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22/12/2006 | |||
Cancer du col : Deux vaccins contre des Papillomavirus | |||
(MFI) Encore rpandu dans le Tiers Monde, le cancer du col de lutrus est peu frquent dans les pays dvelopps, o des dpistages efficaces ont t mis en place depuis les annes cinquante. Deux vaccins, dont lun est dj disponible, ont t conus pour protger les trs jeunes femmes contre certaines infections causes par des papillomavirus (HPV). Des infections qui, si elles persistent, peuvent favoriser le cancer du col. | |||
Le vaccin anti-papillomavirus sera autoris au Maghreb dbut 2007. Il lest dj aux Etats-Unis et dans plusieurs autres pays (Australie, Canada, Nouvelle-Zlande, Brsil, Mexique). Son autorisation de mise sur le march par lUnion europenne le 22 septembre 2006 a ouvert la voie sa commercialisation en Europe. Ces autorisations concernent le Gardasil de Sanofi-Pasteur-Merck, qui cible quatre types de papillomavirus humains : les 6, 11, 16 et 18. Ces quatre types font partie des quelque 120 papillomavirus aujourdhui identifis, dont un tiers sont transmissibles sexuellement. Les scientifiques les ont classs en deux catgories, selon quils soient bas ou haut risque . Les 6 et 11 peuvent causer des verrues gnitales (non cancreuses). Parmi les papillomavirus haut risque figurent les 16 et 18 tout comme les 31 et 45, que cible le vaccin concurrent de Sanofi, le Cervarix, produit par la firme Glaxo et non encore commercialis. Ces types de virus seraient responsables, selon lInstitut national du cancer des Etats-Unis, de 70 % des cancers du col. Les scientifiques, qui poursuivent paralllement linvestigation de lensemble des facteurs et co-facteurs favorisant ce cancer, soulignent aussi que la plupart des infections lies des papillomavirus et dites haut risque disparaissent spontanment au bout de quelques mois. Seuls quelques cas volueront vers des anomalies cellulaires, puis, ventuellement, vers un cancer. Facteurs de cancrisation Quels sont les autres facteurs de risque du cancer du col de lutrus ? Les chercheurs ont retenu, depuis longtemps, la cigarette. De mme que la multiparit (le fait davoir de nombreux enfants), ainsi que les relations sexuelles non protges et nombreuses mais ce dernier point est discut. Un coresponsable a t identifi : la bactrie Chlamydiae, associe des infections sexuelles trs courantes (et, si non traites, pouvant provoquer des salpingites et la strilit). Des chercheurs finlandais ont confirm quun lien existe entre Chlamydiae et cancer du col. Lusage prolong de la pilule anticonceptionnelle (plus de dix annes) est galement retenu comme augmentant le risque. Peut-tre, en partie, parce que les femmes sous pilule ont tendance oublier lexistence du prservatif et des MST (maladies sexuellement transmissibles). Normalement, ces femmes doivent tre suivies par un gyncologue. Le suivi gyncologique reste, en effet, primordial pour le cancer du col : le frottis (prlvement de scrtions vaginales) effectu tous les trois ans, suivi de tests permettant de dtecter lventuelle dgradation de la muqueuse utrine. Dans ce cas, des traitements existent pour amliorer son tat. Si le stade est plus avanc, on utilise la cryothrapie (technique par le froid) qui permet dliminer les lsions. Si cest plus grave encore, le chirurgien effectuera une conisation, cest--dire quil enlvera une petite partie du col, ce qui la plupart du temps devrait permettre dviter les traitements ultimes : hystrectomie, rayons, chimiothrapie. Maintenir le dpistage rgulier Ces vaccins, sils sont conus pour diminuer fortement les risques, ne remplaceront pas le suivi en sant et les tests de dpistage de routine ni lusage du prservatif. Dautant quils ne protgent pas contre tous les types de virus, ni contre des infections dj existantes dues aux papillomavirus, ni contre les Chlamydiae ou autres co-facteurs dun cancer qui se dveloppe sur des annes, voire des dizaines dannes. Quelle serait la dure de cette protection partielle (pour le moment, on annonce 4 5 ans)? Le vaccin entranera-t-il la longue des rsistances aux virus ? Devrait-il tre largement recommand aux pr-adolescentes ou pas ? Outre le fait que le premier vaccin disponible en pharmacie est trs cher (150 euros la dose, et il en faut trois), diverses inconnues persistent, note-t-on au ministre franais de la Sant. Compte tenu des incertitudes de toute nouvelle vaccination de masse, il sera indispensable de mettre en place des outils de mesure de limpact de ce vaccin sur la sant de la population, tant en ce qui concerne la pharmacovigilance que le suivi de lcologie virale et lapparition des lsions de haut grade . Le vaccin nest pas recommand en cas de grossesse. De plus, on sait que si la femme a dj t en contact avec ces virus, son efficacit sera moindre. De mme, elle diminuera avec lge (alors que cest aprs 40 ans que surviennent les cancers les plus invasifs), et aussi dans tous les cas dimmunodficience ou de prise de mdicaments qui font baisser limmunit (cortisone ou autres). Stratgie multiple Cest dans le Tiers Monde que la situation reste grave : selon lOrganisation mondiale de la sant, les cancers du col de lutrus font 250 000 morts par an dans le monde. Plus de 500 000 nouveaux cas sont enregistrs chaque anne, dont 80 % dans les pays en dveloppement. Les femmes tant peu suivies, et le cancer ayant peu de symptmes pendant longtemps, beaucoup de cas sont irrversibles. Cest ici o un vaccin peut bien sr paratre le plus utile, mais ici aussi que les situations dimmunodficience sont le plus nombreuses. Des tudes ont par ailleurs montr que chez des femmes sropositives au VIH peuvent cohabiter une large gamme de papillomavirus, dont beaucoup ne sont pas contenus dans les vaccins. La recherche, par ailleurs, continue de dvelopper des outils contre ce cancer : des tests de dpistage encore plus sensibles et rapides, mieux adapts au Tiers Monde ; des crmes capables de traiter localement les lsions pr-cancreuses ; un autre type de vaccin administrer par voie intranasale base de bactries lactiques peu coteux, avec moins deffets secondaires et ne ncessitant pas de personnel qualifi en cours dexprimentation lINRA (Institut national de la recherche agronomique). Mais la mise en place dune ducation la sant, de soins de base et dun suivi gyncologique rgulier des femmes reste partout ncessaire. | |||
Henriette Sarraseca | |||
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