdration internationale du diabte tudie la possibilit de mettre en place des partenariats entre les associations de diabtiques de pays riches qui voudraient aider celles des pays pauvres : Royaume-Uni et Mozambique, Norvge et Zambie. La Tanzanie a russi Un pays sub-saharien est toutefois cit en exemple : la Tanzanie, qui a russi crer un rseau de cliniques spcialises sur tout le territoire, de mme quun programme cohrent de formation de personnel mdical et dducation de la population. Certaines ONG comme Sant Diabte Mali ont contribu avec efficacit informer sur la maladie. Au Mozambique, linverse, seuls 18 % des tablissements de soins sont quips pour mesurer le taux de glucose dans le sang, et 8 % seulement du test urinaire permettant de dceler une acidoctose pouvant tre fatale. Ici comme ailleurs, on manque de personnel mdical form suivre une maladie de longue dure, duquer les patients aux soins ncessaires, intgrer des tradipraticiens dans la prise en charge, et promouvoir la prvention du diabte 2 qui est une maladie le plus souvent vitable. Rappelons que le mode alimentaire reste dterminant dans tous les cas, et que sils adoptent la malbouffe loccidentale, mme les patients atteints de diabte 1 aggravent considrablement leur cas , ainsi que laffirme le Dr Stuart Weiss, professeur la Facult de mdecine de New York. Par ailleurs, plusieurs tudes ont montr quune supplmentation en vitamine D, que ce soit chez la femme enceinte ou chez les enfants ns dans les familles risque, rduit les risques de dvelopper un diabte 1. Ltude du Lancet conclut quen Afrique, les maladies non infectieuses sont devenues, elles aussi, une priorit. Et rappelle que si, dans le monde, on value 3,1 millions par an les morts causes par le sida, les victimes du diabte sont dj 3,2 millions. | |||
Henriette Sarraseca | |||
|