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08/12/2006 | |||
Sida : comment vivent les malades sous mdicaments | |||
(MFI) Dix ans aprs lintroduction de la multithrapie dans le traitement du sida, peut-on dire que les personnes atteintes subissent une maladie chronique comme une autre ? Alors que lpidmie continue de progresser, comment proposer la meilleure rponse possible aux riches comme aux pauvres ? | |||
Le sida cause moins de dcs, tandis que de nouvelles complications graves apparaissent : tel pourrait tre en bref le bilan des dix dernires annes. Les chercheurs constatent que le nombre de morts causes par le sida est dix fois moindre, mais que les dcs dont la cause nest pas lie au sida augmentent : ils sont dus, prs dune fois sur deux, des maladies intestinales, des atteintes du foie, des lsions rnales, des cancers (non lis au sida), des infections bactriennes du sang. Daprs une tude portant sur prs de 7 000 malades dans plusieurs villes nord-amricaines, lge moyen de dcs des personnes sous thrapie a recul dune dizaine dannes sauf pour trois catgories de la population : les Afro-Amricains, les personnes nayant pas dassurance sant prive et les usagers de drogues injectes. Sil rend la charge virale indtectable chez 80 % des patients et permet une certaine restauration, plus lente, des dfenses immunitaires, le traitement ne gurit toujours pas la maladie, et le virus peut acqurir de la rsistance aux mdicaments. On voit dsormais des transmissions de virus rsistants chez des gens nouvellement infects, note le Pr Jean-Franois Delfraissy, directeur de lAgence nationale de recherche sur le sida et les hpatites (ARNS). Et 25 % des patients sont en chec face nos traitements. Les scientifiques constatent que, outre les effets indsirables court terme, les traitements ont des consquences long terme, dont les mcanismes sont en cours dlucidation. Une partie de la recherche actuelle vise trouver des molcules qui pourraient contrer ces effets long terme. Recherche chinoise Avec laugmentation des cas en Chine, la recherche chinoise est devenue extrmement active, et des tudes de suivi effectues Hong Kong montrent que, dans des cas de sida avanc, la survie moyenne sous traitement a doubl, passant de 3 6 ans. Mme constatation au Brsil. En Afrique, les tudes de suivi sont encore trop rares. Des articles sur deux dentre elles figurent dans le numro de novembre du journal spcialis Aids. La premire, ralise Abidjan, conclut une rponse satisfaisante du systme immunitaire des enfants au traitement propos. La seconde, effectue au Malawi, montre que chez des adultes sous antirtroviraux (ARV), le risque de dcs est multipli par six lorsque le malade souffre de malnutrition svre. Ceci met encore une fois en vidence, ainsi que cela avait t soulign au moment du sommet de Toronto en aot dernier, quune nutrition hautement vitalisante, telle que conseille entre autres par lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), doit faire partie intgrante de la rponse au sida et cela quel que soit le stade. Hpatites, virus et alcool La complexit du traitement est accrue lorsque le malade souffre aussi de tuberculose multirsistante, ainsi que dhpatite B ou, plus souvent, dhpatite C. Lassociation sida avanc-tuberculose rsistante laisse peu despoir de gurison, et elle est un casse-tte pour les mdecins traitants : les ARV augmentent en un premier temps la virulence de la tuberculose, et les deux traitements sont trs toxiques pour le foie. Une tude de quatre annes est en cours Bamako, sous lgide de lInstitut national de la sant amricain (NIH), dans le but de mieux comprendre les interactions entre les deux maladies et den tirer des donnes pour toute lAfrique. Pour ce qui est de lhpatite C, les mdecins constatent un besoin urgent de traitements plus efficaces, non toxiques et nentranant pas de rsistances. Ils incitent aussi les malades, bien sr, rduire ou supprimer une consommation dalcool qui est encore trop courante parmi eux. Pour une partie des malades, cependant, le gros souci est dattnuer les effets pnibles ou dangereux du traitement, et la dprime ou le dsarroi aggravent souvent la souffrance dans une maladie o, comme le dit une patiente, le plus important est de garder le moral haut . Parmi les consquences possibles long terme, les chercheurs ont recens et sintressent la lipodystrophie (formation dune ceinture graisseuse et amaigrissement du visage et des jambes), le diabte 2, les atteintes nerveuses priphriques (trs douloureuses), la pancratite (qui peut tre mortelle), les insuffisances rnales, la toxicit hpatique, lostoporose et la destruction des os, les maladies cardiovasculaires, les anomalies des hormones thyrodiennesY a-t-il un facteur commun tous ces troubles ? Pour certains chercheurs, ils peuvent tre causs en partie par laction des ARV sur les mitochondries. Les antirtroviraux perturbent en effet le travail de ces minuscules et indispensables centrales charges de produire lnergie dans chaque cellule du corps, quel que soit lorgane, la glande ou le systme. Do, en premier lieu, la fatigue ressentie. Impact psychologique En plus de la mise au point dantirtroviraux de la deuxime gnration , une partie de la recherche des annes venir se concentrera sur de nouveaux mdicaments susceptibles de contrer les effets toxiques des molcules actuelles On ne peut donc pas dire que le sida devient une maladie chronique comme une autre , avec un traitement presque anodin que lon suivrait tranquillement vie ; dautant que limpact psychologique et social de la maladie, d encore la peur associe et la discrimination, reste lourd. Une partie des chercheurs sintressent une stratgie plus globale qui proposerait des molcules naturelles ayant dmontr leur utilit lors de diffrentes tudes in vivo : vitamines du groupe B, vitamines A et C, Carnitine, antioxydants comme le glutathion, etc. Des tudes ont montr, par exemple, quune grave carence en zinc augmente le risque de mourir du sida on sait que le zinc est ncessaire au systme immunitaire pour aider les cellules T, dont les CD4 et les CD8, combattre les infections et les tumeurs. Une autre tude, mene sur quatre ans en Core du Sud, a montr que ladjonction de ginseng rouge lAZT diminue les rsistances et augmente le taux de CD4. Pour ce qui est des plantes, le chardon marie et le desmodium ascendens (plante africaine, bien connue des tradipraticiens et utilise en cas dhpatite) protgent le foie des atteintes toxiques : elles sont utilises par une partie des malades, et des tudes pourraient tre lances sur leurs interactions avec les trithrapies. A lre o, en Amrique du Nord notamment, on parle de plus en plus de mdecine intgre , on peroit lintrt thrapeutique dune rponse plus globale la maladie : suivi mdical et analyses sanguines rgulires, nutrition vitalisante, complments vitaminiques et minraux, plantes, psychologie afin dapprendre grer la peur et les stress, etc. Mais, alors quon accde peine un peu partout aux mdicaments, quels gouvernements du Nord et du Sud, quels organismes ou fondations militeront pour que lensemble des malades y aient partout accs ? Henriette Sarraseca Pour en savoir plus, en franais : www.anrs.fr ; www.catie.ca ; www.papamamanbebe.net ; www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx ?doc=sida_pm ; En anglais : www.nlm.nih.gov/medlineplus/aids ; www.aidsonline.com | |||
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